Rechercher
Rechercher

Actualités

Le « Grand Hôtel Bois de Boulogne », un établissement qui a ouvert ses portes tout au long de la guerre

Georges Ghostine est le propriétaire du Grand Hôtel Bois de Boulogne, il est aussi le président du conseil municipal du Bois de Boulogne, localité du Metn, baptisée ainsi depuis que l’hôtel a été créé en 1930, suite à une exclamation d’un officier français, qui avait octroyé le permis de construction de l’établissement en question au père de M. Ghostine, Youssef. Agréablement surpris par la forêt de pins de la région, l’officier mandataire avait comparé la nature de la zone au Bois de Boulogne en France. Tout au long des événements, M. Ghostine n’a pas quitté son hôtel, n’a pas fermé les portes de l’établissement. C’est qu’il ne s’attendait pas à ce que la guerre dure dix-sept ans et que l’occupation un peu moins de trente. Pour préserver le bâtiment, il avait tout simplement décidé de s’y installer en permanence avec sa famille, même s’il fallait faire face à certaines difficultés. Les trajets par exemple : les enfants de M. Ghostine étaient scolarisés au collège Notre-Dame de Jamhour et il fallait les accompagner tous les matins à l’école. M. Ghostine est loin d’oublier le 1er octobre 1976, quand cette zone du Metn était devenue un front, ni le 5 octobre 1978, quand les troupes de Damas avaient décidé de changer de camp… « Ils ont investi l’hôtel. J’étais avec ma famille, le plus jeune de mes enfants avait cinq ans, il était malade. J’ai refusé de quitter les lieux… Ils nous ont ordonné de vider le rez-de-chaussée pour en faire le siège du commandement général de leur armée. Au bout de dix jours, le 15 octobre 1978, ils ont décidé d’eux-mêmes de partir », indique-t-il. C’est un brin de fierté dans la voix que le propriétaire du Grand Hôtel Bois de Boulogne raconte que son établissement a été le seul endroit de la région que les Syriens ont investi, à l’instar d’autres hôtels et résidences de la région, et qu’ils ont quitté au bout de quelques jours et non 27 ans plus tard. Si le Grand Hôtel Bois de Boulogne demeure l’un des plus beaux de la région c’est parce que M. Ghostine n’a jamais baissé les bras. Le dernier étage de l’hôtel avait été inauguré en 1975, un an avant le début des accrochages dans la région. Trois bungalows jouxtant l’hôtel avaient été construits et la façade refaite. Le propriétaire avait beaucoup d’autres projets, mais en trente ans, il s’est contenté de préserver l’établissement afin qu’il demeure chaleureux et accueillant. Il a toujours voulu adapter le travail de l’hôtel aux besoins du marché. Il y a trois ans par exemple, une salle de conférence a été construite. La plupart des soixante chambres de l’hôtel ont été pourvues d’un système de chauffage, et les buffets du dimanche en été se poursuivent également en hiver… même si le travail dans cette région est saisonnier. Commentant le travail dans la région après le départ des soldats syriens, le propriétaire de l’hôtel indique simplement : « On voit de nouvelles têtes, des personnes qui ne venaient pas dans la région quand les Syriens étaient là. » Selon lui, afin que la zone soit reconstruite, l’apport de l’État et du ministère des Déplacés est nécessaire. «Beaucoup d’habitants attendent un dédommagement du ministère des Déplacés, d’ailleurs c’est l’une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas entamé les travaux après le départ des troupes de Damas. Mais jusqu’à présent rien n’a été fait », dit-il, soulignant qu’il « ne faut pas oublier que cette zone a vécu la guerre et beaucoup d’habitants estiment que cette partie du Metn devrait, à l’instar d’autres régions, bénéficier de fonds pour qu’elle soit reconstruite ». « Dans le monde entier, les endroits saisonniers, notamment les hôtels de villégiature, sont aidés et subventionnés par l’État. Ils sont par exemple exemptés de taxes, de l’abonnement du téléphone et de l’électricité… Ce n’est pas le cas au Liban », ajoute le propriétaire du Grand Hôtel Bois de Boulogne. « Nous travaillons à plein rendement quelques mois par an, de juillet à septembre, et nous assumons les frais tout le long de l’année. De plus, avant la guerre, les clients louaient leur chambre au mois ou à la saison ; ce n’est plus le cas actuellement », dit-il. En effet, les habitudes de la clientèle ont changé. L’hôtel n’est plus un lieu d’estivage, comme c’était le cas avant la guerre. Désormais les clients louent leurs chambres pour le week-end. « Les gens n’ont plus les moyens comme avant », indique M. Ghostine qui tient contre vents et marées à encourager la clientèle, mettant à sa disposition diverses offres et facilités. C’est qu’il tient réellement à relancer la région. Il envisage par exemple de créer un circuit de randonnée dans la forêt de pins. Une activité qui pourrait être exercée été comme hiver. Il indique également que « huit villages limitrophes du Bois de Boulogne sont riches en sites naturels, religieux, et archéologiques, notamment la première imprimerie en langue arabe au Moyen-Orient au couvent Saint-Jean à Khonchara, les châteaux des émirs Abillama à Mtein et les vestiges romains dans la montagne de Aïntoura. Une bonne promotion peut relancer l’activité touristique dans la région ». Il est loin le temps où M. Ghostine, dont l’hôtel ouvre 365 jours par an, préparait trois réveillons de Noël. Le Château du Bois, une sorte d’annexe au Grand Hôtel Bois de Boulogne, est fermé depuis bien longtemps. Les trois bungalows qui jouxtent l’hôtel sont rarement loués. En hiver, même si l’hôtel ouvre ses portes, rares sont les clients qui viennent pour le week-end. Mais M. Ghostine ne veut pas lâcher prise et garde toujours l’espoir en un avenir meilleur. « Quand mon père a construit l’hôtel, il n’y avait ni routes, ni électricité, ni téléphone », indique-t-il. « La destruction est facile, la construction prend beaucoup plus de temps », conclut-t-il. Pour plus d’informations, contacter le Grand Hôtel Bois de Boulogne aux : 04-295100, 04-297500.
Georges Ghostine est le propriétaire du Grand Hôtel Bois de Boulogne, il est aussi le président du conseil municipal du Bois de Boulogne, localité du Metn, baptisée ainsi depuis que l’hôtel a été créé en 1930, suite à une exclamation d’un officier français, qui avait octroyé le permis de construction de l’établissement en question au père de M. Ghostine,...