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Présidentielle - Les ONG dénoncent des irrégularités massives en faveur de Moubarak L’Égypte vote pour son raïs dans un climat de confusion

Les Égyptiens se sont rendus hier aux urnes à petits pas et dans la confusion pour choisir, pour la première fois, entre dix candidats leur raïs qui sans nul doute restera le président Hosni Moubarak. Des ONG ont en outre fait état d’irrégularités massives en faveur de M. Moubarak. Pour la première fois dans l’histoire du pays, 32 millions d’électeurs inscrits étaient invités hier à désigner leur président au suffrage universel. C’est par des plébiscites, aux pourcentages de « oui » supérieurs à 90 % aussi impressionnants que peu crédibles, que Hosni Moubarak avait été reconduit au pouvoir depuis un quart de siècle. Alors que l’issue de la première présidentielle égyptienne multipartite s’annonce sans suspense, Hosni Moubarak étant assuré à 77 ans d’un cinquième mandat face à des rivaux peu connus ou sans personnalité, le résultat officiel du scrutin devrait être annoncé au plus tôt dans la journée. Le président, accompagné de son épouse Suzanne et de son fils cadet Gamal, chef de la campagne « Moubarak 2005 », sont allés voter, sans mot dire, dès l’ouverture d’un bureau de vote d’Héliopolis, banlieue huppée du Caire. Son rival le plus pugnace, Ayman Nour, chef du petit parti libéral al-Ghad, a lui voté dans son fief de Bab al-Chaariyah, un quartier populaire du Caire, estimant que l’élection marquait « un tournant dans l’histoire » de l’Égypte. Outre M. Nour, le principal rival de M. Moubarak est Noumane Gomaa, 71 ans, chef du néo-Wafd, crédité par des commentateurs d’une seconde position. Hier soir, aucun chiffre de participation n’avait été communiqué par la commission électorale, qui avait néanmoins fait état à la mi-journée « d’une remarquable affluence des électeurs ». Une assertion que beaucoup ont rejetée. De fait, sur 8 000 inscrits à l’école expérimentale de Manial, au Caire, seuls 40 électeurs avaient voté, et ils n’étaient par exemple que 600 sur 10 000 dans le bureau voisin d’Ahmed Naher. Outre une participation faible, les correspondants de l’AFP ont constaté de nombreux cafouillages et irrégularités, au niveau notamment de l’opacité des listes électorales, de la lenteur des opérations et de la propagande incessante des partisans du président Moubarak autour des bureaux de vote. Pour ajouter à la confusion, la commission électorale a révisé sa position hier, deux heures après le début du scrutin, en acceptant, au cas par cas, la présence d’observateurs d’ONG locales. L’une d’entre elles, le Comité indépendant pour la supervision de l’élection, qui a 2 200 observateurs dans le pays, a affirmé que les « observateurs, dans la plupart des cas, ont été interdits d’accès aux bureaux de vote ». Certains, selon cette ONG, ont même été « frappés, arrêtés et interrogés » par les forces de sécurité, notamment en Haute-Égypte. Partout, le problème des listes électorales s’est également posé, les gens paraissant déboussolés, ne sachant pas quels papiers présenter pour voter. À l’instar de Ismaïl Ali, 57 ans, qui déclarait hier à Ismaïliya : « Je suis fatigué. Depuis ce matin, je passe d’un bureau de vote à l’autre sans savoir où je dois voter. Je veux donner ma voix à Hosni Moubarak car je ne connais personne d’autre. » À Maadi al-Arabi, au Caire, Hassan Ahmed a également tenté, mais en vain, de retrouver son nom sur la liste électorale. « Je suis mécontent, je voulais voter contre Moubarak, et pour la première fois. » Rameutant des « électeurs » en bus, sillonnant les rues avec des mégaphones, distribuant des tracts et s’insinuant dans les bureaux de vote : les militants du parti du président, le Parti national démocrate (PND), n’ont pas chômé, selon les correspondants de l’AFP. Selon une ONG, l’Organisation égyptienne des droits de l’homme (EOHR), « des délégués du PND ont menacé les électeurs dans la province de Bani Soueif (Sud) de les faire arrêter et de leur couper leur aide sociale s’ils ne votent pas pour leur candidat ». Selon elle, des délégués du PND ont payé 50 livres (9 USD) à des électrices pour qu’elles donnent leur voix à M. Moubarak. La publicité électorale en faveur du président a eu lieu à l’intérieur même des bureaux de vote dans d’autres provinces, affirme l’ONG. Parallèlement, plusieurs centaines de partisans du mouvement contestataire Kefaya (Ça suffit) ont manifesté dans le centre du Caire contre le scrutin.

Les Égyptiens se sont rendus hier aux urnes à petits pas et dans la confusion pour choisir, pour la première fois, entre dix candidats leur raïs qui sans nul doute restera le président Hosni Moubarak. Des ONG ont en outre fait état d’irrégularités massives en faveur de M. Moubarak.
Pour la première fois dans l’histoire du pays, 32 millions d’électeurs inscrits étaient invités...