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DOCUMENTAIRE - Projection ce soir, à 19h, au théâtre Béryte, de « Susana Tango Pial » La passion du tango par Carlos Pico

Ils ont le tango dans le sang, Rosita, Maria, Marina, Rodolfo, Carlos et les autres… C’est leur raison de vivre, leur bouffée d’oxygène, le remède à tous les maux qui tenaillent leurs corps usés, la crème miracle qui leur rend la beauté et la fougue de leur vingt ans… le temps d’une soirée chez Susana. À la Milonga de Susana, dans le quartier de Flores, à Buenos Aires, tous les jeudis et dimanches, c’est «tango-passion». Dans la capitale argentine où fleurissent une soixantaine de clubs, de bars et de vieux cafés où l’on danse le tango, il n’y a là rien de particulier de prime abord. Sauf que chez Susana, les bels hidalgos et leurs sensuelles compagnes ont entre soixante-dix et quatre-vingt-dix ans. Et que même l’hôtesse et le DJ qui y officient sont largement octogénaires ! Et dans ce lieu hors du temps, qui semble s’être arrêté à l’âge d’or du tango dans les années quarante, il y a une atmosphère unique, à la fois gaie et mélancolique, pleine de vie et de nostalgie. Une ambiance singulière, fragile et suave, que la caméra du réalisateur argentin Carlos Alberto Pico (frère de l’ambassadeur José Pedro Pico) a su capter avec finesse et talent, dans un documentaire de 44 minutes (en français) qu’il présente ce soir, à 19h, au théâtre Béryte, campus des sciences humaines de l’USJ, rue de Damas. «L’idée de départ de ce film, raconte Carlos Pico, était de montrer l’érotisme du tango. Avec Sandro Nunziata, lui-même danseur de tango, avec qui j’ai conçu et réalisé ce travail, on voulait traiter un angle particulier. Celui des vieux “milongueros” de plus de quatre-vingt ans, qui, en faisant danser les touristes, ont ainsi une occasion exceptionnelle de tenir dans leurs bras un corps de jeune femme.» «En faisant la tournée des milongas de la ville, je suis tombé sur celle de Susana, la seule où se retrouvent uniquement des vieux et des vieilles, et j’ai été immédiatement fasciné, poursuit-il. Dès qu’on y entre, on a la sensation que le temps s’arrête. On oublie tout ce qui se passe à l’extérieur, les ennuis du quotidien. On est transporté dans une autre dimension, celle de la musique et de la milonga.» Du pittoresque et de l’émotion Dans cette salle pas comme les autres, le réalisateur a perçu, dit-il, «derrière les corps usés, les visages défraîchis, toute la sensualité du tango, avec tout ce que ça peut avoir de tendre, de drôle, de profond et de pittoresque». Car ils sont pittoresques ces «milongueros» passionnés, danseurs invétérés qui, deux fois par semaine, entre 18 et 23 heures, oublient chez Susana le poids des ans et retrouvent aux bras de leur cavalier ou cavalière leur splendeur d’antan. Ils sont émouvants lorsqu’entre deux danses, ils se confient à la caméra, racontent, l’un son rhumatisme, l’autre ses infarctus, l’autre encore sa solitude…Et tous cette même passion qui les réunit, les fait vibrer, les fait danser depuis l’adolescence… Tourné en 18 soirs, le documentaire de Carlos Pico explore aussi les rites, «on ne danse jamais sur un air de Gardel, on s’assoit et on écoute», les règles «c’est l’homme qui conduit la femme. On ne parle pas quand on danse. Et surtout, pour le danser, il faut savoir marcher le tango!» Sa caméra s’attarde sur les visages, les attitudes révélatrices, même – et surtout– hors piste des danseurs, danseuses, et capte avec justesse tout un univers de sentiments et de sensations. Avec délicatesse et émotion, la pellicule de Carlos Pico offre ainsi un regard nouveau sur cette danse de fierté et de séduction, de crânerie, de vigueur et de fascination… À voir. Des images du Liban… Carlos Pico, qui est donc à Beyrouth pour un court séjour, en profite pour collecter, caméra sur l’épaule, des images de la ville qu’il trouve «fascinante. Il y a ici une énergie extraordinaire et les femmes y sont incroyablement belles», assure-t-il. Le réalisateur projette ainsi de faire un court-métrage sur le Liban. Signalons par ailleurs, qu’outre les films institutionnels et publicitaires, Carlos Pico a à son actif des documentaires de voyages, dont un sur l’Antarctique et un second sur l’Ile des États. Cette île, à l’extrême sud de l’Argentine, abrite le fameux Phare du bout du monde, à l’origine du roman éponyme de Jules Verne. Zéna ZALZAL

Ils ont le tango dans le sang, Rosita, Maria, Marina, Rodolfo, Carlos et les autres… C’est leur raison de vivre, leur bouffée d’oxygène, le remède à tous les maux qui tenaillent leurs corps usés, la crème miracle qui leur rend la beauté et la fougue de leur vingt ans… le temps d’une soirée chez Susana.
À la Milonga de Susana, dans le quartier de Flores, à Buenos Aires,...