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Actualités - CHRONOLOGIE

La commission de l’ONU prévoit de terminer sa mission, sauf imprévu, le 15 septembre prochain L’enquête sur l’assassinat de Hariri a été ralentie par l’absence de coopération syrienne, affirme Mehlis

New York, de notre correspondante aux Nations unies, Sylviane ZEHIL Le suspense aura duré jusqu’à 1 heure, heure locale, 18 heures à New York. Réuni à huis clos pour débattre du rapport préliminaire établi par le chef de la commission d’enquête indépendante des Nations unies (CEIINU), Detlev Mehlis, le Conseil de sécurité de l’Onu a appelé la Syrie, sans toutefois la nommer, à apporter sa pleine coopération à l’enquête internationale sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. « Considérant que la coopération avec la commission d’enquête de tous ceux qui peuvent posséder des informations pertinentes sur ce crime est essentielle, les membres du Conseil réitèrent leur appel à tous les États et à toutes les parties, en particulier à ceux qui n’ont pas encore répondu de manière adéquate, à coopérer pleinement », a déclaré à la presse le président du Conseil pour le mois d’août, l’ambassadeur du Japon à l’Onu Kenzo Oshima. Le Conseil venait d’entendre un rapport sur la progression des travaux de la commission d’enquête, lu par le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires politiques, Ibrahim Gambari, dans lequel il soulignait que la Syrie n’avait pas encore répondu aux demandes de coopération de la commission d’enquête , dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis. Le rapport a en outre énuméré le nombre de déclarations recueillies auprès des témoins, dont certains ont toutefois exprimé un manque de confiance dans les services de sécurité libanais et dans le système judiciaire. Le rapport souligne toutefois que le procureur allemand devrait en principe achever son enquête d’ici à la fin de son mandat, soit le 15 septembre prochain, à moins qu’il n’ait besoin d’un temps supplémentaire que lui accordera le secrétaire général de l’ONU. Une heure après la publication du rapport, M. Gambari devait annoncer que M. Mehlis rencontrera aujourd’hui à Genève un représentant de la Syrie. De source diplomatique, on indique que la France, qui a rédigé le texte de la déclaration du Conseil à la presse, avait cité nommément la Syrie dans la version initiale mais que plusieurs pays, dont l’Algérie et la Russie, se sont opposés à cette mention explicite. En marge de la réunion, le représentant permanent de la Syrie à l’ONU, Farouk Mekdad, a démenti le fait que la Syrie ait refusé d’accueillir les enquêteurs. À la question de savoir quelle était la position syrienne vis-à-vis de la commission d’enquête, il a déclaré à L’Orient-Le Jour : « Nous soutenons le travail fait par la commission d’enquête et coopérerons pleinement avec M. Mehlis. De même que nous estimons qu’il est nécessaire de parvenir à une conclusion », a-t-il dit, avant de réitérer que la Syrie était « prête » à apporter sa contribution au travail de la commission. « Jusqu’à cet instant, il n’y a pas eu de demande officielle dans ce sens », a toutefois précisé l’ambassadeur syrien. Prié de commenter les informations selon lesquelles « la Syrie ne coopère pas pleinement avec la commission d’enquête », le diplomate syrien a répondu : « Ces sources répandent des rumeurs fausses et mensongères. » Pour sa part, le représentant américain permanent auprès de l’Onu, John Bolton, a estimé que le refus de la Syrie de coopérer est « inacceptable ». « Nous sommes déçus », a-t-il dit. Le rapport Voici, par ailleurs, de larges extraits du rapport présenté au Conseil de sécurité par le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires politiques, Ibrahim Gambari Le document affirme ainsi que « la Jordanie et Israël ont réagi positivement à la demande d’assistance formulée par la commission ». « La commission a également adressé une demande le 19 juillet à la République arabe syrienne concernant l’interrogatoire de cinq témoins et la fourniture