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« Faute de témoins », le procès du dictateur déchu et de ses lieutenants a été ajourné au 28 novembre Saddam Hussein récuse le tribunal et plaide non coupable

Saddam Hussein, se proclamant comme le « président » d’Irak, a défié le tribunal et plaidé non coupable, au premier jour de son procès hier pour le massacre de 143 chiites à Doujaïl en 1982. La prochaine audience de ce premier procès du président déchu, jugé avec sept de ses lieutenants pour ce même crime, a été fixée au 28 novembre par le Tribunal spécial irakien (TSI), alors que l’avocat de Saddam Hussein, Khalil al-Doulaïmi, a demandé un ajournement de trois mois. Le magistrat kurde Rizgar Mohammed Amine, président du tribunal spécial irakien (TSI) créé en 2003 par l’occupant américain pour juger les dignitaires de l’ex-régime baassiste, a indiqué hier que l’ajournement du procès de Saddam Hussein et de ses 7 lieutenants est « principalement » dû à l’absence de dizaines de témoins. « Ils avaient trop peur d’être des témoins publics. Nous allons travailler sur ce sujet pour les prochaines audiences », a déclaré à Reuters le président du TSI, qui siégeait au cœur de la zone verte ultraprotégée de la capitale. Le juge Raad Jouhi, qui a mené à bien l’instruction du procès, a précisé pour sa part que cet ajournement répondait aussi à une requête de la défense, qui assurait n’avoir pas été en mesure en six semaines de prendre connaissance d’un dossier d’accusation ne comptant pas moins de 800 pages. Saddam Hussein, qui a comparu devant le TSI avec sept autres dignitaires de son régime, renversé en avril 2003 par l’armée américaine, a contesté avec vigueur la légitimité du tribunal, mais il a plaidé non coupable du premier chef d’inculpation retenu contre eux. Ses sept coaccusés, dont l’ancien vice-président Taha Yassine Ramadan et un demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Ibrahim al-Hassan, ont aussi affirmé être « innocents ». Les huit hommes doivent répondre du massacre, en 1982, de 143 chiites du village de Doujaïl, 60 km au nord de Bagdad, en représailles d’une tentative d’assassinat de l’ancien président, capturé il y a près de deux ans par les forces américaines dans une cachette souterraine de son fief de la région de Tikrit. L’accusation tentera de prouver lors de la reprise du procès que Saddam Hussein a lui-même ordonné à ses hommes de main de traquer, torturer et tuer les hommes du village non seulement le jour de cette tentative d’assassinat, mais dans les années qui ont suivi. Le principal accusé a refusé de décliner son identité comme l’y invitait avec insistance le président Amine, dont l’identité n’a été révélée – par les autorités américaines – que quelques instants avant l’ouverture du procès : « Vous me connaissez. Vous êtes un Irakien et vous savez qui je suis. » « Vous êtes Saddam Hussein al-Madjid, ancien président de l’Irak », a alors tranché Amine, aussitôt interrompu par Saddam Hussein qui a rectifié : « Je n’ai pas dit ancien président. » « Je ne reconnais pas le groupe dont vous tenez l’autorité et qui vous a nommé », a-t-il poursuivi. « L’agression est illégitime et tout ce qui est bâti sur l’illégitimité est illégitime. » En dehors de la défense, plusieurs organisations de protection des droits de l’homme contestent précisément la légitimité d’un tribunal mis sur pied en période d’occupation. Le gouvernement irakien a pour sa part affirmé hier qu’il n’intervenait en aucune façon dans le procès de Saddam Hussein à Bagdad. « Les prestations de l’avocat et du procureur général sont un sujet de fierté et montrent que l’Irak est train de devenir un État de droit », a assuré à la presse le porte-parole du gouvernement Leith Koubba. « Une farce », selon la fille du président déchu S’ils sont reconnus coupables du seul massacre de Doujaïl, Saddam Hussein et ses coaccusés risquent d’être pendus dans le mois suivant l’épuisement de tous leurs recours judiciaires, sans que ne soient évoqués d’autres massacres plus importants commis durant leurs années de pouvoir. À Amman, où elle coordonne la défense de son père, Raghad Hussein, fille aînée de Saddam Hussein, a qualifié son procès de « farce » après avoir suivi à la télévision la première audience. À Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a accueilli hier favorablement l’ouverture du procès de l’ancien dictateur irakien mais a affirmé que d’autres charges devaient être retenues contre lui. Pour sa part, la France a souhaité hier que « toute la vérité soit faite sur les crimes » de Saddam Hussein. Quant au président américain George W. Bush, il « a été tenu informé » hier du déroulement et de l’ajournement des débats du procès du président irakien déchu, et s’attend à un procès juste, respectant « les critères de base de la justice internationale », a indiqué la Maison-Blanche.

Saddam Hussein, se proclamant comme le « président » d’Irak, a défié le tribunal et plaidé non coupable, au premier jour de son procès hier pour le massacre de 143 chiites à Doujaïl en 1982. La prochaine audience de ce premier procès du président déchu, jugé avec sept de ses lieutenants pour ce même crime, a été fixée au 28 novembre par le Tribunal spécial irakien (TSI),...