FOIRE AUX LIVRES - À l’Université Saint-Esprit – Kaslik, jusqu’au 1er octobre Vieux bouquins, archives et manuscrits refont surface

Organisée par l’USEK, une foire aux vieux livres, archives et manuscrits a été inaugurée hier. Première du genre au Liban et même au Moyen-Orient, cette manifestation se déroule à la Bibliothèque centrale et sur l’esplanade de l’université, et a pour objectif de faire connaître au public un patrimoine bibliophilique important. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une politique plus globale, engagée il y a quelques années par la Bibliothèque centrale de l’USEK. « À l’initiative du père Joseph Moukarzel, conservateur de la bibliothèque et amoureux de l’histoire, l’université a commencé, depuis un certain temps, à se constituer un fonds de vieux manuscrits relatifs au patrimoine syriaque et chrétien oriental », confie Mme Mariette Atallah Abdel-Hay, elle-même conservateur adjoint.« Une base de données s’est donc créée à partir des recherches sérieuses sur le Net et auprès des monastères et couvents maronites qui recèlent encore des richesses inépuisées.» Patrimoine inexploré Plus de mille cinq cents manuscrits et vieux imprimés ont donc été rassemblés et répertoriés à l’atelier de conservation du patrimoine écrit de l’USEK. Mais avant d’intégrer leur place au sein de la médiathèque, un long processus de conservation a dû être entrepris. « Il fallait aménager une salle à cet effet, poursuit Abdel-Hay. Dès qu’on réceptionnait un livre, il était immédiatement mis en quarantaine. On pratiquait aussitôt une anoxie, sorte de désinsectisation par privation d’oxygène, pour y détecter les micro-organismes et les champignons, puis un dépoussiérage et un nettoyage du cuir, si nécessaire. Enfin, dernière étape, il fallait transporter ces ouvrages dans des boîtes de carton ou des portfolios pour les déposer dans une salle spécialement conçue à cet effet. C’est ainsi que cette banque de livres, manuscrits et archives a vu le jour. C’est à partir de là qu’est née l’idée de la présenter au public. » Une idée qui va très vite faire son chemin auprès des bibliothèques ou administrations publiques. Possédant des collections intéressantes et désireuses de les exposer, ces dernières vont répondre à l’appel et faire partie de la foire, à condition seulement que la date des éditions exposées se situe en deçà de 1920. Selon Mariette Abdel-Hay, huit partenaires ont bien voulu s’associer à la foire : la Bibliothèque orientale de l’USJ, la Bibliothèque nationale, celle de la NDU, le Musée antonin de Saint-Roch, la congrégation des missionnaires libanais, le séminaire maronite patriarcal de Ghazir, le patriarcat arménien-catholique de Bzoummar ainsi que la mairie de Jounieh. Dans des boîte en plexiglas fermées à clef, un grand choix de vieilles éditions et de vieux manuscrits se déploie devant un public de professionnels et d’amoureux du livre. Mais la manifestation ne se limite pas seulement à l’espace bibliothèque. Dehors, sur l’esplanade et entre les colonnes, antiquaires et particuliers sont installés et présentent des ouvrages de leurs propres collections. Se conformant au règlement fixé par les organisateurs, ils pourront à leur guise troquer ou vendre les œuvres présentées. « Cette exposition qui se tient en parallèle, souligne la conservatrice, a pour objectif de faire valoir tout le patrimoine du livre existant sur le marché. Imprimés, journaux, gravures sont présentés dans une ambiance de vieux bouquinistes, et un café a été aménagé pour l’occasion. » Par ailleurs, d’autres manifestations sont prévues dans le cadre de cette première rencontre nationale des professionnels du livre : des signatures d’ouvrages ; un atelier animé par Dolly Sassine-Escallier sur la conservation du livre ; une exposition du peintre Chadi Abou Abdallah ainsi que des conférences. « Cette initiative constitue, pour Mme Atallah Abdel-Hay, un premier pas vers une opération de plus grande envergure. » À voir jusqu’au 1er octobre. Colette KHALAF Quelques titres exposés Fonds de l’USEK : le premier livre imprimé en Orient (1610), le Psautier syriaque ; la première édition au monde du Nouveau Testament (en syriaque, imprimé à Vienne en 1955) ; Le traité de la logique par Joseph Simon Assemani. Fonds de la Bibliothèque orientale : une édition de 1868 des Fables de La Fontaine. Fonds du séminaire de Ghazir : œuvres complètes de Fénélon (1851). Séminaire patriarcal maronite : œuvres complètes de Chateaubriand, 1837. Bibliothèque nationale : Biblia Sacra-Parchemin,1746.