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Actualités - CHRONOLOGIE

Vernissage - demain, mercredi, à 18h à la galerie Janine Rubeiz Antonio Séguí : une œuvre, théâtre de l’absurde… (photos)

« Seguí à Beyrouth », c’est à partir de demain, mercredi 7 septembre, et jusqu’au 21 octobre à la galerie Janine Rubeiz, une superbe exposition à ne pas rater. Séguí à Beyrouth, c’est aussi une rencontre avec une figure majeure de l’art latino-américain contemporain, installée depuis les années soixante à Paris. Un grand artiste qui était déjà venu en 1995 à Beyrouth, alors que la capitale était en plein chantier de reconstruction, et qui revient, dix ans plus tard, mû par la curiosité de voir comment le paysage urbain d’après-guerre a pu évoluer. Une curiosité presque légitime tant l’œuvre de Séguí est assimilée à une représentation universelle de l’homme dans la ville. Derrière les fines lunettes rondes, le regard bleu, à la fois enjoué et perçant, malicieux et scrutateur, garde au fond, tout au fond des pupilles, des réminiscences d’images anciennes. Des images du temps de l’enfance en Argentine que plus de quarante ans de séjour en France n’ont pu effacer. Des images de machos, en borsalino et veston, de femmes plantureuses, de têtes coupées qu’Antonio Séguí reproduit, recompose, distille… dans des peintures foisonnantes de personnages, de couleurs et de mouvement. Pour autant qu’il puise aux sources du souvenir d’enfance, l’univers d’Antonio Seguí ne porte cependant aucune nostalgie, aucun passéisme. Bien au contraire avec ses figures « bédéesques », son dessin oscillant entre naïf et caricatural, sa palette vive et le dynamisme de sa construction, la peinture de Séguí est d’une contemporanéité absolue. Humour et satire sociale Dans le discours d’abord, qui aborde, avec humour et ironie, les thèmes de l’époque que sont la solitude de la vie urbaine, la vanité de la perpétuelle course contre le temps et la mécanisation croissante de l’être humain. Dans les techniques ensuite : où l’acrylique sur toile, parfois sur papier marouflé, s’amuse à rompre tous les codes habituels de la peinture, faisant fi des lois de la perspective, des échelles, des proportions, allant même jusqu’à une division fantasque de l’espace. Ainsi l’artiste balade ses personnages d’un fond monochrome à un autre recouvert d’écritures en espagnol – « des textes qui sont souvent des règlements de comptes personnels », dit-il en souriant – ou juxtapose dans une même toile les clairs et les obscurs, faisant ainsi passer ses bonhommes du jour à la nuit et vice versa, au gré de sa fantaisie. Des effets qui mettent en évidence le plaisir de peindre de ce grand artiste qui affirme avoir un besoin vital de s’exprimer par le pinceau. Aussi, ses saynètes du quotidien urbain, ses histoires en couleurs de passants pressés, ses représentations satiriques de promeneurs dans un jardin sont autant de critiques percutantes, mais enrobées de légèreté de la vie actuelle. Solitude de l’être urbain Car en dépit de leur tenue d’un autre âge, les personnages – majoritairement masculins – de Séguí sont l’image même de l’homme d’aujourd’hui. Un homme pressé, solitaire et fermé, qui vaque à ses occupations, sans un regard, sans une parole, pour autrui. Un homme robotisé et sans âme qui semble accomplir des gestes mécaniques, qui court dans tous les sens, dans une course folle et sans fin. Silhouettes raides et figées de pantins désarticulés croisant, ça et là, au fil des compositions, des hommes-immeubles, des têtes sans corps, un arbre, un chien, une femme plantureuse, ou encore une paire de jambes, une chaise vide… Figures isolées au milieu d’une foule, symboles de la solitude de « l’être urbain », les histoires que raconte en peinture cet artiste à la mine débonnaire n’ont au fond rien de joyeux. Si ce n’est l’éclat des couleurs et cette distanciation du regard que donne la charge satirique de son coup de pinceau. Une peinture théâtre de l’absurde en somme. Mais aussi porteuse d’histoires en gestation, ouvertes à toutes les créations imaginaires et les interprétations des spectateurs. Carte de visite Né à Cordoba, en Argentine, en 1934, Antonio Séguí, après des études en France et à Madrid, s’installe en 1963 à Paris. Après une période fortement expressionniste, au cours de laquelle sa verve s’exercera avec fureur contre « tous les individus dotés d’un pouvoir de nuire », cet artiste qui avait dans sa jeunesse autant « la passion de la politique que celle de la peinture » va se tourner vers une représentation plus primesautière de l’homme moderne. Ses hommes pressés qui courent, depuis près de deux décennies, de toile en toile, sont désormais représentatifs de sa signature. Peintre et sculpteur reconnu, ses œuvres font partie des collections des plus importants musées d’art contemporain de par le monde et plus d’une rétrospective lui a déjà été consacrée. La dernière en date – une minirétrospective de ses œuvres sur papier des années cinquante jusqu’aujourd’hui – se tient d’ailleurs actuellement, et jusqu’à la mi-octobre 2005, au Centre Georges Pompidou, à Paris. Zéna ZALZAL


« Seguí à Beyrouth », c’est à partir de demain, mercredi 7 septembre, et jusqu’au 21 octobre à la galerie Janine Rubeiz, une superbe exposition à ne pas rater.
Séguí à Beyrouth, c’est aussi une rencontre avec une figure majeure de l’art latino-américain contemporain, installée depuis les années soixante à Paris. Un grand artiste qui était déjà venu en 1995 à...