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Actualités - OPINION

Les résolutions internationales, la 1595 comme la 1559 ou la 1614, ne peuvent plus être prises à la légère

Selon un ancien ambassadeur, tout le problème tient au fait que le Liban, alors sous influence syrienne, avait cru pouvoir traiter les résolutions internationales par-dessus la jambe. La communauté internationale avait pourtant mis en garde contre les effets de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud. Mais le pouvoir libanais et les autorités syriennes avaient passé outre à cet avertissement. Ils avaient même refusé de tenter de négocier un quelconque compromis pour prévenir des sanctions. Alors que de tierces parties avaient proposé, comme arrangement médian, le report de la présidentielle ou la limitation de la rallonge à un an seulement. Adoptant une attitude de défi total, Damas et Beyrouth avaient décrété les trois ans pleins, pensant mettre la communauté internationale devant le fait accompli, malgré la 1559. La Syrie, comme nul ne l’ignore, avait forcé la main au président Hariri, le contraignant à s’incliner devant la prorogation. Il n’était plus question de lui confier le Sérail, et d’ailleurs il n’en voulait plus. Désigné pour la forme, il s’était récusé. L’on avait fait donc appel au président Omar Karamé. Pour la confrontation avec la 1559. Le prétexte invoqué était que les Libanais étaient divisés au sujet du retrait syrien. À l’intérieur, on traitait de traîtres et d’agents stipendiés ceux qui étaient pour la 1559. Le ministre de la Défense de l’époque, Abdel-Rahim Mrad, avait soutenu que l’armée nationale n’était pas capable de remplacer les Syriens. D’autres affirmaient qu’après le départ des Syriens, il y aurait la guerre civile au Liban. Mais les pressions se sont accentuées. La Syrie a alors demandé un délai de six mois pour s’exécuter. Tandis que le gouvernement Karamé parlait d’un simple redéploiement sur la Békaa et multipliait les manœuvres d’atermoiement. Qui n’ont servi à rien. Car la Syrie, réalisant enfin qu’il lui fallait s’incliner pour s’éviter bien des malheurs, a précipité les choses, pliant bagages deux jours avant le délai fixé. Mais il y a autre chose : la terreur et le crime. Attentat contre Marwan Hamadé, assassinat de Rafic Hariri, de Bassel Fleyhane, de Samir Kassir, de Georges Haoui, attentat contre Élias Murr, explosions meurtrières dévastatrices. Puis cette fameuse liste noire comprenant les noms de dizaines de politiciens, de religieux et de journalistes, menacés de mort. Ce qui fait écho à la thèse de ceux qui soutenaient que le retrait syrien serait synonyme de troubles au Liban. Tandis que le ministre syrien de l’Information, Mehdi Dakhlallah, affirmait à l’époque que tous les crimes se produisaient dans des régions d’où l’armée syrienne était absente. Ajoutant qu’en sa présence, il n’y avait au contraire pas d’attentats. Les commanditaires et les exécutants de l’assassinat du président Hariri ont sans doute pensé que les ondes de choc se dissiperaient après une période de deuil. Mais il n’en a rien été et la vague a persisté. Les explosions dans les régions et les autres assassinats, au lieu de faire diversion et d’intimider les Libanais, les ont renforcés dans la détermination de se libérer et de découvrir la vérité. Après la 1559, il y a eu la 1595 formant la commission d’enquête internationale. Avant la promulgation de cette résolution, certains pôles du pouvoir libanais avaient fait mine de s’y opposer. Sous prétexte de souveraineté nationale, ce qui était pour le moins paradoxal de la part d’éléments servant les tuteurs. Ils ajoutaient que la justice libanaise était capable de mener les investigations nécessaires toute seule. Encore une fois, certains membres du pouvoir de l’époque ont cru pouvoir traiter à la légère la résolution internationale. Dont ils ne comprenaient pas l’importance. Ils se sont mis à répandre des assertions selon lesquelles les enquêteurs internationaux n’arriveraient à rien. Et qu’en tout cas, il n’y aurait pas de procès. Pour faire bonne mesure, ces cadres de l’ancien système laissaient entendre que la partie coupable n’était ni libanaise ni syrienne. Puis quand la commission a commencé à faire des progrès, l’on s’est ingénié à mettre en doute son impartialité et sa compétence. Ce courant est encore agissant aujourd’hui. Si l’on regarde du côté de la 1559, on se rend compte que le délai de grâce consenti aux Libanais pour qu’ils décident le désarmement du Hezbollah comme des camps palestiniens par un dialogue intérieur s’épuise sans que rien ne soit fait. Quand le Hezb affirme que la 1559 est derrière nous, cela signifie que le dialogue en question n’a pas lieu d’être à ses yeux. De fait, les cadres du parti ne cessent de répéter que le désarmement est hors de question. Pourtant, il faut être sourd pour ne pas entendre la communauté internationale, les Occidentaux notamment, rappeler chaque jour que la 1559 doit être inéluctablement appliquée. Comme l’a fait récemment le président français Chirac. Pour mieux marquer le coup dans ce sens, l’ONU a promulgué la résolution 1614 qui enjoint à l’État libanais de déployer son armée sur la ligne bleue. En conclusion, l’ancien diplomate cité se demande jusqu’à quand le pouvoir libanais pense-t-il pouvoir ignorer la volonté, la légalité et les résolutions internationales. Et jusqu’où il va continuer à s’égarer, à se tromper dans l’évaluation de la situation régionale comme des rapports de force. Émile KHOURY
Selon un ancien ambassadeur, tout le problème tient au fait que le Liban, alors sous influence syrienne, avait cru pouvoir traiter les résolutions internationales par-dessus la jambe. La communauté internationale avait pourtant mis en garde contre les effets de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud. Mais le pouvoir libanais et les autorités syriennes avaient passé outre à cet...