de documents. Aucune réponse n’a été donnée. Toutefois, le 18 août, le représentant permanent de la République arabe syrienne aux Nations unies a contacté M. Mehlis par le biais de notre département pour exprimer la volonté de la Syrie d’engager des discussions avec la commission. « La commission est toujours ouverte aux discussions, comme l’avait précisément indiqué M. Mehlis à la Syrie dans sa lettre du 11 juin. Cependant, les discussions ne sauraient remplacer la demande d’assistance en vue de mener l’enquête. Par conséquent, M. Mehlis a le sentiment que l’absence de réponse immédiate de la République arabe syrienne a considérablement ralenti le travail de la commission. « Le deuxième mois de l’enquête a été caractérisé par un changement de cap et de priorités, à mesure que les enquêteurs suivaient de nouvelles voies et interrogeaient de nouveaux témoins, en se basant sur des conclusions tirées des éléments de l’enquête et d’une analyse professionnelle. Durant cette période, des sources importantes ont pris langue avec la commission d’enquête et ont fourni des informations particulièrement utiles. Parallèlement, plusieurs hauts responsables officiels libanais ont été interviewés pour tirer au clair leurs responsabilités, leurs prérogatives et leur degré d’implication dans les événements du 14 février. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le programme de travail de la commission est bien avancé, 70 jours s’étant écoulés depuis que le secrétaire général de l’ONU a lancé l’enquête le 16 juin 2005. Au total, 243 témoins ont été entendus, 136 déclarations enregistrées et 107 notes d’enquête ont été préparées par l’équipe d’enquêteurs. Ces efforts et la documentation établie ont maintenant permis à la commission d’établir : • une base solide (d’informations) pour retracer les activités de M. Hariri et ses déplacements avant l’explosion ; • une idée claire des activités de M. Hariri avant l’attentat ; • une connaissance poussée des mesures de sécurité prises autour de M. Hariri ; • une perception cohérente de la nature du crime ; • des indications précises sur la direction à suivre pour déterminer les motifs du crime ; • des indications précises sur la direction à suivre pour identifier les commanditaires. » « Jusqu’à ce jour, il reste 55 témoins qui doivent encore être entendus. Comme l’expérience l’a déjà prouvé, ces entrevues pourraient susciter le besoin d’en interroger d’autres », précise le rapport qui relève toutefois « l’ hésitation exprimée par plusieurs de ces témoins de se soumettre à cet exercice ». « Un nombre important des témoins ont exprimé leur crainte de voir la copie de leur déclaration soumise aux autorités libanaises. Certains officiels de haut rang ont insisté pour que leurs déclarations restent aux mains de la commission jusqu’à ce qu’elle achève son travail . » Le rapport relève « une méfiance profonde de la part de témoins potentiels à l’égard des services de sécurité libanais et du processus judiciaire, dont la crédibilité et l’efficacité sont souvent remises en cause, d’où la nécessité de réhabiliter la crédibilité des appareils judiciaire et de sécurité, et de rétablir la confiance de l’opinion publique dans ces services si d’éventuelles poursuites et un procès ont lieu ». D’après M. Mehlis, « le mois d’août a été un mois crucial pour l’enquête ». « Le procureur général prévoit de terminer, dans la mesure du possible, sa mission à la date d’expiration de son mandat. Toutefois, au cas où il aurait besoin d’un temps supplémentaire pour s’assurer que toutes les preuves et indications ont été bien vérifiées, le secrétaire général prorogera son mandat et en informera le Conseil. »

New York, de notre correspondante aux Nations unies,
Sylviane ZEHIL

Le suspense aura duré jusqu’à 1 heure, heure locale, 18 heures à New York. Réuni à huis clos pour débattre du rapport préliminaire établi par le chef de la commission d’enquête indépendante des Nations unies (CEIINU), Detlev Mehlis, le Conseil de sécurité de l’Onu a appelé la Syrie, sans toutefois la...