Musharraf appelle à l’aide, le monde se mobilise pour secourir les sinistrés Des dizaines de milliers de morts au Pakistan après un gigantesque séisme en Asie du Sud

Le président pakistanais Pervez Musharraf a lancé hier un appel solennel à l’aide internationale après le violent séisme qui a frappé l’Asie du Sud, faisant dans le seul Pakistan plus de 19 000 morts confirmés, tandis qu’une estimation provisoire évoquait 30 000 décès. Le séisme, d’une magnitude de 7,6, a fait 19 136 morts confirmés et 42 397 blessés, a indiqué le ministre pakistanais de l’Intérieur Aftab Sherpao, qui a annoncé trois jours de deuil national. La zone la plus touchée par le séisme est la partie du Cachemire sous administration pakistanaise, où plus de 17 000 personnes sont mortes et plus de 40 000 blessées. Plus à l’ouest, dans les montagnes de l’Hindu Kuch dépendant de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), un total de 1 760 personnes ont été tuées et 1 797 blessées. Mais le bilan « s’alourdit d’heure en heure », a averti le ministre. Peu avant, Tariq Farooq, ministre provincial des Communications du Cachemire pakistanais, avait évoqué une « estimation provisoire de plus de 30 000 personnes tuées » dans sa région. Le ministre pakistanais pour le Cachemire, Faisal Saleh Hayat, a pour sa part estimé que, « sur une population de 2,4 millions d’habitants, plus de la moitié d’entre eux ont été touchés », faisant référence aux morts, blessés et sans-abri. « De nombreuses régions et de nombreuses villes ont été totalement rayées de la carte », dans le nord du Pakistan, a précisé sur la chaîne de télévision CNN le général Shaukat Sultan, porte-parole des forces armées. Dans le Cachemire sous contrôle indien, voisin du Pakistan, plus de 600 personnes sont mortes, notement à Uri. Le séisme a provoqué un nombre non précisé de morts, vraisemblablement nettement inférieur, dans l’est de l’Afghanistan. Quelque 45 répliques, en 24 heures, ont provoqué de nouveaux dégâts dans le nord du Pakistan, a indiqué le département de météorologie d’Islamabad. Le général Musharraf a aussitôt lancé un appel à l’aide. « Nous appelons à l’aide internationale, nous avons assez de moyens humains, mais nous avons besoin d’aide financière » pour faire face à cette tragédie, a-t-il déclaré. « Nous avons des besoins très importants en médicaments, tentes et hélicoptères pour atteindre les gens dans les régions éloignées et coupées du monde », a-t-il ajouté. « Nous faisons face à la plus importante tragédie de notre histoire », a poursuivi le chef d’État. De nombreux pays et organisations ont rapidement offert leur assistance. La Banque mondiale a ainsi fait don de 20 millions de dollars, a annoncé à Tokyo son président, Paul Wolfowitz. « Ce genre de situation appelle une forte générosité de la part des donateurs. Le défi est de coordonner cette générosité pour la rendre plus efficace. » L’Union européenne dit avoir débloqué trois millions d’euros. La France a envoyé 25 militaires de la Sécurité civile. Sont parties des équipes de secours françaises, britanniques, japonaises, sud-coréennes, chinoises, turques et russes. L’Afghanistan voisin, pourtant très pauvre, va également faire parvenir des équipes médicales et des hélicoptères. L’ONU a débloqué 100 000 dollars d’aide d’urgence et a dépêché six nouveaux experts pour prêter main-forte à une équipe de huit spécialistes arrivés samedi à Islamabad pour évaluer et coordonner l’aide humanitaire. Les pays musulmans ne sont pas en reste. Abou Dhabi a dépêché 26 secouristes. Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a ordonné la mise en place « rapidement » d’un pont aérien pour acheminer médecins, médicaments, tentes, couvertures et vivres. Le Qatar a également annoncé une assistance humanitaire d’urgence. Cinq équipes de secouristes turcs sont également parties hier avec onze tonnes d’assistance humanitaire.