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Actualités - OPINION

IMPRESSION Au bois dormant

Un drôle d’été, cet été qui se ferme. Un été suspendu aux lèvres du juge allemand. Mehlis a dit. Qu’a dit Mehlis ? Le peuple accompagne l’enquête, s’érige en instructeur, attend « la vérité », la parole qui libère et qui venge. La rumeur enfle et gronde, et chacun ronge comme un os un bout d’information. Le journal télévisé n’apporte toujours rien, s’achève sur un silence frustrant. L’Irak se noie dans le sang, La Nouvelle-Orléans dans le déluge, mais après nous, le déluge ! Nous, on attend. On ne respire plus, on ne consomme plus, on ne travaille plus, on n’imagine plus, on ne fait plus de projets. Mehlis a demandé une prolongation. Quarante jours encore. Quelques milliers de kilomètres supplémentaires dans le long tunnel que nous traversons avec lui. Tiendrons-nous ainsi jusque-là ? Jusqu’à la lumière promise, le châtiment des assassins et des voleurs, des tyrans et des oppresseurs ?… Se peut-il que d’une seule sentence, d’un seul coup de balai magique, nos écuries d’Augias se mettent à sentir la violette après tant d’années de fumier cumulé ? Voilà que nous avons avec le résultat de l’enquête un rendez-vous amoureux. Une de ces rencontres promises qui vous empêchent de penser à autre chose, qui vous happent à votre quotidien et vous envoient errer dans un rêve. Voilà que vous vivez par anticipation le jour et l’heure. Ils vous semblent parfois si lointains que vous dormiriez bien cent ans pour oublier cette douleur de l’attente et les affres de l’impatience. Bientôt, de la bouche de Mehlis viendra le baiser qui réveille, celui d’un prince qui a terrassé un dragon. Pourvu que nous ne soyons pas trop engourdis de sommeil, car de ce baiser-là viendra le temps d’agir, et nous aurons long à faire pour défricher nos bois dormants. Fifi ABOU DIB
Un drôle d’été, cet été qui se ferme. Un été suspendu aux lèvres du juge allemand. Mehlis a dit. Qu’a dit Mehlis ? Le peuple accompagne l’enquête, s’érige en instructeur, attend « la vérité », la parole qui libère et qui venge. La rumeur enfle et gronde, et chacun ronge comme un os un bout d’information. Le journal télévisé n’apporte toujours rien, s’achève sur un...