LOISIRS - Abdallah Daou, un ingénieur libanais, est l’inventeur du projet Une île flottante, avec hôtel, restos et night-club bientôt en rade de Jounieh

Le ministère du Transport a délivré au Beirut International Marine Industry & Commerce le permis de construire une île flottante de 62m de long et 48m de large. Cette île, qui sera ancrée en rade de Jounieh, pèsera 3 000 tonnes et roulera à une vitesse de cinq nœuds. Elle abritera un Resort hôtel dessiné par le bureau d’architecture canadien Crang & Boake. Et, innovation radicale, on n’a pas besoin d’avoir le pied marin, l’île flottante ne tangue pas, même par fortes intempéries. L’auteur de cette invention, titrée DHWO 4, est un ingénieur libanais, Abdallah Daou. L’île flottante, qui devrait se déplacer tout au long de la côte libanaise ou prendre le large jusqu’en Égypte, a suscité beaucoup d’interrogations et de critiques dans les médias. La polémique a notamment porté sur la pollution qui pourrait être engendrée par cette île et, par conséquent, les dégâts que pourrait subir la faune sous-marine du fait de ce projet. En quoi cette île peut-elle être différente d’un paquebot ? « Tout grand navire est comparé à une île flottante sauf qu’il a besoin de neuf mètres de profondeur pour la navigation et peut tanguer par fortes intempéries. Notre île flottante peut s’avancer jusqu’à trois mètres du rivage et a une structure aussi stable qu’une véritable île sur laquelle on construit des hôtels, des résidences, des complexes de loisirs sans pour autant remblayer la mer », explique le concepteur de l’île flottante, Abdallah Daou, soulignant que « c’est une innovation radicale dans le monde de l’ingénierie marine. Elle est basée sur des calculs et des spécifications requises pour les structures flottantes qui sont appliquées suivant les normes maritimes (Marine Ranks) ». Il ajoute qu’il lui a fallu « 23 ans de recherche et de développement de la technique marine pour aboutir à ce concept avant-gardiste ( … ) Le mélange des matériaux utilisés, à savoir l’acier et le plexiglas (très solide tout en étant plus léger que l’acier), est avantageux et permet une structure plus stable et plus allégée ». Il précise que « cette stabilité est due à un montage hydrodynamique de divers corps composants, c’est-à-dire d’un système de plusieurs coques assemblées sur une structure de fer cimenté (ferro ciment) mis au point par Antoine Neeman, ingénieur professeur à l’université de Chicago ». Daou rappelle que « nos ancêtres furent les premiers innovateurs en créant des bateaux 5000 ans avant J-C. Aujourd’hui, c’est un Libanais qui lance un nouveau concept de construction maritime en utilisant les matériaux de la modernité et en y appliquant de nouvelles techniques de conception. Un nouvel âge dans l’industrie marine qui s’annonce. Aucune compétition n’est à craindre puisque nous détenons les droits de propriétés et d’invention. C’est un nouveau marché qui ouvre des possibilités énormes aux ingénieurs et constructeurs. D’ailleurs, le bureau parisien Veritas, qui a planché sur cette étude, a donné son feu vert aux assureurs internationaux et a signé un accord de confidentialité pour préserver le secret de cette invention », a dit Abdallah Daou. Il signale aussi que le concept de l’île flottante a fait l’objet d’une conférence donnée à l’Université américaine de Beyrouth en 2003, « en présence d’un des génies britanniques de Shell Design, le professeur John Lashen, qui m’a exprimé sa vive admiration », précise Abdallah Daou. L’île flottante plantera un nouveau décor au large de Jounieh : un Resort hôtel composé d’un rez-de chaussée et de trois étages. Sur le pont supérieur on trouve des jardins, un night-club, un restaurant pouvant servir 450 couverts, ainsi qu’une piscine semi-olympique (17 x17m) dont le fond, ouvert directement sur la mer mais protégé par des filets, permet de découvrir la faune et la flore sous-marine. Surplombant la piscine, 64 chambres (entre 27, 33 et 40m2) et 104 cabines sont réparties sur les deux premiers niveaux, le troisième étant occupé par un restaurant pouvant accueillir 500 personnes. Signalons enfin que le président de la municipalité de Jounieh, Juan Hobeich, l’homme d’affaires Élie Abboud, le fils de l’ancien ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Talal ben Ali al-Chaer et Abdallah Daou participent à ce projet à hauteur de 25%. Les 75% des actions restantes seront bientôt offerts à la vente. May MAKAREM