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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Évoluer avec l’histoire Par Hyam Mallat «Cordonnier, pas plus haut que la chaussure ! » Cette maxime connue depuis l’Antiquité serait, selon Pline, la réplique du peintre grec Apelle (IVe siècle avant J-C) à un cordonnier qui, critiquant la façon dont il avait peint une sandale, s’était mis à juger le tableau entier. Que de cordonniers dans notre vie politique libanaise ! Non point que je n’ai pas de l’admiration pour tous ceux qui savent créer avec leurs mains, mais à chacun ce qui lui revient. Pour quiconque ignore, néglige ou méconnaît l’histoire du Proche-Orient et la composition sociopolitique de ses sociétés, les actes de violence et de terrorisme, les assassinats, les liquidations et tout ce qui se déroule sur la scène régionale pourraient bien représenter de véritables situations anachroniques et incompréhensibles aux yeux des sociétés contemporaines. Et pourtant, à bien considérer les choses, il faut reconnaître qu’au cours des derniers siècles et jusqu’à ce jour, le Proche-Orient n’a cessé d’interpeller les politiques et les diplomaties de tous bords, surtout occidentales, tant les problèmes humains et politiques, dans leur singularité, sont matière à incompréhension faute de les appréhender dans leur profondeur historique et leurs antagonismes sociopolitiques. Et pour commencer, il est bon de rappeler que le 1er octobre 1918, au couvent des pères jésuites de Taanaïl, Kamal Atatürk, alors officier supérieur dans l’armée ottomane d’Orient, Jamal Pacha, commandant de la 4e armée ottomane en Orient, et le général allemand Liman Von Sanders, chef de la mission militaire allemande en Turquie de 1913 à 1918, prirent la décision historique de se retirer du Liban car la chute des villes de la Palestine et de Damas aux mains des Alliés ne leur permettait plus de résister sur le front de Rayak. Ce retrait ottoman d’une région qu’ils avaient gouvernée sans interruption et sans partage durant 402 ans devait être à l’origine d’une explosion de revendications politiques et religieuses. En effet, comment se présentait grosso modo, il y a moins de 90 ans, ce Proche-Orient brusquement saisi par la tourmente d’un changement qui n’a pas fini de s’imposer comme une constante de la politique et de la diplomatie régionale et internationale. En effet, l’un des moyens majeurs qui ont permis aux Ottomans de durer dans cette mosaïque infernale du Moyen-Orient aura tout simplement été de consacrer les structures politiques, sociales et religieuses héritées de l’époque mamelouke, elle-même héritière sur ce plan-là d’un passé où tout s’articulait autour de la cité, d’une famille, d’un clan, d’une tribu, d’une communauté. Ne pas s’attaquer donc à l’ordre établi hérité, mais le consacrer en l’état et exiger le paiement de l’impôt et le maintien de la sécurité. Et c’est ainsi que l’Empire ottoman créa les « vilayets » au Moyen et au Proche-Orient. Dans cette institution, le wali se devait de collecter l’impôt – via des structures locales reconnues parfois, comme ce fut le cas du Mont-Liban – et laisser les gens vaquer à leurs affaires en bonne intelligence. Certes, les choses ne se passaient jamais de manière idéale mais les différents groupes de la société orientale y trouvaient leur compte, chacun gérant ses affaires personnelles et familiales, tribales et claniques. Il fallut les vacillements de l’Empire ottoman – véritable homme malade dès la moitié du XIXe siècle – pour que ces sociétés, disparates face à la modernité, commencent à entrer en conflit ou à s’entendre entre elles en prévision d’une chute désormais prévisible de l’empire. Chose annoncée, chose faite ! Lorsque cet empire tombe en 1918, il y a 87 ans, ces sociétés n’ayant plus d’adversaire commun – à savoir les autorités ottomanes – se retrouvèrent soumises à des mandats, protectorats et autres inventions juridiques de la SDN qui, voulant les pousser à se rencontrer