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Actualités - REPORTAGE

Tony Orian : le parcours d’un combattant

Il est connu pour le nombre de fois qu’il a passées en prison après avoir participé à des mouvements antisyriens de protestation et, surtout, pour la grève de la faim qu’il avait entamée, à Roumieh, après les arrestations du 7 août 2001. Tony Orian, 29 ans, est le prototype du militant entier dans sa foi et son engagement. Un jusqu’auboutiste qui n’avait que 16 ans quand il avait été jeté la première fois en prison, parce qu’il distribuait des tracts antisyriens. L’opération du 13 août 1990 l’avait dévasté. Il n’avait que 14 ans. « Un rêve brisé, une énorme défaite, le sentiment d’être tombé dans un abîme », nous dira-t-il. Les premiers balbutiements de la « résistance aouniste » l’ont dopé. « J’ai réalisé que je devais entreprendre une action quelconque. Avant, j’attendais que les choses arrivent d’elles-mêmes. Je commençais à voir les slogans des MUR sur les murs et à découvrir dans les rues des tracts porteurs d’espoir. J’ai senti qu’une situation nouvelle se créait et j’ai entrepris, à mon tour, d’inscrire les slogans des MUR sur les murs des régions qui n’en étaient pas encore couverts, sans même savoir qui étaient les MUR. Nous étions quatre à ramasser des tracts parfois tachés de boue et à moitié déchirés pour les photocopier et les distribuer de nouveau. » Avec trois de ses amis, Tony, Joe, Samer, il est convaincu que c’est la résistance pacifique qui peut aboutir. « Parce que je crois en certaines valeurs, notamment le respect des droits de l’homme. » S’il reconnaît que l’idée d’une résistance militaire a effleuré leur esprit, il précise qu’elle a été vite abandonnée. « Contrairement aux Syriens, nous avons une certaine échelle de valeurs qui nous empêche d’enlever des individus qui ne sont pas responsables de ce qui se passe, souligne-t-il. Le régime syrien met ses soldats devant un fait accompli : soit ils obéissent, soit ils sont tués. Je me suis rendu compte qu’avec le soldat syrien, nous souffrions de la même injustice », explique le jeune militant aouniste. En 1993, il est arrêté en même temps que trois militants des Forces libanaises par des agents libanais en civil qui le défèrent devant ce qui était appelé à l’époque, le « Comité de coordination libano-syrien ». Il sera torturé pendant deux jours pour l’obliger à dire qu’il complotait avec les FL afin d’assassiner des Syriens. « C’était mon deuxième choc après le 13 octobre. J’ai dû lutter pour m’en sortir. » Cet épisode le rapproche davantage des autres militants regroupés dans le cadre d’une action concertée. Les pressions exercées sur eux augmentent. Ils réagissent en sortant de l’anonymat. Les manifestations et les sit-in remplacent la distribution de tracts, les inscriptions sur les murs et les grèves universitaires. « Le peuple nous soutenait. C’est lorsqu’il a été domestiqué par les Syriens que le poids que nous portions s’est alourdi. » À partir de 1996, les manifestations se multiplient. « Nous essayions d’éviter autant que possible les confrontations avec les forces de l’ordre parce que nous n’avions aucun problème avec eux, souligne Tony Orian. Le 14 mars 2001, nous avons décidé de changer de tactique et de confronter directement les Syriens. » Ce jour-là, en dépit du déploiement massif de l’armée dans Beyrouth et sa banlieue, ils parviennent à se rapprocher des positions syriennes à Fanar. « Notre objectif a été atteint, ajoute-t-il. Nous avons montré au monde entier que les Syriens étaient postés dans nos quartiers résidentiels et près de nos universités. Nous avons aussi montré que si l’armée libanaise est capable de protéger les troupes syriennes en dehors de leur territoire, c’est qu’elle est parfaitement capable de protéger son propre peuple. » « Nous avons cependant payé cher ce changement qualitatif de tactique, le 7 août 2001, avec les arrestations et les actes de violence qui ont eu lieu ce jour-là », à la suite des mouvements de protestation consécutifs à la fermeture de la MTV, poursuit le jeune militant, précisant que leur interrogatoire était concentré sur le mouvement du 14 mars 2001. Tony Orian assimile les événements du 7 août au 13 octobre 1990. Il y avait vu « une nouvelle tentative d’assujetissement mais avec d’autres méthodes ». « Je ne pouvais pas accepter d’être brisé de nouveau. Je ne pouvais pas supporter un deuxième 13 octobre », affirme-t-il. En prison, il entame la grève de la faim, pour prouver que même enchaînés, « les Libanais peuvent réagir et sont un peuple qui mérite de vivre ».
Il est connu pour le nombre de fois qu’il a passées en prison après avoir participé à des mouvements antisyriens de protestation et, surtout, pour la grève de la faim qu’il avait entamée, à Roumieh, après les arrestations du 7 août 2001. Tony Orian, 29 ans, est le prototype du militant entier dans sa foi et son engagement. Un jusqu’auboutiste qui n’avait que 16 ans quand il avait...