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Les mêmes causes produisent les mêmes effets

Qu’attendons-nous du Liban de demain ? Cette question mérite d’être posée mais elle est incomplète, car le Liban ne sera que ce que nous en ferons ; tout comme le Liban n’a été que ce que nous en avons fait. C’est pour cela que la vraie question est d’emblée double, mettant en relief le rôle moteur que devrait exercer chaque citoyen de ce pays. On pourrait compléter ainsi la question : Et qu’attend le Liban des Libanais de demain ? Le Libanais, qu’il soit actif ou passif, exerce un rôle dans le fonctionnement et la pérennité du système, qu’il le veuille ou pas, autrement dit qu’il en soit conscient ou pas. Être victime de la décision des autres ou prendre la décision pour les autres ne nous mettent pas à l’abri de nos responsabilités civiques. À la première partie de la question, nous répondrons que nous pensons être en droit de vivre dans un pays en paix, à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. Nous sommes chrétiens, musulmans, juifs ou athées, nous avons intérêt à cohabiter et ne pas chercher à convertir le pays. Nous avons des opinions et les exprimons oralement ou à travers des écrits, journaux et médias, partis politiques et débats démocratiques. Nous avons l’obligation de tolérer les opinions différentes des nôtres et, pour nous affronter les uns les autres, la seule arme permise est le verbe. L’arène des échanges sera symbolisée par le Parlement. Nous sommes libres d’appartenir ou pas à une communauté religieuse. De toutes les façons, nous existons par notre nationalité, indépendamment de notre confession. Pour nous gouverner, une Constitution établit les règles du jeu de la coexistence et, à travers elle, nous consentons à certains, par le biais d’élections, le droit de nous représenter et de nous gouverner sur une période déterminée. Aucune communauté n’aura le dessus sur l’autre et toutes doivent œuvrer pour le bien-être du pays. Pour le garantir, un garde-fou moral, tel un Conseil constitutionnel, composé de « sages » (cinq membres), irréprochables sur tous les plans, reconnus unanimement pour leur profonde connaissance des lois, leur libanisme exemplaire et imprégnés de l’objectif qu’il ne faudra jamais perdre de vue, émergera naturellement. Ce conseil sera non seulement une autorité consultative, mais aura un pouvoir exécutif indéniable puisqu’il bloquera ou annulera tout projet de loi ou loi non conforme aux objectifs constitutionnels. À la deuxième partie de la question, nous répondrons que le Liban est en droit de réclamer la garantie de la paix et de la prospérité. Il impose à ses enfants des vertus qu’il leur faudra cultiver, comme le pardon, la tolérance, le respect, l’exigence de soi, le volontarisme et le patriotisme. Il exige, quoi qu’il arrive, le respect de son indépendance, son unité et son intégrité territoriale et demande à ses enfants de tout faire pour les préserver et les faire respecter. Il veut avoir des rapports courtois et amicaux avec ses voisins, des échanges économiques avec eux dans un cadre bien défini qui réglementera ces échanges. Il demande à ses enfants d’être respectables et de se faire respecter. Il veut être un exemple de cohabitation fraternelle en son sein et un modèle de partenariat en dehors de ses frontières. Il demande à ses enfants de ne pas se laisser influencer par des visées territoriales quelque peu hégémoniques de ses voisins. En tout cas, des visées, lui n’en a pas et n’en aura aucune. Il se dote d’une armée qui fera respecter sa volonté, empêchant des infiltrations indésirables à travers ses frontières, et de forces de sécurité intérieure (police et gendarmerie) qui empêcheront toute tentative de déstabilisation interne. Les erreurs réitérées sont une preuve d’immaturité sinon d’irresponsabilité grave par les répercussions qu’elles engendrent, surtout à l’échelle d’une nation. Cela mériterait des explications et la vérification que les leçons ont bien été retenues. Il demande à ses enfants d’apprendre les leçons du passé et d’en tirer les conclusions, de connaître leur histoire et de ne jamais l’oublier. Il demande à ses enfants de prendre garde, car il peut être la cible de convoitises proches ou éloignées. Non parce qu’il est riche (pas une goutte de pétrole…), mais par calculs stratégiques ou économiques pouvant amener certains à le sacrifier sur l’autel de la politique géostratégique. Il leur demande de se rendre compte rapidement qu’il s’agirait là d’une duperie associée à une hypocrisie visant à satisfaire certains appétits bien loin, en tout cas, de l’intérêt supérieur de la nation. Il demande à ses enfants d’être ouverts aux autres sans être influençables, d’être fiers sans être dédaigneux, de pardonner sans jamais être dupes, de comprendre les autres sans être naïfs, d’être fraternels sans se laisser engloutir, d’exiger sans être tyranniques. Actuellement, un immense chantier doublé d’un énorme défi nous attendent, qui vont consister, si nous voulons nous y atteler et continuer d’exister, de réaliser tout autant des révolutions culturelle et civique individuelles que de profondes réformes étatiques et économiques. En nous intéressant à l’histoire contemporaine de notre pays, force est de constater qu’au mieux, le Liban n’a été libre et indépendant que de 1943 à 1975. Depuis mai 2005, à la faveur d’un contexte international particulier, il est officiellement libéré. Quelle en est la raison ? Et pour combien de temps ? Ce sont là des questions basiques et simples qui exigeraient, si nous voulions y répondre, une sacrée dose d’énergie, ce qui nous renverrait inexorablement vers d’autres questions plus lointaines qui demeurent, elles, officiellement sans réponses : Pourquoi y a-t-il eu conflits depuis 1975 ? Pouvons-nous y répondre sans détour ou bien chacun a-t-il sa propre explication ? Si tel était le cas, cela voudrait dire que nous ne connaissons pas les raisons exactes qui ont conduit notre pays à l’explosion. Il est donc certainement dangereux et suicidaire de se lancer dans la même aventure, puisqu’elle est vouée à l’échec, étant donné que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Autrement dit, sans réformes profondes, point de salut. Les réformes doivent concerner tout le monde, sans exception, ainsi que l’ensemble de la hiérarchie étatique : présidence de la République, tous les ministères et le premier d’entre eux, la Justice, le Parlement, ses députés et son président, le découpage électoral du pays et le mode de scrutin, les sociétés nationales en tout genre, les mairies, les voiries, les taxes et impôts, l’économie, les finances et les dettes colossales accumulées, l’éducation nationale, l’armée et les forces de sécurité, la santé, l’environnement... C’est une fois que les Libanais seront devenus des patriotes que leur patrie sera unie, libre et indépendante. Alors le Liban pourra coller à l’image que nous voulons donner de lui et saura se défendre et se faire respecter. Économiquement, il jouira de la prospérité ; politiquement, il appliquera la démocratie comme aucun autre pays de la région. Dr Riad JREIGE Montpellier - France

Qu’attendons-nous du Liban de demain ? Cette question mérite d’être posée mais elle est incomplète, car le Liban ne sera que ce que nous en ferons ; tout comme le Liban n’a été que ce que nous en avons fait. C’est pour cela que la vraie question est d’emblée double, mettant en relief le rôle moteur que devrait exercer chaque citoyen de ce pays. On pourrait compléter ainsi la...