et à s’identifier dans le cadre d’États nationaux – véritable innovation politique pour eux -, va en fait les porter à se crisper et à identifier leurs différences, même sous couvert d’un discours de rassemblement et d’unité. Car il est nécessaire de relever que cette nouvelle conception d’États nationaux avec des frontières reconnues, des autorités publiques élues ou nommées selon des dispositions légales, était chose tout à fait singulière et originale dans un Moyen et un Proche-Orient qui ne reconnaissaient, et qui ne reconnaissent aujourd’hui encore, dans bien des situations, que l’hérédité politique pour institution et les discours publics, sans souci d’exécution de programmes. C’est pourquoi les revendications en faveur de l’unité arabe et/ou de l’unité nationale dans le cadre des politiques intérieures des États ont toujours visé moins à réaliser des revendications qu’à se protéger contre «l’autre », quel qu’il soit et quelles que soient les différences : ethnique, raciale, religieuse, communautaire, régionale, en fixant des objectifs politiques ambitieux pour frapper l’imagination des citoyens et occulter leurs problèmes quotidiens. Dès lors, quel modèle démocratique sain pouvait-il s’instaurer et se développer dans des milieux où les garanties de libre exercice des droits, de reconnaissance des identités communautaires et de développement social, culturel et économique étaient des objectifs mythiques de propagande et non des réalisations vécues et menées avec détermination et dévouement. C’est pourquoi aussi, dans ce Proche et ce Moyen-Orient formés non de mosaïques mais de zizanies humaines et religieuses – car une mosaïque possède au moins l’aspect de la cohérence pour lui assurer la solidité –, issues d’une histoire plusieurs fois millénaire, tissée, même en situation de calme, sur un fond de drames et d’inquiétudes ne pouvait déboucher que sur des monarchies et des dictatures qui, parlant haut de démocratie et de liberté, n’avaient pratiquement cure ni de l’une ni de l’autre. Et c’est ainsi que la marche vers la reconnaissance du droit à la vie et de la liberté individuelle,qui est l’abc de la liberté, ne pouvait être une réalité nationale car elle risquait de mettre en danger ou les privilèges d’une majorité ou ceux d’une minorité au pouvoir. Pratiquement donc, cette désespérance politique de plusieurs années, résultat de divers facteurs – dont les conséquences de la première guerre israélo-arabe de 1948, avec l’effondrement de régimes à peu près démocratiques, comme la Syrie, l’Égypte et la série de coups d’État militaires et d’instauration de la dictature – va marquer le Proche et le Moyen-Orient de la seconde moitié du XXe siècle. Comment en aurait-il été autrement puisque l’exercice de la fonction électorale, l’élection de municipalités et autres sont aujourd’hui encore phénomènes singuliers dans des sociétés soit en crise avec leur propre identité, soit en tentative de transition et de forte acculturation ? Il en est ainsi de l’agressivité – j’allais dire la férocité – des systèmes qui veulent défendre leurs privilèges sous couvert de droits et des groupements et personnes qui recourent au terrorisme et à la violence pour déchirer une page passée de leur histoire et leur refus de tout nouveau système politique qui ne serait pas à leur convenance. C’est dans ce champ de mines forgé par cette conjoncture explosive de paramètres dissemblables dus à l’histoire, la politique, la dictature, la religion, l’économie que se meut le Proche-Orient. Pourquoi ? Parce que 87 ans après la chute de l’Empire ottoman et en dépit de la création d’États qui ont souvent condamnés les hommes et les femmes à vivre sous la dictature et la dépendance et à mettre en situation de risque d’autres pays comme le Liban, ces mêmes États sont incapables de forger une conscience nationale qui ne serait pas antagonisme et exclusion, avec un refus du passé en lieu et place d’une assimilation clairvoyante des contingences