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GÉNOCIDE ARMÉNIEN - Plus de 300 chercheurs ont planché sur la question pendant deux jours à Istanbul La Turquie brise un tabou vieux de 90 ans

La Turquie a brisé, en dépit de l’opposition des milieux nationalistes, un tabou vieux de 90 ans avec la tenue, samedi et dimanche, d’une conférence inédite sur les massacres d’Arméniens commis en Anatolie entre 1915 et 1917. Deux jours durant, une soixantaine d’universitaires et d’intellectuels turcs ont examiné avec un regard critique la position officielle d’Ankara, qui réfute l’utilisation du qualificatif « génocide » pour définir ces événements. Certains d’entre eux, comme l’historien Taner Akçam, de l’université américaine du Minnesota, n’ont d’ailleurs pas hésité à employer ce terme tabou, une attitude théoriquement passible, selon le code pénal, de 8 à 15 ans de prison. La plupart des intervenants ont cependant surtout plaidé en faveur du lancement de recherches objectives, émancipées des influences des nationalismes turc et arménien, en préalable à toute discussion sur la validité du qualificatif « génocide ». Les Arméniens affirment que jusqu’à 1,5 million des leurs ont péri dans un « génocide » orchestré par l’Empire ottoman. L’État turc, qui lui a succédé, soutient que 300 000 Arméniens et au moins autant de Turcs ont été tués au cours de troubles suscités par le soulèvement d’Arméniens et leur ralliement aux armées russes en guerre contre les Ottomans, et lors des déportations qui ont suivi. Les débats de ce week-end, inédits dans un pays où les manuels scolaires ne contiennent qu’un bref paragraphe sur la question arménienne et où des associations sont subventionnées par l’État pour mener des recherches visant à récuser l’existence d’un « génocide », ont suscité l’enthousiasme parmi la majorité des quelque 300 chercheurs composant l’auditoire de la conférence. L’événement a en revanche reçu un accueil mitigé dans la presse. Si le quotidien libéral Radikal, très engagé en faveur de l’organisation de ce forum, titrait dimanche : « On a même dit “génocide” à la conférence, et le monde continue de tourner, la Turquie est toujours en place », certains journaux préféraient faire leur une sur les manifestations des opposants à sa tenue.
La Turquie a brisé, en dépit de l’opposition des milieux nationalistes, un tabou vieux de 90 ans avec la tenue, samedi et dimanche, d’une conférence inédite sur les massacres d’Arméniens commis en Anatolie entre 1915 et 1917.

Deux jours durant, une soixantaine d’universitaires et d’intellectuels turcs ont examiné avec un regard critique la position officielle d’Ankara, qui...