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Actualités - OPINION

Éclairage Les milices chiites accroissent leur emprise sur le sud de l’Irak

L’enlèvement à Bassora par des miliciens chiites de deux soldats britanniques, détenus initialement par la police et finalement libérés par l’armée, illustre l’influence croissante des milices dans le sud du pays. Les miliciens, appartenant à l’Armée du mehdi du leader radical chiite Moqtada Sadr, selon des sources policières et un député chiite, ont réussi le coup de force de s’emparer des deux soldats qui se trouvaient aux mains de la police. Le degré de complicité dont ils ont bénéficié au sein de cette dernière reste inconnu. Les forces britanniques ont libéré leurs deux soldats lundi soir, dans une maison de la ville où ils étaient détenus par les miliciens. « Indéniablement, la situation à Bassora et dans certains quartiers de Bagdad indique que la rue chiite est de plus en plus contrôlée par les milices », a estimé Gilles Kepel, chercheur français et spécialiste du monde arabe. « Elles deviennent des acteurs autonomes », a-t-il ajouté. Dans un contexte de fragilité extrême des institutions étatiques, les milices chiites disposent d’un soutien important dans les milieux populaires et pauvres, allant jusqu’à exercer certaines missions régaliennes de l’État. D’autant que leur communauté, contre laquelle le chef d’el-Qaëda en Irak Abou Moussab al-Zarqaoui a lancé une « guerre totale », est la cible privilégiée d’attentats sanglants. « Les milices ont mis en place un maillage du tissu social. Elles s’occupent du ramassage des ordures, gèrent les centres de soins, redistribuent les biens et les services et exercent les fonctions de maintien de l’ordre », a expliqué Gilles Kepel. À Bassora, l’affaire des deux soldats britanniques est le signe que ces milices sont prêtes à défier ouvertement le pouvoir des forces de sécurité, dont le degré de fidélité à Bagdad est sujet à caution. Cet incident « pose ouvertement la question de la loyauté de la police », souligne M. Kepel. « Si des milices incontrôlées se développent, il va être compliqué pour le pouvoir central de mettre en œuvre un processus d’institutionnalisation et de stabilisation politique », juge le chercheur. Le journaliste Steve Vincent, assassiné le 2 août à Bassora, avait à plusieurs reprises dénoncé l’influence croissante des milices religieuses chiites au sein des forces de sécurité dans la région. Les responsables américains et britanniques relativisent pourtant ces allégations et minimisent la dernière poussée de fièvre. « Bassora est un des endroits les plus sûrs » du pays, assure un officiel américain à Bagdad sous couvert d’anonymat, qui juge que le dernier incident « constitue un pic de violence et de tension ». Mehdi LEBOUACHERA (AFP)
L’enlèvement à Bassora par des miliciens chiites de deux soldats britanniques, détenus initialement par la police et finalement libérés par l’armée, illustre l’influence croissante des milices dans le sud du pays.
Les miliciens, appartenant à l’Armée du mehdi du leader radical chiite Moqtada Sadr, selon des sources policières et un député chiite, ont réussi le coup de force...