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Huis clos Lahoud-Siniora avant la réunion L’orage des nominations a épargné le Conseil des ministres(photo)

On s’attendait à une séance animée, sinon orageuse, avec les nominations en toile de fond, au début d’un nouveau bras de fer entre la présidence de la République et la majorité parlementaire du Bristol. Mais il n’en a rien été, si ce n’est que les nominations – sujet qui ne figurait pas à l’ordre du jour et que le président Lahoud avait tenu à évoquer – ont effectivement constitué l’essentiel du débat, hier, en Conseil des ministres. La séance, un peu animée au début, a rapidement tourné à une discussion exhaustive et finalement calme sur les nominations, sans toutefois que des noms soient proposés. Mais des sources bien informées s’accordent sur le fait que ce qui a évité la confrontation entre Baabda et la majorité, c’est une séance à huis clos d’un quart d’heure entre le président de la République et le Premier ministre Fouad Siniora, déterminé à jouer aux pompiers, avant le Conseil des ministres, qui a désamorcé le tout. Réuni au palais présidentiel de Baabda sous la présidence du chef de l’État et en l’absence du ministre Élias Murr, toujours en convalescence, le Conseil des ministres s’est finalement entendu de manière consensuelle – à la demande, d’ailleurs, de M. Siniora – à reporter le dossier à sa prochaine réunion, sinon à la suivante, l’essentiel est que les nominations soient effectuées d’une seule traite – et dans le cadre de l’ordre du jour – avant le départ du président Lahoud, du chef du gouvernement et de la délégation libanaise à l’ONU pour la séance de l’Assemblée générale, en septembre. La polémique des jours derniers aura donc créé un effet inverse, mettant en place une sorte d’accord préalable sur la nécessité de régler ce problème au plus vite (à défaut d’un accord sur les nominations mêmes), notamment en ce qui concerne le volet sécuritaire, sur lequel une attention toute particulière a été accordée hier, dans le cadre des débats. Au plus vite, certes, mais sans trop de hâte non plus, et en tenant compte de la décision du Conseil de procéder aux nominations en fonction des principes de compétence et d’intégrité loin du principe du partage des gâteaux. Petites escarmouches Le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a quand même fait entendre son opinion pour le moins musclée – notamment sur les nominations sécuritaires – au chef de l’État sur, tout justement, les accusations de clientélisme et de partage du gâteau lancées contre le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, durant les derniers jours. « Pourquoi n’avoir pas procédé de la même manière lorsque d’autres (dans une allusion claire à Sleimane Frangié lors de son accession au ministère de l’Intérieur) avaient ramené avec eux leur équipe ? », s’est-il demandé. « C’est un honneur d’être un proche de Walid Joumblatt », a d’ailleurs répété, dans ce contexte, M. Aridi lors de son point de presse. Un débat similaire, mais moins vif, a opposé le chef de l’État au ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh. Le président Lahoud a indiqué qu’il n’avait pas de candidats personnels à proposer à n’importe lequel des postes à pourvoir, et qu’il n’avait pas reçu le projet de décret sur les nominations au sein des FSI, largement évoqué dans les journaux, pour pouvoir donner son avis. Le ministre de l’Intérieur a aussitôt répliqué qu’il n’était pas responsable des fuites à la presse. Mais, en fin de compte, ces petites escarmouches ont conduit à l’entente sur le principe du consensus sur les nominations, et sur un accord préalable au sujet de la désignation du général Chawki el-Masri (sur proposition du ministre de la Défense par intérim, Yaacoub Sarraf) comme chef d’état-major de l’armée. Mais il ne sera formellement nommé qu’une fois le cas de toutes les autres nominations tranché par les ministres concernés. La question des nominations sécuritaires a eu la part belle du débat, surtout au lendemain de l’attentat de Zalka. Toujours dans