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Création De la sculpture ornementale à la sculpture contemporaine… Romain Servillat a trouvé son port d’attache à Byblos (Photo)

Il avait envie de changer de vie, de cadre, d’horizon… Parti de Lyon, il y a sept mois, Romain Servillat, sculpteur sur bois français de 29 ans, a échoué sur les rives ensoleillées du Liban. Pas tout à fait par hasard. Pas vraiment programmé non plus, son parcours vers d’autres cieux l’a mené à bon port : le vieux souk de Byblos, où il a installé son atelier et pris un nouveau départ… toujours dans la sculpture. Dans le vieux souk de Byblos, le grand blond à queue-de-cheval n’est pas un inconnu. Les commerçants, devant leurs échoppes, le hèlent gentiment au passage. Des « Salut Romain, comment tu vas Romain ?» fusent par-ci et par-là. L’athlétique jeune homme fait la bise à une dame assise à un café, échange quelques mots avec les restaurateurs du coin, avant de se retirer dans l’ombre de son atelier pour travailler sur fond de musique. Seul, mais pas isolé, car de derrière sa porte vitrée, il aperçoit le va-et-vient des passants de cette matinée ensoleillée de septembre. Pour Romain Servillat, cette vie-là est celle dont il a toujours rêvé, sans même le savoir. Tout a commencé, l’été dernier, grâce à un « ami d’enfance libanais. J’avais envie de visiter son pays. Je suis venu avec lui en août 2004. J’ai beaucoup aimé, notamment le contact humain. Je m’y suis immédiatement bien senti, et de ce fait j’ai eu envie de m’installer », raconte le jeune Français. Qui forme alors le projet, avec son ami libanais et un second français, de revenir s’installer dans les prochains mois et d’y développer une plage dans la région de Jbeil. La plage tombe à l’eau « Malheureusement, nous avons débarqué quatre jours avant l’attentat contre Rafic Hariri, à la suite duquel notre financier nous a lâchés. » La plage tombe à l’eau. L’ami libanais repart pour la France. Mais Romain Servillat et son copain français n’ont pas pour autant envie de quitter. « Nous avons décidé de rester malgré tout et d’essayer de trouver du travail . » Les deux compères se retrouvent donc à courir le pays, jusqu’au jour où, « à force de passer devant le Eddé Yard, à Byblos, où l’on entendait toujours de la bonne musique, on a eu envie de s’arrêter. On y a rencontré Armelle (qui avec Olivier s’occupe de la gérance et de la cuisine de ce petit café-restaurant convivial du vieux souk), on a sympathisé et à partir de là tout a changé ». En effet, français eux-mêmes, Armelle et Olivier proposent à leurs compatriotes de les héberger et, après avoir vu le travail de Romain, ils lui suggèrent de reprendre son activité à Byblos. Le couple met même à sa disposition la salle d’hiver du restaurant, qui servira à Romain d’atelier transitoire. Depuis quatre mois, Romain Servillat a donc repris ses outils et s’est remis à la sculpture. Mais, au lieu des angelots baroques et des motifs ornementaux classiques, il s’est tourné vers des réalisations contemporaines. Abandonnant les dorures et autres ciselures pour des œuvres nouvelles minimalistes et épurées, Servillat a eu envie de changer même de concept artistique, en faisant de ses créations des sculptures utilitaires. En quatre mois de travail, il a ainsi conçu une première série de sculptures luminaires, en bois de mogano (à la couleur chaude), de poirier (un beau rosé) ou de framiré (du beige pâle). Des pièces uniques qui jouent à merveille les alliances de matières et de lumières. En effet, les formes oblongues et sinueuses, rondes et lisses qu’il cisèle et accorde aux abat-jour d’un blanc uniforme, mettent en valeur autant les nuances, les veinures et la douceur du bois que sa sensualité ou sa fantaisie. Comme dans « E.T. », une pièce pyramidale se terminant par une lampe-ampoule à tête d’extraterrestre ou « Culbuto », une base circulaire en équilibre instable mais qui ne tombe jamais… De l’ébénisterie et de la sculpture ornementale qu’il exerçait en France, Romain Servillat est ainsi passé vers d’autres rivages, à la fois millénaires, ceux de l’antique port phénicien, et, paradoxalement, plus contemporains dans sa pratique sculpturale. Et de conclure, satisfait et serein : « En fait c’est très bien que tout se soit passé comme ça. » Zéna ZALZAL
Il avait envie de changer de vie, de cadre, d’horizon… Parti de Lyon, il y a sept mois, Romain Servillat, sculpteur sur bois français de 29 ans, a échoué sur les rives ensoleillées du Liban. Pas tout à fait par hasard. Pas vraiment programmé non plus, son parcours vers d’autres cieux l’a mené à bon port : le vieux souk de Byblos, où il a installé son atelier et pris un nouveau...