historiques pour rassurer les membres de cette société confrontés à une interpellation inquiétante de leur avenir. Tant qu’il existera dans le monde arabe – et particulièrement au Liban – un discours où les mots remplacent les actes les plus simples pour aider le citoyen dans son existence quotidienne, l’exclusion et la pauvreté, et donc le refus de la démocratie et de la liberté, resteront présents. Que la politique apprenne que rien ne s’oublie dans la mémoire collective d’une nation, et au Liban plus qu’ailleurs. C’est dire le défi qui se présente à notre pays et la sagacité qui s’impose à nos dirigeants. Il s’agit pour ceux-là d’évoluer dans la convivialité avec l’histoire et non point d’arracher les pages de cette même histoire. Bachir : l’architecte d’une nation À chaque mot, on associe une image dans l’espoir de l’accrocher à un neurone. Ainsi, à chaque mot correspond une image. L’homme est à l’image de Dieu. Au Liban on associe les cèdres. Gibran, on le ramène à sa dimension du « Prophète ». La ville de Bécharré est prisonnière de sa vallée. Au mot Bachir s’associe une panoplie d’images que les volutes et les spirales du temps ne terniront jamais. Bachir est un alliage d’un territoire limité géographiquement, illimité historiquement et la naissance d’un preux qui continue et continuera à être une figure de proue dans la conscience collective des Libanais. La perte d’un père est pénible. La perte du Père est insurmontable. On pleure un père, et la tête s’incline comme un saule pleureur. Pleurer le Père, et la tête s’incline vers le « sol » pleureur. Il ne reste plus rien de ce qui a été la totalité d’un legs et la tonalité d’une voix. Ses allocutions sont les pilotis d’une nation. Bachir n’était pas uniquement l’architecte d’une nation, mais aussi un architecte accompli du mot. Il manipulait le mot avec autant de prestesse que la brise batifole souplement autour du jasmin, et autant de fougue, d’emportement et de véhémence qu’un déluge de février. Dans le même discours, il accolait l’exhortation à l’homélie, la main tendue aux doigts crispés. Sa tenue militaire ne cadençait pas ses cordes vocales. Il savait à quel moment précis métamorphoser le mot en un couperet ou en un effleurement d’une humanité qui ne l’a jamais quitté. Et comme la guerre ne se faisait pas au pied levé, sa rage contre la guerre s’improvisait. Il ponctuait sa parole de motif, l’injectait de verve, la dévidait de superlatif. Le mot haut, mais jamais lui-même. Une perle noire ancrée dans le gosier du temps. Maintenant qu’il n’est plus là, sa voix est partout. Résonnante dans les cavités du je-m’en-fichisme politique. Rebondissante contre les remparts de l’ascétisme intellectuel. Son timbre continue à faire tressaillir la raideur du fil torsadé de la mesquinerie « drapeautique ». Il s’adressait à tout le monde tout en regardant chacun. Entre le peuple et lui, il y avait le trait et l’union. À l’unisson avec le peuple, son peuple, il s’unissait à sa meurtrissure. Aux orphelins, il a parlé. Aux veuves, il a parlé. Aux mères, il a parlé. Aux pères, il a parlé. À Dieu, il a prié. Les martyrs, il a préféré les rejoindre. Le tribut de son départ est lourd. L’attribut de son verbe est ailé. Saïd GHAZAL Paris NDLR L’article paru en page 5 de L’Orient-Le Jour du lundi 12 septembre sous le titre « Pour un musée Béchir Gemayel » était de Gaby Jean Chami dont la signature, en raison d’une erreur de manipulation informatique, avait disparu – ce dont nous nous excusons. Gouvernement de «militaires», ou la tromperie des mots Le mot peut être porteur de mensonges et de tromperies, surtout s’il est répété avec obstination par ses messagers, suivant le conseil de Voltaire: «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose.» Nous en avons un exemple dans la polémique entre les ténors du PSP et le général Aoun. Celui-ci n’a pas besoin d’être défendu, et son parti possède des combattants assez solides pour repousser les attaques. Mais, lorsque la