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ÉGYPTE - Prédication religieuse et propagande politique Les Frères musulmans entrent en campagne électorale en plein ramadan

Les Frères musulmans se sont lancés dans la bataille des législatives égyptiennes, qui commencent le 9 novembre, conjuguant prédication religieuse et propagande politique à la faveur du ramadan. Officiellement interdite, mais tolérée, la confrérie islamiste a créé l’événement la semaine dernière en invitant 2 000 convives de marque dans un luxueux hôtel du Caire à participer à un iftar, le dîner de rupture de jeûne. C’est par un acte de foi politique que le guide spirituel des Frères musulmans, Mehdi Akef, 76 ans, costume et barbe fine, a tracé le chemin pour les législatives auxquelles ils présentent 150 candidats. Il s’est présenté comme un opposant déterminé « au régime despotique » du président Hosni Moubarak, qui, selon lui, a « perverti l’Égypte dans tous les domaines », appelant les 32 millions d’électeurs à se rendre aux urnes. Longtemps pourchassés, souvent emprisonnés, les Frères musulmans ont tissé à travers le pays des réseaux de solidarité, ouvrant dispensaires et centres sociaux, distribuant des aides. Ils se sont ainsi assurés de vastes bases sociales dans les grandes villes comme au Caire ou Alexandrie et ont contribué à la très forte islamisation de la société égyptienne depuis vingt ans. Sans avoir le droit de se constituer en parti, une de leurs principales revendications, ils participent aux élections générales depuis 1984, jouant plus le compromis que la confrontation avec le pouvoir. Un des dirigeants les plus charismatiques des Frères musulmans, Essam al-Eryane, a été libéré dimanche de prison après plus de cinq mois de détention préventive sous l’accusation « d’appartenir à une organisation interdite ». Ils avaient obtenu en 2000, sous l’étiquette d’indépendants, 17 sièges sur 444 à l’Assemblée du peuple, devenant la plus importante force d’opposition parlementaire. « Nous sommes la principale force politique et sociale en Égypte », a affirmé Mohammed Habib, numéro deux de la confrérie. Et il a affirmé que les Frères entendaient le prouver dans les urnes, visant 70 sièges. Le slogan historique des Frères résume tout leur programme : « L’islam est la solution. » Créée en 1928, la confrérie a essaimé un peu partout dans le monde arabe, ainsi qu’au sein des communautés musulmanes d’Europe. Mehdi Akef s’est prononcé avec vigueur contre « l’héritage du pouvoir », une allusion transparente au projet attribué au président Moubarak, 77 ans, de préparer sa succession en passant le relais à son fils cadet Gamal. Pour la première fois, un représentant du Parti national démocrate (PND) au pouvoir, le président de l’Université d’Alexandrie Mohammed Abdallah, participait à l’iftar annuel des Frères. Outre des représentants des syndicats, où les Frères musulmans sont très présents, dominant ceux des médecins et des avocats, des personnalités de l’opposition étaient invitées, dont le coordinateur du Front national uni pour le changement (FNUC), l’ancien ministre Aziz Sedqi. La participation des Frères à ce front, qui regroupe la plupart des partis et des mouvements d’opposition égyptiens, est toute rhétorique. Les Frères, jouant comme à leur habitude sur plusieurs tableaux à la fois, présenteront leurs propres candidats, parfois contre ceux du Front. Le mois du ramadan semble une bénédiction politique pour les Frères : « Ramadan est le mois de la victoire », proclame un de leurs slogans qui figure sur leur site Internet récemment réouvert. Calendriers de jeûne offerts aux électeurs, messages téléphoniques mêlant vœux de ramadan et recommandations de votes, conférences, assemblées de Ramadan, leur activité est incessante depuis deux semaines. « Les Frères gagnent toujours de nouveaux membres lors du mois de ramadan », rapporte un membre de la confrérie. Cette fois-ci, ils espèrent gagner aussi des électeurs.

Les Frères musulmans se sont lancés dans la bataille des législatives égyptiennes, qui commencent le 9 novembre, conjuguant prédication religieuse et propagande politique à la faveur du ramadan. Officiellement interdite, mais tolérée, la confrérie islamiste a créé l’événement la semaine dernière en invitant 2 000 convives de marque dans un luxueux hôtel du Caire à participer...