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CORRESPONDANCE À propos d’un nouveau livre US sur le couple « contingent » Grand déballage des filles adoptives de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir

WASHINGTON- Irène MOSALLI Du côté des légataires de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, rien ne va. C’est même le grand déballage, étalé dans les colonnes du New York Times et causé par la publication d’un livre aux États-Unis sous le titre Tête-à-tête, rapportant la relation des deux légendaires écrivains français. Cet ouvrage a été rédigé par l’Américaine Hazel Rowley avec la coopération de Sylvie le Bon de Beauvoir, fille adoptive de Simone de Beauvoir qui lui a donné accès à une correspondance de Sartre non encore publiée. De son côté, Jean-Paul Sartre avait une fille adoptive, Arlette Elkaïm Sartre, qui est en charge de son legs. Elle a de suite demandé qu’une partie de cette correspondance soit retirée. La maison d’édition HarperCollins, qui publie cet ouvrage, a décidé de le faire pour la version européenne et a gardé dans l’édition nord-américaine quelques extraits et des passages paraphrasés des textes contestés. À la grande déception de Rowley, qui dit qu’elle avait là un matériel éclairant, comme jamais auparavant, le plus profond de Sartre. Aujourd’hui la soixantaine et ennemies Sartre est décédé en 1980 et Simone de Beauvoir en 1986, et leur héritage intellectuel est donc aujourd’hui entre les mains de deux femmes ennemies que les écrivains avaient adoptées. Celui de Jean-Paul Sartre est géré par Arlette Elkaïm Sartre, avec laquelle il avait eu une brève relation lorsqu’elle avait 19 ans et lui 51. Celui de Simone de Beauvoir relève de Sylvie le Bon de Beauvoir qui, dans Tête-à-tête, décrit sa relation avec sa mère par adoption comme «charnelle mais pas sexuelle». Interrogée par le New York Times, cette dernière place l’action d’Arlette Elkaïm Sartre dans le registre de la jalousie. Et de préciser qu’Arlette avait, durant 40 ans, conservé sous scellé, à la Bibliothèque nationale, 600 pages des lettres adressées par Jean-Paul Sartre à sa maîtresse Léna Zonian «parce qu’il disait beaucoup de mal d’elle». Et selon l’avocat de Gallimard, l’éditeur de Sartre, «il s’agit là de lettres intimes et privées qui ne sont pas utiles à ceux qui travaillent sur Sartre». Alors que des chercheurs dans ce domaine se sont plaints de la mainmise d’Elkaïm sur ces écrits, elle avait argué du fait que toutes les lettres dignes d’intérêt avaient été publiées dans les deux volumes consacrés aux lettres de Sartre à Beauvoir. Cependant, après avoir examiné des copies de la correspondance Sartre-Zonian que lui avait remis Macha, la fille de Zonian, l’écrivain américaine Hazel Rowley rapporte que Sartre n’avait pas toujours de mots tendres pour Elkaïm, qu’il trouvait paresseuse et névrosée. Toujours selon elle, Sartre allait d’une maîtresse à l’autre. Il aimait plus séduire que passer à l’acte. À chaque publication du couple «contingent» que formaient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, une bataille s’engage entre leurs filles adoptives. Les principaux intéressés ne vont pas se sentir concernés: comme on le sait, il existait entre eux un pacte stipulant que chacun raconte tout à l’autre, et souvent elle et lui avaient peu d’égard pour les nombreux amants et maîtresses qu’ils ont eus. Bien qu’ayant actuellement la soixantaine, leurs filles adoptives continuent sur leur lancée. Sylvie le Bon de Beauvoir est professeur de philosophie à la retraite. Arlette Elkaïm Sartre vit en recluse. Toutes deux vivent à Montparnasse et ne se parlent pas. Elles ont centré leur existence sur l’héritage culturel laissé par leurs parents adoptifs.
WASHINGTON- Irène MOSALLI

Du côté des légataires de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, rien ne va. C’est même le grand déballage, étalé dans les colonnes du New York Times et causé par la publication d’un livre aux États-Unis sous le titre Tête-à-tête, rapportant la relation des deux légendaires écrivains français. Cet ouvrage a été rédigé par l’Américaine...