DANSE Ce soir et demain, à 20h30, au théâtre Shams, rond-point Tayyouné Sara Gebrane abolit les frontières

Dans Frontières, un spectacle entièrement conçu par elle, Sara Gebrane, danseuse chorégraphe, fustige sur scène les barrières imposées par l’homme à l’aube de ce nouveau siècle. Barrières géographiques, culturelles, religieuses et individuelles, qu’elle dénonce dans une gestuelle moderne et très stylisée. Une performance qui fait place à l’épure pour mieux exprimer les mots par les mouvements du corps. Née au Venezuela de parents libanais, des fées danseuses se sont certainement penchées sur le berceau de Sara Gebrane. Après des premiers pas effectués dès son jeune âge, elle poursuit des études de danse, dans son pays natal, jusqu’à l’âge de vingt-huit ans. Puis direction New York pour « parfaire mon apprentissage par des trainings », dira-t-elle dans son accent teinté du soleil d’Amérique latine. Enfin, dernière destination, le Danemark où elle réside depuis neuf ans. Dans ce pays qui se situe aux antipodes de sa culture d’origine, Sarah Gebrane boucle la boucle et se lance dans la chorégraphie. Monté depuis un an déjà, Frontières est une chorégraphie qu’elle trimbale dans ses malles et dont elle adapte les quinze dernières minutes au pays d’accueil, en compagnie d’amateurs choisis dans la salle. Durant soixante minutes, la danseuse évolue seule sur les planches. Avec sa crinière de lionne, elle domine l’audience médusée devant son charme. Un monologue au sujet grave, traité néanmoins avec beaucoup d’humour, rythme les gestes saccadés de Sara Gebrane. Dans ce spectacle « engagé envers l’homme et son humanité», dit-elle, elle moque les règles inertes régissant sa vie et l’abrutissant. Elle dénonce l’irresponsabilité des autres et, par la même occasion, la sienne propre en faisant de son corps souple et de ses mouvements éloquents un appel à la tolérance. «Je ne revendique rien et ne propose aucune solution, mais si le regard porté dans mon spectacle sur l’intolérance des hommes suffit à une petite prise de conscience, que tout commence par soi-même, alors j’en déduis que le message a été perçu et que ma chorégraphie est réussie. » Une vision réaliste de la vie que livre la danseuse dans une chorégraphie dynamique. Un spectacle au Dawar Shams intéressant à voir. Colette KHALAF