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Actualités - OPINION

Face aux critiques de son camp, Siniora défend le principe d’une cohabitation minimale

Un agacement réciproque. Les joumblattistes, mais aussi nombre de haririens, en veulent presque à Siniora pour la souplesse qu’à leur avis, il déploie face au régime. Ils y trouvent un signe de faiblesse. Le président du Conseil, indiquent ses proches, est dérangé par ces critiques qu’il estime totalement injustifiées. Il affirme en effet qu’il n’a rien cédé, qu’il n’a accepté aucune nomination inappropriée. Rendant la politesse à ses détracteurs joumblattistes et haririens, il leur demande s’ils rejettent la formule de coexistence avec la minorité, avec Lahoud et ses ministres notamment, adoptée lors de la formation du gouvernement. Ajoutant que pour honorer le contrat, il faut un minimum d’échanges. Et que s’il existe des exigences déterminées, il faut bien les préciser. Les parlementaires de la majorité, poursuit le chef du gouvernement, souhaitent-ils vraiment une rupture des ponts plongeant le pays, déjà si éprouvé, dans les affres d’une crise ministérielle, et de pouvoir, insoluble ? Des ministres et des députés, qui partagent les vues de Siniora, proposent qu’il ait une rencontre de franche explication avec les contestataires pour s’entendre sur un plan d’action, notamment au sujet des nominations. Les participants décideraient s’il faut réclamer le recours à la procédure du vote en Conseil des ministres, pour décréter les nominations, au cas où un accord resterait toujours impossible. Ou pour décider de ne pas pousser le défi aussi loin. Car le pouvoir n’est pas aux mains de la majorité, la minorité y gardant une place ainsi qu’un droit de veto, au titre de la règle d’une démocratie consensuelle et pas du tout numérique. D’ailleurs, cette minorité dispose sur le papier du tiers de blocage. Ces professionnels proches des thèses de Siniora estiment qu’il faut accepter la cohabitation, jusqu’à ce que les circonstances permettent de s’en passer, en livrant tout le pouvoir à la majorité. Ce qui ne peut, sauf brusque coup de théâtre, se produire avant quelque temps. Si les impatients n’en peuvent plus d’attendre et veulent larguer la cohabitation, enchaînent ces modérés, il faut déterminer la solution de rechange. Ce qui implique un dialogue, un débat en profondeur car le choix serait grave de conséquences. En effet, le pays serait exposé à tous les vents si la majorité devait rompre avec la minorité. Ou encore si elle devait prendre ses distances, voire se brouiller, avec le président du Conseil lui-même. Il pourrait en effet y avoir friction, sinon séparation de corps, si les radicaux devaient insister pour le recours au vote en Conseil des ministres, ce que Siniora réprouve par crainte d’une fracture néfaste au pays. Il est à craindre en effet que les ministres minoritaires, ulcérés, ne claquent la porte. Cela, s’ils ne parviennent pas à bloquer les nominations en réunissant un tiers de blocage. Sans compter que le chef de l’État peut s’abstenir de soumettre les désignations au vote, ou encore lever la séance. En tout cas, soulignent les mêmes sources, une ligne de défi signifierait que la majorité se retrouverait devant un choix simple, également redoutable : ou s’incliner et perdre tout crédit ; ou faire démissionner en bloc ses ministres, ouvrant la voie à une crise de pouvoir à durée indéterminée. On ne doit pas ignorer en effet que des partenaires importants, comme Amal et le Hezbollah, pourraient poser des conditions rédhibitoires, lors de la tentative éventuelle de former un nouveau gouvernement. Même dans cette perspective, poursuivent les modérés, le régime continuerait probablement à s’accrocher. Par contre, craignent-ils, dans un climat de crise ouverte, la majorité, qui vacille déjà, préserverait difficilement son indispensable cohésion interne. Elle ne doit pas oublier non plus qu’en provoquant la rupture, elle expose le pays, financièrement exsangue, à un surcroît d’épreuves économiques et sociales. Avec un risque, au bout du compte, d’une explosion populaire au niveau de la rue. Et les Libanais, divisés, plongeraient dans l’anarchie. Émile KHOURY

Un agacement réciproque. Les joumblattistes, mais aussi nombre de haririens, en veulent presque à Siniora pour la souplesse qu’à leur avis, il déploie face au régime. Ils y trouvent un signe de faiblesse. Le président du Conseil, indiquent ses proches, est dérangé par ces critiques qu’il estime totalement injustifiées. Il affirme en effet qu’il n’a rien cédé, qu’il n’a...