Frangié : Le juge Mezher, proche de Joumblatt, a donné l’ordre de nettoyer les lieux du crime

Lorsque Sleimane Frangié parle, il lance toujours des minibombes politiques qui secouent le pays. Dans une interview accordée au quotidien Ad-Diyar, il a affirmé hier que le juge militaire Rachid Mezher, qui relève, selon lui, politiquement de Walid Joumblatt, a donné l’ordre de nettoyer le lieu de l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à ses compagnons. Frangié a aussi raconté comment le général Achraf Rifi, actuellement directeur général des FSI, lui a rendu une visite informelle, en émissaire de la famille Hariri, pour lui demander de ne pas adopter la thèse d’une explosion au-dessus de la chaussée. Selon Frangié, certaines parties dans l’entourage des Hariri souhaitent vivement que l’enquête internationale aille dans une direction déterminée et elles seraient prêtes à tout pour cela. Mais lui-même ne pouvait pas, a-t-il précisé, adopter la théorie de l’explosion souterraine, n’ayant reçu aucun rapport des FSI en ce sens. « Rédigez un rapport qui confirme cette thèse et je le rendrai public », a-t-il dit au général Rifi. Mais il n’a jamais reçu un tel rapport. En réponse à une question, Frangié a constaté que la Syrie fait partie des principales parties lésées par l’assassinat de Rafic Hariri. « Je ne sais pas à qui cet odieux crime a profité, a-t-il dit, mais je sais que la Syrie est la première visée. Et puis, si elle voulait tuer le président du Conseil, pourquoi aurait-elle commencé par mener une campagne contre lui ? Je suis convaincu qu’une tierce partie a exploité le conflit entre Hariri et la Syrie pour faire porter le chapeau à cette dernière. » Frangié a affirmé que les chrétiens devraient pouvoir choisir le président de la République, indiquant que certains noms évoqués actuellement pour ce poste touchaient de l’argent de Rafic Hariri, et ils continuent à en toucher de son fils. Le leader de Zghorta a une nouvelle fois tendu la main aux Forces libanaises, estimant que si ces dernières veulent lancer une initiative pour l’unité des rangs chrétiens, il est prêt à y répondre. Enfin, il a affirmé que les chrétiens ne devraient pas être partie prenante au conflit qui oppose actuellement les sunnites et les chiites. Ils ne devraient donc pas réclamer le désarmement du Hezbollah. « Que le courant Hariri, qui a la majorité au Parlement, assume la responsabilité de cette revendication », a-t-il déclaré.