le même cadre, le Conseil a également décidé de transmettre le dossier de l’assassinat de Georges Haoui devant la Cour de justice. La séance Le président de la République a d’ailleurs ouvert la séance du Conseil en évoquant l’attentat de Zalka. « À chaque fois que nous pensons pouvoir enfin nous reposer un peu, une explosion se produit, comme tout récemment à Zalka. Comme le Premier ministre l’a dit, nous saurons qui est à l’origine de ces actes. Nous mettons l’accent sur le fait que celui qui les commet est gêné du retour de la situation à la normale. Je suis confiant que ceux qui sont responsables de la situation sécuritaire déploieront leurs efforts et feront l’impossible pour savoir qui est l’auteur et qui est l’exécutant de ces crimes que nous condamnons », a-t-il indiqué. Au sujet de la question des nominations, le chef de l’État a affirmé : « J’ai transmis le dossier des nominations au Conseil des ministres pour que l’on se penche dessus et pour que l’opinion publique ne s’imagine pas que nous avons des raisons d’entraver ce processus. Je propose cela au Conseil des ministres, et c’est à lui de décider en fin de compte . » Le président Lahoud a ensuite mis en exergue la nécessité d’appliquer les décisions qui sont prises en Conseil des ministres, évoquant, à titre d’exemple, l’importance de la loi sur le médiateur de la République, qu’il faudra mettre en application pour que le processus réformateur démarre. De son côté, le Premier ministre a lui aussi dénoncé l’attentat de Zalka, qu’il a placé dans la lignée des attentats précédents. « Nous savons que les Libanais sont tous déterminés à se solidariser face à ces actes que nous condamnons. Nous découvrirons un jour quelles sont les parties qui sont à l’origine de ces attentats et il n’y aura aucun compromis à ce sujet. Chaque coupable avéré de ces crimes, quel qu’il soit, sera déféré devant la justice », a-t-il dit. M. Siniora a par ailleurs exprimé sa surprise concernant l’affaire des roquettes à la frontière. « Peut-être qu’Israël recherche un prétexte pour mener une opération quelconque. Il retire les colons de Gaza actuellement, et le Premier ministre israélien tente d’insinuer qu’il se retire par sa volonté propre, mais il n’acceptera pas d’effectuer des compromis dans d’autres domaines, et il ne fera preuve d’aucune indulgence face à un acte tel que celui qui s’est produit aujourd’hui », a-t-il noté, affirmant que le cabinet n’acceptera pas que le Liban soit entraîné dans un contexte qui menacerait l’infrastructure libanaise de nouvelles frappes. M. Siniora a également évoqué sa visite en Arabie saoudite et ses entretiens avec les dirigeants saoudiens, mettant en exergue l’attachement de ces derniers à l’unité, la sécurité et la stabilité du Liban. Il a cependant démenti avoir évoqué avec les responsables saoudiens des questions relatives à des aides financières éventuelles. Le Premier ministre a informé le Conseil des prochaines visites du haut représentant pour la politique extérieure de l’Union européenne, Javier Solana, le mardi 30 août, et de l’émissaire du secrétaire général de l’ONU pour l’application de la 1559, Terjé Roed-Larsen, début septembre. Il convient de noter qu’en dehors du débat sur les nominations, 67 points routiniers, dont la part du lion revenait au ministère de l’Intérieur, ont été évoqués hier. Notons également que M. Siniora a retiré hier un projet de décret sur les jours fériés pour les administrations, les institutions publiques et les municipalités pour pousser ses concertations avec les différents dignitaires religieux à ce sujet, et ce après qu’un certain nombre de ministres maronites aient protesté contre l’annulation du congé de la Saint-Maron.

On s’attendait à une séance animée, sinon orageuse, avec les nominations en toile de fond, au début d’un nouveau bras de fer entre la présidence de la République et la majorité parlementaire du Bristol. Mais il n’en a rien été, si ce n’est que les nominations – sujet qui ne figurait pas à l’ordre du jour et que le président Lahoud avait tenu à évoquer – ont...