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Actualités - CHRONOLOGIE

Les anciens frères ennemis doivent relever le défi d’un « Soudan uni »

Le défi des anciens frères ennemis du Soudan, réunis dans le premier gouvernement d’union nationale, sera de faire du « Soudan uni » une option crédible pour la population du sud, actuellement en faveur de la sécession et d’un État indépendant. Le premier « gouvernement d’union nationale » au Soudan a été formé mardi, à l’issue de plusieurs semaines d’âpres marchandages sur la répartition des postes-clés entre le parti du Congrés national (CN - au pouvoir) et les ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). La formation de ce gouvernement transitoire très élargie, comptant plus de 60 ministres et ministres adjoints, est un jalon important dans l’application concrète de l’accord de paix du 9 janvier, qui a mis fin à plus de 21 ans de guerre civile dans le sud du pays. Aux termes de l’accord de paix, ce gouvernement transitoire restera en place jusqu’à la tenue d’élections législatives dans environ quatre ans. « Ce gouvernement est de bon augure. Il exprime la volonté du peuple du Soudan d’établir la paix et de consolider l’unité nationale », a estimé le président Omar Hassan el-Béchir. Les ex-rebelles du SPLM ont obtenu neuf des 29 portefeuilles, mais le parti au pouvoir s’est adjugé la majorité des postes-clés, notamment les portefeuilles des Finances et de l’Énergie, qui étaient convoités par le SPLM. Coupant court à toute allusion à une quelconque amertume entre le SPLM et le CN, le vice-président de ce parti, Nafie Ali Nafie, a affirmé que l’attribution du ministère de l’Énergie a obtenu « l’accord total des deux parties ». Le sud, devenu quasi autonome par la partition de facto imposée par la guerre civile, renferme une large partie des richesses pétrolières du pays, l’une de ses principales ressources en devises. Mais les installations industrielles pétrolières et les oléoducs se trouvent au nord. Le gouvernement est désormais investi de la mission délicate de convaincre la population du sud qu’elle serait bénéficiaire au sein d’un « Soudan uni », afin qu’elle n’opte pas pour la sécession lors du référendum d’autodétermination prévu au terme de la période transitoire de six ans, entamée le 9 juillet. « Même si le SPLM avait obtenu tous les portefeuilles importants, le processus consistant à faire de l’unité une option crédible et convaincante aurait été long et difficile », a déclaré l’analyste David Mozersky à l’AFP. « La question est de changer l’ensemble du système institutionnel et la manière dont le gouvernement traite les gens », a-t-il ajouté. Les sudistes, en majorité animistes et chrétiens, se plaignent d’être traités comme des « citoyens de deuxième classe » ou des « esclaves » des arabo-musulmans du nord. La communauté internationale a été très active dernièrement dans le sud, notamment par le biais d’aide et d’investissements destinés aux régions dévastées par le conflit, qui a fait 1,5 million de morts et 4 millions de déplacés et réfugiés. Le sud, marginalisé avant la guerre civile, a aujourd’hui d’autant plus besoin de fonds et d’efforts pour sa reconstruction. Des années seront nécessaires pour déminer les zones de combat, rapatrier les réfugiés et les déplacés, construire des routes et développer l’économie locale. M. Mozersky estime que le processus de paix a besoin de sécurité. « Il faut que la communauté internationale se réengage à nouveau. Actuellement, son rôle n’est pas clair dans la supervision du processus de paix. Elle devrait garantir le respect du calendrier et de l’esprit de l’accord de paix par les deux parties », estime-t-il. L’accord de paix s’il réussit et devient viable sera perçu comme un modèle pour le règlement du conflit du Darfour. Cette région de l’ouest soudanais peu développée est enlisée depuis février 2003 dans une guerre civile, qui oppose principalement deux groupes rebelles à l’armée gouvernementale, appuyée par des milices arabes. Le conflit a fait jusqu’à présent quelque 300 000 morts et 2,4 millions de déplacés et réfugiés. Mohammed Ali SAID (AFP)

Le défi des anciens frères ennemis du Soudan, réunis dans le premier gouvernement d’union nationale, sera de faire du « Soudan uni » une option crédible pour la population du sud, actuellement en faveur de la sécession et d’un État indépendant.
Le premier « gouvernement d’union nationale » au Soudan a été formé mardi, à l’issue de plusieurs semaines d’âpres...