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Actualités - CHRONOLOGIE

L’association de sayyed Fadlallah apporte son aide aux milieux défavorisés Les « mabarrats » ou la bienfaisance au service de la tolérance dans la société libanaise

Dans un pays où les sensibilités confessionnelles et communautaires ne cessent de s’aiguiser, les « mabarrats » qui relèvent de l’autorité morale de sayyed Mohammed Hussein Fadlallah restent une oasis de dialogue et de civisme. Cette grande institution sociale, qui regroupe des orphelinats, des écoles, des dispensaires et même un hôpital, continue de semer dans les esprits de ses élèves et de ses pensionnaires le respect de l’autre, la curiosité et la tolérance. Des valeurs rares de nos jours, mais que les « mabarrats » ne veulent abandonner pour rien au monde. Avec le début du mois de jeûne et le devoir de charité imposé par l’islam, l’association des « mabarrats » espère recueillir suffisamment de dons pour pouvoir continuer son œuvre sociale en faveur d’une société plus juste et plus épanouissante pour l’individu. Le Dr Baker Fadlallah, directeur général des « mabarrats » depuis vingt ans, explique que l’association a de nouveaux projets qu’elle espère concrétiser dans le courant de l’année. Ainsi, l’hôpital qu’elle a construit au Liban-Sud et qu’elle n’a pas pu équiper sera transformé en maison de repos pour les personnes âgées, et sera doté d’un dispensaire médical ouvert à tous. Message national et pragmatisme Car si les « mabarrats » sont une association de bienfaisance, rien n’empêche le pragmatisme. Et lorsqu’un projet rencontre des obstacles, il faut le modifier de manière à répondre aux besoins de la société, tout en travaillant dans la mesure des moyens disponibles. La grande nouveauté de l’année écoulée a été l’ouverture d’une bibliothèque publique, regroupant 25 000 livres, ouverte à tous. Car, comme le mentionne le Dr Fadlallah, la culture est la clé du développement et les « mabarrats » ne sont pas simplement une association de bienfaisance, elles ont aussi une mission nationaliste à remplir. D’ailleurs, si le nombre des élèves des différentes écoles des « mabarrats » a augmenté de près d’un millier cette année, l’association ne cherche plus à avoir un nombre d’enfants supplémentaire, mais mise désormais sur la qualité de l’enseignement et sur le contenu du message diffusé par les institutions qui dépendent d’elles. L’association a aussi tenu un congrès éducatif annuel sur le thème de « L’éducation de l’esprit entre la foi et les défis de l’époque ». Car l’idée maîtresse de sayyed Fadlallah est que la science et la foi ne sont pas en contradiction et que la raison doit toujours prédominer, puisque c’est elle qui absorbe le message diffusé par la foi. Autant de thèmes qui n’ont pas cours aujourd’hui, où souvent les instincts tiennent lieu de réflexion. Au début du mois de ramadan, l’association a donc voulu rappeler à la communauté chiite en particulier et musulmane en général la nécessité de ne pas transformer la religion en sujet de conflit politique et de penser à son prochain le plus démuni. Au service de tous les Libanais Le Dr Baker Fadlallah rappelle à cet égard que l’association s’adresse à tous les Libanais et qu’elle est à leur service, essayant de ne pas se laisser enfermer dans une communauté donnée. Et lorsqu’on lui demande s’il n’est pas déprimé en voyant l’exacerbation des réflexes communautaires, il répond : « J’ai parfois un sentiment de déprime. Mais quand je vois les enfants qui grandissent dans nos orphelinats et qui n’ont dans le cœur ni animosité ni peur, rien qu’un immense amour pour les autres, je me dis que tout notre travail n’est pas vain et qu’il y a encore énormément d’espoir pour le Liban et les Libanais. » Le Dr Fadlallah révèle aussi que le travail de l’association des anciens des « mabarrats » est aussi pour lui une grande joie. « Ce sont eux désormais qui aident les plus jeunes ; maintenant qu’ils se sont construit un avenir, ils veulent en faire profiter les plus désavantagés et, pour nous, c’est un grand bonheur de voir que les principes que nous leur avons inculqués ont fait leur chemin dans leurs esprits et dans leurs vies. » De plus en plus donc, les « mabarrats » misent sur la qualité de l’enseignement et sur l’importance du message véhiculé par l’association. Mais tout cela nécessite beaucoup d’argent et un investissement permanent dans la réhabilitation et la modernisation des locaux comme dans le recyclage du corps enseignant et des 2 000 fonctionnaires de l’association. C’est pourquoi, les « mabarrats » se sont dotés de leurs propres sources de financement. Il y a ainsi le restaurant as-Saha qui, durant la période de ramadan, attire plus de 30 000 clients et qui est très prisé par les Libanais de toutes les confessions et religions. Il y a aussi des stations d’essence au Sud, à Beyrouth et dans la Békaa et une librairie papeterie dans la banlieue sud de la capitale. « Il ne s’agit pas de faire des bénéfices énormes, mais d’avoir des fonds propres », explique le directeur général des « mabarrats », qui ne se définit pourtant pas comme un homme d’affaires, mais comme un gestionnaire qui veut aider l’association à relever les nombreux défis de l’avenir. Selon lui, il y a encore beaucoup à faire. Mais cela ne lui donne pas pour autant un sentiment d’impuissance. Au contraire. L’équipe est motivée, elle a le cœur à l’ouvrage… Et Allah fera le reste. S. H.
Dans un pays où les sensibilités confessionnelles et communautaires ne cessent de s’aiguiser, les « mabarrats » qui relèvent de l’autorité morale de sayyed Mohammed Hussein Fadlallah restent une oasis de dialogue et de civisme. Cette grande institution sociale, qui regroupe des orphelinats, des écoles, des dispensaires et même un hôpital, continue de semer dans les esprits de ses...