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Nominations - Siniora poursuit sa politique de « dialogue » jusqu’au bout, malgré des divergences de taille Des sources proches de Baabda prévoient une séance « animée » aujourd’hui

Après le refus, lundi, par le président de la République, Émile Lahoud, de signer le projet de décret concernant les nominations au sein des FSI, et après qu’il ait formulé une demande pour que la question des nominations dans son ensemble soit discutée par le cabinet, bien que ne figurant pas à l’ordre du jour, tout semblait indiquer une confrontation généralisée aujourd’hui en Conseil des ministres entre le chef de l’État et les ministres de la majorité. Tout cela, malgré le talent inépuisable qu’emploie le Premier ministre, Fouad Siniora, à apaiser les esprits des deux côtés, à promouvoir « le dialogue » jusqu’au bout avec la présidence, à vouloir « arrondir les angles », un discours qu’il a d’ailleurs tenu lors de sa réunion hier avec les députés du Courant du futur, au risque parfois de ne pas se faire comprendre par des parlementaires de son propre camp, partisans d’une politique beaucoup plus conflictuelle avec le président. L’atmosphère générale hier soir n’annonçait cependant pas une discussion sérieuse à propos des différents postes à pourvoir, le débat aujourd’hui revêtant principalement un caractère politique et le président Lahoud voulant faire assumer, par le biais de son initiative, le poids des nominations à la majorité. Une majorité qui, selon cette même perspective, surmontera difficilement les clivages qui se dessinent en son sein, et qui devra faire face également à un conflit naissant avec le Hezbollah, notamment en ce qui concerne la nomination du candidat de la formation chiite, le général Hussein Lakkis, au poste de directeur de la Sûreté générale. La situation politique des derniers jours s’était d’ailleurs en quelque sorte cristallisée hier, avec un nouveau communiqué du bureau de la présidence qui a réitéré les constantes du discours du chef de l’État dans l’affaire des nominations. « Malgré la position claire hier du président (…) qui avait précisé qu’il n’avait pas de candidats pour les postes sécuritaires et judiciaires (…), certaines parties ont fait circuler aujourd’hui différentes informations à ce sujet », a affirmé le texte, avant de rappeler encore une fois que M. Lahoud « n’a pas proposé de noms pour ces postes », et de souligner « sa volonté de voir le dossier des nominations réglé, comme il a été convenu en Conseil des ministres, en fonction de critères de compétence et d’expérience, loin de tout clientélisme ». Des sources proches de Baabda ont d’ailleurs prévu une séance « animée » en Conseil des ministres aujourd’hui autour de la question des nominations. Les mêmes sources ont en outre précisé que « certaines parties ont tenté de reporter le débat sur la question jusqu’à ce qu’il y ait entente à ce sujet ». « Mais le président Lahoud a tenu à ce que cette question soit débattue et tranchée jeudi (aujourd’hui) », ont-elles dit, estimant que c’est l’évolution de la séance qui va déterminer si un vote va avoir lieu ou pas. Plus tard en soirée, ces sources ont cependant indiqué que les négociations ont pu aboutir à un consensus concernant la désignation du général Chawki Masri, proche du chef du PSP, Walid Joumblatt, comme chef d’état-major de l’armée. M. Joumblatt avait soutenu auparavant la candidature du général Bassam Abou el-Hosn, avant qu’il ne donne son accord pour la désignation de Masri. La nomination d’un nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature serait également près d’être tranchée, le poste devant revenir au juge Ghaleb Ghanem, ou bien à son collègue Béchara Matta, le nom du juge Antoine Kheir ayant été en fin de compte écarté, précisent-elles. Sachant que les ministres pourraient décider de suspendre cette question en attendant la nomination par l’Exécutif de deux membres du Conseil constitutionnel, ce qui n’aura d’ailleurs lieu qu’après la réorganisation dudit Conseil selon la proposition des députés Bahige Tabbarah et Boutros Harb. Quant à la direction de la Sûreté générale, les points de vue seraient toujours divergents entre la majorité parlementaire, qui propose le général Ali Makki, et les deux formations chiites de la Chambre, Amal et Hezbollah, qui restent attachées à la désignation du général Hussein Lakkis. La situation n’aurait également pas évolué concernant la direction générale de la Sécurité de l’État, ont conclu les sources. De son côté, le Premier ministre Fouad Siniora a maintenu hier le ton conciliant qu’il a adopté depuis plusieurs jours, prônant la poursuite, jusqu’à l’entente, du dialogue avec Lahoud. Dans ce cadre, il a estimé que la demande du président de la République de discuter de la question des nominations en Conseil des ministres, bien qu’elle ne figure pas à l’ordre du jour, « n’a surpris personne », sachant que cette demande avait été interprétée par certains milieux comme une provocation de la part du président. « C’est un point constitutionnel, qui figure au cœur des prérogatives du président de la République », a-t-il également ajouté pour tenter d’étouffer toute dimension provocatrice à l’initiative présidentielle. Recevant ses visiteurs au Grand Sérail, M. Siniora a encore une fois axé ses propos sur le thème du « dialogue » en ce qui concerne le dossier des nominations, « sans qu’un poste ne soit l’apanage d’une certaine communauté ou d’une certaine partie ». Il a ensuite tenu à faire le parallèle entre la situation actuelle et le douloureux et long enfantement de son gouvernement, il y a plus d’un mois. « Le gouvernement est né après des consultations internes visant à surmonter les obstacles. Le cabinet adopte maintenant le même style quant à la prise de décision dans l’affaire des nominations. Le gouvernement tient à respecter les principes qui ont gouverné sa formation, et ce dans toutes les questions qu’il devra traiter, puisque cette méthode nous permettra de résoudre réellement nos problèmes. Pour remplir des postes, il est nécessaire d’entendre plus d’un avis afin d’arrondir certains angles pour aboutir à la meilleure des solutions, et pas uniquement celle qui pourra satisfaire les uns et les autres », a-t-il expliqué. Précisant que la décision finale revient au Conseil des ministres, il a conclu : « Il est très probable que l’on arrive en Conseil des ministres à une conviction commune, et donc à une décision. Dans le cas contraire, nous poursuivrons le processus de dialogue jusqu’à ce que l’on puisse prendre une décision . »

Après le refus, lundi, par le président de la République, Émile Lahoud, de signer le projet de décret concernant les nominations au sein des FSI, et après qu’il ait formulé une demande pour que la question des nominations dans son ensemble soit discutée par le cabinet, bien que ne figurant pas à l’ordre du jour, tout semblait indiquer une confrontation généralisée aujourd’hui...