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Un plan pour la gestion des déchets et les obstacles habituels

Un dépotoir qui s’effondre en bord de mer à Saïda. Une décharge pas si bien contrôlée qui n’en finit pas de vampiriser Naamé et ses environs. L’ombre fantomatique de la « montagne » de Bourj Hammoud. Des dépotoirs et des ordures incinérées à l’air libre dans différentes régions. Décidément, le problème des déchets ménagers reste entier, sans disparaître pour peu qu’on prétend l’oublier. Récemment, le CDR a présenté au Conseil des ministres un plan d’action basé sur la création de stations de traitement. Après que les premières informations eurent filtré dans la presse faisant état de la présence d’un village de la Békaa ouest sur la liste de sites devant accueillir des décharges, une première vague de contestation a éclaté. C’est effectivement ce genre de protestations populaires soutenues par des forces politiques locales qui ont souvent freiné la mise en place de tels plans. Qu’en est-il cette fois ? « Les protestations proviennent de deux facteurs, explique Akram Chehayeb, président de la commission de l’Environnement. D’une part, l’expérience de la décharge contrôlée à Naamé, qui a bien commencé et mal fini, ce qui a ébranlé la confiance des citoyens dans les capacités de l’État. D’autre part, la réussite de ces plans dépend largement de la réduction des déchets à la base, dès le foyer. Or il faut du temps pour développer la conscience écologique de notre société à ce point. » Il ne reste, selon lui, que deux possibilités : l’incinération, méthode chère et peu écologique, et les décharges. « Pour le prix que nous sommes disposés à payer, seules les décharges doublées de centres de tri et de compostage peuvent nous convenir pour le moment, à condition qu’elle soit appliquée selon des règles rigoureusement écologiques », ajoute-t-il. Pour ce qui est des sites, M. Chehayeb se déclare favorable « à la création de quatre stations de traitement pour tout le Liban, à la mise en place de mesures d’encouragement pour les municipalités qui les accueilleront dans leur périmètre, et à la mise en place d’un système de contrôle civil, municipal et gouvernemental ». Pour sa part, Berge Hatjian, directeur général de l’Environnement, affirme que le plan présenté par le CDR est conforme aux aspirations du ministère. Il sera basé sur des centres de traitement des déchets avec, seulement en dernier recours, des décharges sanitaires qui n’accueilleraient qu’un minimum de déchets inertes. « Il y aura un centre de tri, une usine de compostage, un laboratoire pour examiner le compost obtenu, une usine de recyclage, précise-t-il. Le financement sera assuré par la Caisse indépendante des municipalités et, espérons-le, par des prêts à long terme. » À son avis, les protestations qui avaient lieu auparavant n’étaient pas « sérieuses », mais plutôt de « nature politique ». « Or la présence d’un complexe de traitement des déchets présente beaucoup plus d’avantages pour la région que son absence, puisque les déchets finissent dans la nature en tout cas, explique-t-il. Sans compter la création d’emplois et les rentrées supplémentaires pour les municipalités que génère un tel centre. » Mais les mauvaises expériences passées ne découragent-elles pas les habitants d’accepter de telles installations chez eux ? « La décharge de Naamé respecte tout à fait les normes, et les odeurs dégagées ne sont pas aussi fortes qu’on l’a affirmé, insiste-t-il, ne tenant pas compte des nombreuses plaintes des habitants des environs. Peut-on comparer les relents d’un dépotoir et l’odeur dégagée par une décharge ? Pour ce qui est des usines de compostage, nous imposerons des biofiltres. » M. Hatjian ajoute que les complexes seront loin des zones résidentielles et obéiront à plusieurs critères, sans dévoiler si des sites bien précis ont déjà été choisis. En principe, ces complexes seront répartis par mohafazat, bien que la décision de les répartir par caza n’ait pas encore été révisée. Il est déjà trop tard Mais le problème n’est pas réglé pour autant : il faut un an au moins pour préparer ce genre de stations, alors que la décharge de Naamé, bien que saturée depuis longtemps selon le plan d’origine, pourrait durer au maximum… jusqu’à la fin de l’année. « Nous avons déjà tenu plus de douze réunions à la commission sur ce sujet, et nous n’avons jamais obtenu de réaction, rappelle M. Chehayeb. J’ai bien peur que ce ne soit toujours pas une priorité pour le gouvernement. » Pourquoi les députés de la région ne mettent-ils pas à exécution leur menace d’initier un mouvement de protestation pour la fermeture de la décharge ? « Nous avons prévu un tel mouvement populaire, précise-t-il. Mais nous nous devons également d’agir en responsables. Que faire des déchets du pays le lendemain ? D’un autre côté, le gouvernement devrait se sentir responsable de cette population locale qui a déjà beaucoup sacrifié et payé de sa qualité de vie durant ces années. » Le plan de gestion des déchets ménagers n’est qu’une étape, qui devrait être confortée par une loi nationale. M. Hatjian précise que le texte de loi préparé par son ministère est pratiquement terminé. Il a indiqué que le ministre a présidé une réunion à laquelle ont assisté des représentants du CDR et du ministère de l’Intérieur, en l’absence d’un représentant du ministère des Finances qui a été informé plus tard. Selon lui, ce texte devrait être transmis bientôt au Conseil des ministres.
Un dépotoir qui s’effondre en bord de mer à Saïda. Une décharge pas si bien contrôlée qui n’en finit pas de vampiriser Naamé et ses environs. L’ombre fantomatique de la « montagne » de Bourj Hammoud. Des dépotoirs et des ordures incinérées à l’air libre dans différentes régions. Décidément, le problème des déchets ménagers reste entier, sans disparaître pour peu...