déformation de la vérité dépasse les bornes, il appartient à ceux qui furent témoins des bouleversements survenus en 1988-89 de rétablir objectivement la vérité. Ainsi, les porte-parole du PSP disent qu’ils redoutent «un retour des militaires au pouvoir… Nous refusons de tolérer, encore une fois, un régime militaire…» (L’Orient-Le Jour du 12/9/05, page 3). Si, par là, ils font allusion à l’époque où le général Aoun était au pouvoir, il faut leur rappeler qu’il a été nommé chef du gouvernement par décret présidentiel du 22 septembre 1988. En face de lui, il y avait l’équipe de M. Sélim Hoss, autoproclamé Premier ministre à la suite du décès le 1/6/87 du regretté Rachid Karamé, lui-même déjà démissionnaire depuis le 15/1/86, date après laquelle il n’a plus été capable de réunir ses «ministres-partisans» une seule fois. Cet état de «vacuum» a duré 33 mois jusqu’à l’arrivée au pouvoir du général Aoun. Celui-ci est resté constitutionnellement le seul détenteur du pouvoir, jusqu’à ce que le coup de force du 13 octobre 1990 ait été cause de son départ. Il retourne aujourd’hui au Liban après treize ans, redevenu simple civil. Quelle autorité sur les forces armées détient-il pour que ses adversaires soulèvent l’épouvantail du «régime militaire»? Et comment peut-on – à part le rappel de la dignité dont il garde le titre – parler ici de «retour des militaires au pouvoir»? Ce sont là des coups bas qu’il est indispensable de dénoncer. Il est vrai que, dans les luttes politiques, beaucoup d’incorrections sont commises. Mais la mise en pratique de l’infâme adage de Voltaire méritait d’être dénoncée. Albert SARA La chance des quatre généraux Ces derniers jours, on nous a rebattu les oreilles avec les déclarations de certains responsables soulignant que les quatre officiers détenus à Roumieh ont droit à un traitement convenable, à des conditions de détention respectant les droits de l’homme en général et les droits des prisonniers en particulier. On a parlé en long et en large de la superficie de leurs cellules, de leur droit à recevoir les médicaments nécessaires à leur état de santé, de leur droit à recevoir la visite de leurs avocats ainsi que de leurs familles, etc. Pour qu’on ne s’y méprenne pas, disons tout de suite que toutes ces requêtes sont élémentaires et totalement justifiées dans tout État de droit qui se respecte – et le Liban fait heureusement partie de ces États. Mais l’aberration vient des parties qui sont à l’origine de ces requêtes. En effet, ces parties, qui étaient au pouvoir durant la dernière décennie (et dont les officiers en question étaient la pierre angulaire), ont bafoué et piétiné les droits les plus élémentaires des citoyens et notamment des prisonniers. Ils ont fait la sourde oreille à toute demande d’amélioration des conditions de détention de certains prisonniers, et je parle ici en particulier des membres des Forces libanaises arrêtés à la prison de Yarzé. Aujourd’hui, les temps ont changé et nous en sommes très fiers d’ailleurs. Les quatre généraux arrêtés dernièrement peuvent être sûrs que personne ne va porter la main sur eux, aucun geôlier n’osera les insulter et encore moins les menacer. Ils peuvent être sûrs que leur sommeil ne sera pas perturbé par les cris et les supplications de leurs codétenus en train d’être « interrogés » par des enquêteurs sans cœur, sans âme et sans visage. Ils peuvent enfin être sûrs qu’ils ne vont pas avoir la mauvaise surprise d’apprendre un matin qu’un de leurs collègues est mort la veille dans sa cellule d’une soi-disant crise cardiaque. Oui, les temps ont bien changé. D’une part, nous sommes en train de vivre l’avènement d’un véritable État de droit au Liban et, d’autre part, l’équipe chargée de l’enquête en cours est composée d’une centaine de personnes venant des démocraties les plus avancées de la planète. Oui, nos quatre généraux sont de sacrés veinards. Tant mieux pour eux et tant mieux pour le Liban. Raja RASSI Laissons faire Mehlis S’il est vrai que le