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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Un Égyptien crée une alternative aux personnages des bandes dessinées occidentales Superman n’a qu’à bien se tenir, les superhéros arabes sont là !

« Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? » Non, c’est Jalila, la nouvelle superhéroïne d’une bande dessinée arabe. Cheveux noirs au vent et tenue moulante, elle fend les airs pour faire régner la justice au Proche-Orient. « Je vais te faire avaler ces menaces avec le reste de tes dents, assassin ! » lance-t-elle au méchant, en lui décochant une droite dans les mâchoires. Deux femmes, Jalila et Aya, et deux hommes, Zein et Rakan, sont nés de l’imagination de l’Égyptien Ayman Kandeel, 36 ans, comme alternative aux Superman, Batman, Spiderman et autres personnages des bandes dessinées occidentales, tel également The Mask. M. Kandeel a fondé la société AK Comics au Caire en 2003 et a décidé de conquérir le marché local avec ses quatre héros. Zein, « le dernier pharaon », exerce son pouvoir sur toute la région. Rakan, « le guerrier solitaire », hante les déserts de la péninsule arabique et de la Perse. Aya, « la princesse des ténèbres », est née en Algérie. Et Jalila est la libératrice de la « ville de toutes les croyances », une référence à Jérusalem. Zein, Aya et Jalila vivent dans une époque imaginaire, après la « guerre des 55 ans » qui s’est conclue par une paix générale au Proche-Orient, maintenue par les « Forces arabes unies ». Rakan vit dans le passé, ses parents ayant péri lors de l’invasion mongole. Leurs armes ont des noms d’inspiration orientale : l’ordinateur Isis pour Zein et « l’épée de Majido » pour Rakan. Des quatre, lui seul inflige la mort à ses ennemis, du bout tranchant de son arme, bien qu’il ait, comme les autres, une aversion profonde pour la violence. « Ce triste étalage de la nature mauvaise de l’homme me rend malade », dit Rakan, devant un champ de bataille où les soldats gisent, transpercés de flèches. Mais si aucun minaret ni clocher n’apparaît dans les dessins, la religion restant un sujet tabou, la politique s’immisce dans les aventures. « Ces personnages sont un modèle pour les enfants. Préciser leur foi revient à dire qu’une religion est meilleure qu’une autre », explique Marwan al-Nashar, le directeur d’AK Comics. Jalila voit ses parents périr dans l’explosion de l’usine nucléaire de Dimondona. Or Israël possède une telle usine qui s’appelle... Dimona. L’ennemi déclaré d’Aya est « le chef du gang du monde souterrain » José Darian, ce qui n’est pas sans rappeler le nom du célèbre général israélien Moshe Dayan. Depuis la sortie du premier numéro en arabe en février 2004, le succès de la série a explosé sur le marché égyptien. De 400 exemplaires écoulés au lancement, la vente est passée à 6 000 un an plus tard pour atteindre 11 000 en juillet dernier. Selon la société, 54 % des lecteurs ont entre 7 et 14 ans. Bien que le numéro en couleur coûte moins d’un dollar, AK Comics a décidé de publier une édition en noir et blanc, vendue au prix symbolique d’une livre égyptienne (0,15 dollar). Les bandes dessinées importées, elles, coûtent en moyenne 22 LE, dans un pays où le revenu moyen mensuel est d’environ 650 LE. Les enfants peuvent aussi se plonger dans leurs aventures préférées sur les vols de la compagnie nationale Egypt Air. En juin, les premiers exemplaires ont débarqué dans les librairies en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats arabes unis. La déferlante doit toucher les côtes libanaises, syriennes et jordaniennes l’été prochain. Le succès est tel qu’en Égypte, une société alimentaire produit des chewing-gums à l’effigie des héros, alors qu’aux Émirats des cartons de jus portant leurs photos doivent bientôt être mis en vente. Un dessin animé est également en train de voir le jour dans des studios égyptiens. Mais les projets de développement se heurtent parfois aux sensibilités culturelles de la région. « Nous n’exportons que les aventures de Rakan et Zein vers le Golfe », explique M. Nashar. Les poitrines plantureuses, le visage maquillé et les cheveux aux reflets de soie des caractères féminins se heurtent aux barrières de la censure dans ces pays. Il justifie ce choix : « Un superhéros doit être en bonne forme physique. »

« Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? » Non, c’est Jalila, la nouvelle superhéroïne d’une bande dessinée arabe. Cheveux noirs au vent et tenue moulante, elle fend les airs pour faire régner la justice au Proche-Orient. « Je vais te faire avaler ces menaces avec le reste de tes dents, assassin ! » lance-t-elle au méchant, en lui décochant une droite dans les mâchoires.
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