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Actualités - REPORTAGE

Le BCCN, artisan des manifestations de masse vers le « Palais du peuple »

Après avoir porté les armes des années durant pour contrer l’activité armée palestinienne, notamment au début des années 70, le Tanzim, créé officiellement en 1969 suite à l’accord du Caire, a déposé ses armes vers la fin des années 80, optant pour une résistance civile. Et c’est plus précisément le 14 mars 1989, avec la déclaration de la guerre de libération par le général Michel Aoun, alors Premier ministre, que ce mouvement de résistance civile s’est concrétisé avec la création de « La génération de l’unité et de la libération », et dans une étape ultérieure du Bureau central de coordination nationale (BCCN). « Lorsque le général Aoun a annoncé la guerre de libération, nous avons entamé notre action de soutien au gouvernement et à l’armée libanaise, raconte Fadel Tayyar, ancien militant du Tanzim, de « La génération de l’unité et de la libération » et du BCCN. Le coup d’envoi de la libération a été donné le 14 mars 1989. La révolution du Cèdre du 14 mars 2005 a été l’étincelle qui a abouti à la libération du pays. » « Le BCCN n’était pas uniquement formé du Tanzim, poursuit Fadel Tayyar. Il avait pour objectif de réunir tous les organismes de la société libanaise qui ne pouvaient pas faire entendre leur voix s’ils demeuraient séparés. Je faisais partie du BCCN et je travaillais dans le cadre d’un groupe baptisé “Les jeunes du monde libre”. Nous menions une action civile qui avait pour but de rapprocher la population de l’État. » Ainsi, les membres de « La génération de l’unité et de la libération » ont publié quatre numéros d’un journal intitulé Libération. Le cinquième numéro n’a pas vu le jour. Il a été remplacé par une promesse du groupe de poursuivre l’action de résistance. Un engagement tenu durant plusieurs années. Le 16 décembre 1989, une campagne de signature du drapeau libanais a été organisée dans plusieurs régions. De même, des tracts portant la signature de « La génération de l’unité et de la libération » ont été distribués par milliers. C’est le BCCN qui devait organiser dans ce cadre les fameuses manifestations de masse vers le « Palais du peuple » où était retranché le général Aoun. En tant que BCCN, le groupe « La jeunesse du monde libre » a publié un journal et a « mené une campagne intitulée “Lebanongate” ». « Le but n’était pas d’attaquer les États-Unis, remarque Fadel Tayyar. Nous voulions faire entendre notre voix et dire au monde que le peuple libanais, qui croit aux mêmes principes instaurés par les US, subissait une injustice. Nous chérissions les mêmes principes que le général Aoun, bien que nous étions un organisme indépendant. » La lutte s’est poursuivie après le 13 octobre 1990. Fadel Tayyar a vu sa maison envahie par les Syriens qui n’ont pas hésité à emporter tout ce qu’ils avaient sous la main : armes, quelques bijoux, argent liquide. « Je les ai sommés de rendre l’argent et les bijoux, se souvient-il. C’est ce qui a été fait. L’officier en charge a voulu mener une discussion, mais je lui ai fait comprendre que je suis “aouniste” et qu’il ne pouvait rien. Au terme d’un long entretien, il est sorti en s’excusant et en me souhaitant “de revivre une période aussi belle que celle du temps du général”. » Fadel Tayyar et son groupe sont allés plus loin. Ils ont traduit l’ouvrage de Daniel Rondeau Chronique du Liban rebelle en langue arabe et l’ont imprimé en 10 000 exemplaires. Des sceaux à l’effigie du général Aoun ont été faits, ainsi que des livres en or, en argent et en bronze frappés du portrait du général Aoun et du drapeau libanais de même que les mots « liberté », « souveraineté » et « indépendance ». Les tracts continuaient à être distribués ainsi que des photos du général Aoun avec le slogan « Notre nouveau printemps »… Un militantisme qui a coûté à Fadel Tayyar cinq jours d’emprisonnement et de torture, un jour de détention à son épouse, ses sœurs et plusieurs membres de sa famille, et l’abandon de sa maison pour plusieurs années. À l’occasion de la commémoration du 13 octobre, Fadel Tayyar a signalé que les « membres fondateurs du BCCN se rendront chez le général Aoun pour annoncer la dissolution du bureau, et se mettre à la disposition du général et de son parti ». Quant à Fadel Tayyar, il chérissait plusieurs projets. Mais il voulait surtout déterrer les quelque 2 000 exemplaires restants de l’ouvrage traduit de Daniel Rondeau, enfouis sous une cage d’ascenseur, pour les distribuer. Nada MERHI

Après avoir porté les armes des années durant pour contrer l’activité armée palestinienne, notamment au début des années 70, le Tanzim, créé officiellement en 1969 suite à l’accord du Caire, a déposé ses armes vers la fin des années 80, optant pour une résistance civile. Et c’est plus précisément le 14 mars 1989, avec la déclaration de la guerre de libération par le...