rapport Mehlis revêt une importance capitale pour la remise du Liban sur les rails, il ne faut pas oublier que d’autres problèmes affectent le pays. Problèmes dont seules les ménagères semblent se soucier : hausse du carburant, des denrées alimentaires, coupures permanentes d’électricité, approvisionnement en eau dépendant du bon vouloir de certaines personnes haut placées, sans oublier l’aggravation de l’état des routes et de l’esprit des conducteurs. Laissons dès lors M. Mehlis faire son travail, dont il a prouvé à plusieurs reprises être digne, et essayons de régler les autres problèmes affectant notre vie quotidienne, pour notre bien-être et celui de nos enfants. À quand le retour de la Suisse de l’Orient ? Une chose est sûre : si personne ne bouge, ce n’est pas pour demain. Antoun TABET Démocratie et intégration Bravo Chady ! (voir L’Orient-Le Jour du 12 septembre, « La croix et le croissant », par Chadi Hajj Ali). Vous n’avez que 23 ans, et vous avez l’expérience et la sagesse intellectuelle de quelqu’un qui a souffert très tôt. Ce que je comprends aussi, c’est que vous êtes né au Sénégal, ne connaissant pas géographiquement votre autre pays, mais intellectuellement bien sûr que si. Vous êtes l’exemple de la démocratie et de l’intégration. Comme quoi des réponses aux maux libanais peuvent parfaitement exister en dehors du Liban. La dichotomie islam/extrémisme doit exister pour éviter ce mélange hasardeux et désastreux . Il faut donc que la démocratie s’applique au sein même de l’islam pour éviter qu’une minorité obscurantiste continue de nuire aux valeurs fondamentales de cette belle religion. Cela doit être aussi expliqué aux autres religions, et chacune doit contribuer à faire appliquer cette tolérance qui les caractérise toutes les trois. Encore bravo, Chady, pour votre témoignage. Dr Riad JREIGE Deux poids, deux mesures À celui qui réclame l’aménagement de chambres de luxe pour les responsables militaires chargés de par leurs fonctions de la protection des citoyens et suspects aujourd’hui dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, pourquoi n’avez-vous pas exigé un tel traitement, lors de votre accession à la présidence de la République, pour Samir Geagea ? Faut-il rappeler que le chef des Forces libanaises était incarcéré dans un cachot de 3 mètres par 2 où ne parvenait pas le soleil, alors qu’on lui faisait grief, sur l’insistance des Syriens, d’actes graciés par la loi ? Maroun Youssef AYOUB Le lien avec la patrie C’est avec un grand plaisir que je lis votre journal tous les jours. En effet, c’est le lien qui nous attache à notre patrie, nous qui sommes « une génération sacrifiée », puisque nous avons quitté le Liban très jeunes, quand la guerre a éclaté en 1975. Mais notre rêve est d’y retourner un jour. Je voudrais vous féliciter et vous encourager dans votre travail. Il faut qu’à travers vos écrits, vous puissiez unir encore plus tous les Libanais. Que Dieu bénisse le Liban uni et fier. Imad BADREDDINE Abidjan, Côte d’Ivoire Le souvenir de Senghor J’ai lu avec intérêt que l’Agence intergouvernementale de la francophonie organise un concours de textes présentant et commentant l’œuvre de Léopold Sédar Senghor. Cet ancien président de la République du Sénégal était un homme de lettres qui s’intéressait aussi à l’histoire et à l’archéologie. En remerciement pour les ouvrages sur l’histoire et l’archéologie des cités phéniciennes que je lui avais fait parvenir, il m’adressa une copie de Poèmes, son recueil de poésie, dédicacé et accompagné d’une lettre dans laquelle il m’annonçait qu’il étudiait pendant ses heures de loisir l’histoire et l’archéologie du Moyen-Orient et de l’Inde, celles donc de notre pays aussi. Nina JIDÉJIAN Vivre sa « différence » au Liban Le supplément de L’Orient-Le Jour (Week-end n° 7) a publié un article sur la « différence » qui condamne, article qui montre combien il est presque impossible de vivre normalement si on a la malchance de préférer une personne du même