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Actualités - CHRONOLOGIE

ARCHÉOLOGIE - En vedette, le premier temple romain à la périphérie du centre-ville de Beyrouth Les dernières découvertes à Gemmayzé : des tombes hellénistiques et une céramique de l’âge du fer

Beyrouth n’en finit pas de se raconter. Les explorations qui se déroulent depuis cinq mois à la rue Maroun Naccache (Gemmayzé) apportent leur moisson de découvertes archéologiques et une somme de connaissances, permettant d’ajuster notre savoir sur la période romaine de la ville. Alors qu’on croyait que le monticule d’Achrafieh était une zone de nécropoles, la mise au jour, à Gemmayzé, de vestiges romains comprenant des habitations de type rural, un système de canalisation d’eau et un temple doté de quatre autels démontre que l’extension romaine vers l’Est n’était pas seulement de type funéraire. La ville romaine, ouverte, sans rempart, s’étendait au-delà du « decumanus maximus ». Les opérations de fouilles sont menées par la Direction générale des antiquités (DGA), en collaboration avec une équipe d’archéologues de l’Université libanaise, dirigée par Fadi Béaïno. Elles couvrent un terrain de 1 600 m2 au milieu duquel se dressait la demeure ancienne de Me Michel Assaf. La bâtisse, datant du XIXe siècle, rachetée en 2003 par Joseph Moawad puis démolie pour ériger un complexe hôtelier et résidentiel, reposait sur un sous-sol gorgé d’histoire. Les excavations ont, en effet, dévoilé les strates superposées des périodes médiévale, romaine, hellénistique ainsi qu’une céramique datant de l’âge du fer. Mais les fouilles à ce niveau-là ne font que commencer. « Il faut attendre la suite des opérations, et la prospection exhaustive et méthodique des couches pour développer une réflexion sur cette période », souligne Assaad Seif, archéologue à la DGA et responsable scientifique du site. Il ajoute que des ouvrages de maçonnerie (murs) mais aussi des tombes ont été dégagés au niveau des strates hellénistiques. Les sondages ont aussi donné accès à trois phases d’occupation datant de la période romaine où s’inscrit en vedette un temple que l’archéologue Seif, respectueux de la « rigueur scientifique », désigne comme une « structure cultuelle ». « Même si l’hypothèse du temple est confirmée à 80 %, nous préférons rester prudents jusqu’à ce que tous les composants architecturaux soient réunis et la reconstitution de l’édifice établie, souligne-t-il. « Une bonne partie des objets archéologiques n’ayant pas été trouvés à leur place originale, c’est-à-dire in situ, nous travaillons dans le négatif, dans les tranchées de récupération », a-t-il précisé, expliquant qu’au cours de la période médiévale, le site a été transformé en carrière, et 90 % des pierres du temple ont été démontées et réutilisées pour la construction des bâtiments avoisinants. Les 10 % restantes pourraient être exposées in situ, dans le jardin de l’immeuble Moawad… où vestiges du passé et modernisme signeront l’identité de la ville. Reste que « ce temple est le premier à avoir été découvert en dehors du centre-ville », a ajouté Assaad Seif, rappelant que les autels dégagés à la place de l’Étoile et à Lazarieh attestent la présence de monuments cultuels. Trois phases d’occupation romaine Érigé avec des blocs de calcaire dur et de grès de sable, le temple de Gemmayzé est composé de plusieurs pièces dont la fonction n’a pas encore été définie. Les fouilles ont mis au jour des murs d’appareillage présentant deux mètres d’épaisseur, et livré des colonnes de marbre et de granite de 1,20 mètre de diamètre. Le bâtiment, qui a « une structure tentaculaire allant au-delà du site fouillé », semble avoir été érigé sur les ruines d’un monument romain plus ancien, dont il ne reste que les fondations et les soubassements . Exposé sud-nord, l’entrée orientée vers le « decumanus » qui se croise au forum avec le Cardo, il est doté de quatre autels, dont deux couverts d’inscriptions, l’une dédiée à la triade héliopolitaine, Jupiter-Vénus-Mercure, l’autre à la déesse marine Leucothéa , fille de Cadmus. Menant plus loin leurs investigations, les archéologues ont dégagé deux autres couches d’occupation romaine. L’une dévoilant un système de canalisation d’eau, des habitations de type rural, une réserve de monnaies et des débris de poterie. L’autre, datant d’une période antérieure, a fait apparaître 30 tombes renfermant des squelettes d’enfants, d’adultes et de quatre chiens qui, peut-être, « appartenaient à des chasseurs ou encore à des membres de l’armée romaine. Pour avancer une explication scientifiquement valable, les spécialistes planchent sur le sujet », souligne Assaad Seif. Signalons enfin que les travaux de fouilles n’ont couvert à ce jour que 60 % de la superficie du terrain. Mais la boîte de Pandore est ouverte. Attendons voir ce que le sous-sol cache encore en réserve. May MAKAREM
Beyrouth n’en finit pas de se raconter. Les explorations qui se déroulent depuis cinq mois à la rue Maroun Naccache (Gemmayzé) apportent leur moisson de découvertes archéologiques et une somme de connaissances, permettant d’ajuster notre savoir sur la période romaine de la ville. Alors qu’on croyait que le monticule d’Achrafieh était une zone de nécropoles, la mise au jour, à...