L’annonce des résultats du référendum constitutionnel se fait attendre Les autorités irakiennes écartent les accusations de fraude

Les autorités irakiennes, qui vérifient les résultats du référendum constitutionnel dans certaines régions du pays, ont écarté hier les accusations de fraude, précisant qu’elles prendraient le temps nécessaire avant de publier le décompte final. Lundi, la commission électorale irakienne avait déclaré qu’elle respecterait les normes internationales en examinant les résultats « extraordinairement élevés » constatés dans certaines provinces pour ou contre le texte constitutionnel. Selon Farid Ayar, membre de la commission, il n’est toutefois pas étonnant que les résultats confirment l’hypothèse d’une ligne de partage confessionnelle, marquée par une nette victoire du oui dans les provinces chiites du Sud et un rejet massif dans le cœur sunnite du centre et de l’Ouest. « Ce n’est pas surprenant d’avoir 95 % (de oui), par exemple, à Najaf (...) mais nous devons faire des vérifications », dit-il. Les résultats partiels indiquent une nette victoire du oui, malgré la forte opposition de la minorité sunnite, qui redoute que l’État fédéral prévu par la Constitution ne fasse éclater l’unité du pays, tout en favorisant les régions chiites et kurdes riches en pétrole. Le texte serait rejeté si le non l’emportait avec une majorité des deux tiers dans au moins trois des 18 provinces du pays, un cas de figure de moins en moins vraisemblable. Irrégularités Des responsables électoraux ont déclaré que les résultats définitifs ne seraient pas publiés avant plusieurs jours, mais en privé, ils affirment que la Constitution sera probablement adoptée. Des organisations non gouvernementales irakiennes ont fait état d’irrégularités dans plusieurs bureaux de vote en territoires sunnite, chiite ou kurde, sans que cela ne soit en mesure d’affecter le résultat final. Dans la province de Ninive, les sunnites accusent les Kurdes d’avoir bourré les urnes pour garantir la victoire du oui, des allégations rejetées par ces derniers. Des observateurs ont également souligné des irrégularités à Bagdad, où la mixité ethnique et religieuse rend le résultat imprévisible. La commission électorale a déclaré dans un communiqué qu’elle examinait toutes les irrégularités présumées et qu’elle ne se précipiterait pas pour publier le résultat final. L’ambassadeur américain James Jeffrey, coordinateur pour l’Irak au département d’État, s’est pour sa part félicité hier du bon déroulement du référendum qui, selon lui, a donné lieu à moins d’irrégularités et à une plus grande participation que durant les élections de la fin janvier. « Nous voyons cela comme un jour historique, un grand jour pour la démocratie et une très mauvaise journée pour les terroristes », a déclaré M. Jeffrey en estimant que « plus d’un million d’électeurs supplémentaires » ont pris part à la consultation par rapport aux élections de janvier. Aux Nations unies, le secrétaire général Kofi Annan a prédit que l’adoption de la nouvelle Constitution ne suffirait pas à mettre un terme à la violence et n’a pas exclu qu’elle conduise à un éclatement du pays. « Nous avions espéré voir le processus constitutionnel se transformer en exercice d’intégration complète, susceptible de rassembler tous les Irakiens et de contribuer à la réconciliation. De toute évidence, cela n’a pas eu lieu », a-t-il estimé devant la presse. Premier attentat depuis le référendum À Bagdad, un attentat à la voiture piégée a blessé trois civils. Trois Irakiens, dont un conseiller du ministère de l’Industrie, ont été tués dans diverses attaques dans la capitale et au Nord. L’armée américaine a pour sa part annoncé la mort de deux marines lundi lors d’opérations militaires à l’ouest de Bagdad, près de la frontière jordanienne.