sexe. En attendant que les mentalités changent, je suggère qu’au moins la loi évolue et que l’article 534 du code pénal qui condamne les actes contre nature soit revu par le législateur. Il est même possible que le Liban soit privé de l’aide financière qu’accorde l’Europe aux pays méditerranéens dans le cadre du partenariat Euromed si elle se rend compte de l’existence d’une pareille loi. Je souhaite que nos députés, qui sont maintenant plus jeunes, plus ouverts, aient la charité de légiférer pour aider des personnes qui n’ont sur la conscience que d’avoir une orientation sexuelle donnée. Laura KHOURY Une taxe inutile Mon courrier paru dans L’Orient-Le Jour du 17 août sous le titre « Taxe sur l’épargne » est demeuré sans réactions à ce jour. Dans une déclaration du 7 courant, le ministre Kabbani accusait le chef de l’État d’avoir fait avorter pour la seconde fois Paris II. Alors, je me demande à quoi aura servi cette taxe prévue comme pierre angulaire pour un pacte en instance d’exécution. Comptant sur la nouvelle transparence du gouvernement actuel, j’en saisis à nouveau le Premier ministre pour la suite à donner à cette taxe, fruit de sa décision personnelle. Raymond CHEAIB Les richesses de la mer Concernant les projets divers qui pourraient voir le jour sur les côtes libanaises, et sans doute en délabrer irréversiblement la faune et la flore , j’ai relevé ce qui suit au menu d’un restaurant napolitain. Antipasti : Seppie e pepperoni / cestino di Nettuno / Gamberi e corciofi / Carpaccio di pesce spada / Marinato misto / Souté di frutti di mare / Souté di Vongole / Souté di cozze I primi : Risotto mare / Spaghetti ai frutti di mare / Linguine agli scampi Le paste : Fettucine con calamaretti e rucola /Paperdelle di Sandrina (con vongole e carciofi) / Linguine della tana / Linguine all’astice / Capellacci all’Eduardo (con zucca e pesce spada) Secondi pesce : Frittura del golfo / Spada dello chef / Pesce spada alla brace / Spigola fritta / Spigola della tana / spigola dello chef / Pesce al sale / Calaaro alla griglia / Calamaro in casseruola / Frittura calamari e gamberi / Grigliata mista / Gamberoni al gratin / Astice / Pesce fresco del giorno Lexique : Pesce : poisson / Seppie : seiche / Gamberi : écrevisse / Scampi : langoustine / Vongole : clovisses / Cozze : moules / Calamaro : Calamar / Calamaretti : petits calamars / Spigola : loup de mer / Gamberoni : crevettes / Spada : espadon Vu cette richesse et cette diversité marine et culinaire, que dire ? Sinon que Dieu protège notre « samkeh harra » nationale et nous préserve des projets mirifiques qui risquent une fois de plus de détériorer notre univers sous-marin déjà fort mal en point. Serge SÉROF Renaissance À travers nos souffrances et nos larmes Une nation s’est réveillée Imbue d’un sens patriotique retrouvé Cet élan servant d’exemple Aux peuples opprimés. L’indépendance et la liberté On en rêvait Depuis la souillure de notre patrie vénérée. À l’unisson nous dénonçons Les traîtres de notre nation Voulant semer la discorde Entre les fils de notre patrie bien-aimée. Bientôt nous dresserons notre statue Celle de la liberté, de l’entente Et de la fraternité Sève et croyance De tous les Libanais. Rien ne pourra plus nous séparer Malgré les attentats et les calomnies injustifiés. Le Liban renaîtra Svelte et robuste À l’image de nos cèdres éternels. Dans une ambiance fraternelle Nous entonnerons notre hymne national L’hymne de l’espérance De la pérennité d’un Liban attaché À ses principes inébranlables De justice et de liberté ! Hilda DADOURIAN Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Évoluer avec l’histoire
Par Hyam Mallat

«Cordonnier, pas plus haut que la chaussure ! »
Cette maxime connue depuis l’Antiquité serait, selon Pline, la réplique du peintre grec Apelle (IVe siècle avant J-C) à un cordonnier qui, critiquant la façon dont il avait peint une sandale, s’était mis à juger le tableau entier.
Que de cordonniers dans notre vie politique libanaise...