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Actualités - ANALYSE

Journal de bord d’un observateur

« Il est midi, une nouvelle liste électorale arrive. Pourquoi ? » : d’une phrase neutre, Hussein A., observateur d’un jour, consigne ce fait étrange du scrutin présidentiel égyptien. À 30 ans, Hussein A., professeur d’arabe, fait partie des deux mille observateurs volontaires et indépendants entraînés par des ONG locales pour superviser la première présidentielle multipartite de l’histoire de l’Égypte. Ce n’est qu’au dernier moment qu’il a reçu le feu vert pour pouvoir tenir son « journal d’observateur » dans quatre bureaux de vote à Choubra al-Khaima, une banlieue déshéritée du nord du Caire. Il en a confié les grandes lignes jusqu’à la mi-journée à l’AFP, demandant à ne pas dévoiler son identité. « Arrivée à 07h30, avant l’ouverture des bureaux : un partisan de Moubarak colle des affiches à l’entrée de l’école Khaled Ibn Walid, où se trouvent les bureaux de vote. 08h00 : La confusion règne. Les fonctionnaires comptent les bulletins de vote. Les juges responsables des bureaux sont là. De nombreux policiers et des employés des services de renseignements (armés) occupent aussi illégalement le terrain. 08h30 : Le bureau ouvre, avec une demi-heure de retard. Seuls deux représentants de partis sont présents : un du Parti national démocratique au pouvoir (PND) et un du parti Wafd. La grande majorité des fonctionnaires sont aux couleurs du PND. 09h00 : Trois ordinateurs pour rechercher les informations de vote des électeurs sont installés. 09h30 : Un microbus blanc passe, une banderole pro-Moubarak accrochée à la carrosserie. Un homme scande dans un haut-parleur des slogans pour son président. Des dizaines de membres du PND arrivent en microbus et commencent à distribuer des tracts. 11h00 : Les électeurs empêchés de voter se plaignent. Parmi eux, Osman Iman Osman, possède une carte d’électeur valable, mais son numéro habituel (5015) est inscrit avec le nom de quelqu’un d’autre. Moins d’un quart des électeurs parviennent à atteindre les urnes. 11h00 : Le représentant du Wafd, Hisham Sobeih, dénonce : “Tous arborent des autocollants et des T-shirts pour Moubarak. ” “C’est une symphonie d’amour populaire”, se justifie Abdel Rahman Moustafa du PND, un autocollant de Moubarak sur le T-shirt. 11h15 : Un pick-up très animé passe, rempli de femmes et d’enfants brandissant des pancartes pro-Moubarak. 11h30 : Je note les plaintes des électeurs écartés du scrutin. Plusieurs membres du PND s’énervent. Je présente ma carte d’observateur et m’éloigne de quelques mètres. 12h00 : Une nouvelle liste électorale arrive. Pourquoi ? Sur les 21 600 électeurs inscrits dans les trois bureaux, moins de cinq cents ont voté jusqu’à présent. » Moïna FAUCHIER-DELAVIGNE (AFP)

« Il est midi, une nouvelle liste électorale arrive. Pourquoi ? » : d’une phrase neutre, Hussein A., observateur d’un jour, consigne ce fait étrange du scrutin présidentiel égyptien. À 30 ans, Hussein A., professeur d’arabe, fait partie des deux mille observateurs volontaires et indépendants entraînés par des ONG locales pour superviser la première présidentielle multipartite...