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Actualités - OPINION

La psychose entretenue autant par le laxisme sécuritaire que par la confusion politique

Numéro noir d’une série qui l’est encore plus, le 13. L’attentat au TNT de lundi à Zalka est le 13e sur la liste du terrorisme qui frappe le Liban depuis la tentative contre Marwan Hamadé, le 1er octobre de l’an dernier. Suivi par l’assassinat, le 14 février, du président Rafic Hariri et de Bassel Fleyhane, accompagnés dans la mort par les membres de leur escorte et par nombre de malheureux passants. Il y a eu ensuite des plasticages, comme le dernier en date, au Metn, au Kesrouan et à Beyrouth, rue Monnot. Avec des victimes, des blessés, des brûlés, de considérables dégâts matériels. Et les assassinats, à quelques semaines d’intervalle, de Samir Kassir et de Georges Haoui. Ainsi qu’une tentative de tuer Élias Murr qui, comme Hamadé, a miraculeusement réchappé aux explosifs le visant. Le moins qu’on puisse dire, donc, est que la sécurité pose problème. Pourtant l’État, qui peine il est vrai à se trouver, n’en a cure. Ainsi, comme le relèvent avec étonnement plusieurs professionnels, malgré tout ce qui s’est passé jusqu’à présent, malgré la persistance évidente du péril terroriste, malgré la psychose légitime qui étreint la population, le Conseil supérieur de la défense et de la sécurité n’a pas cru devoir se réunir. Ce qui est d’autant plus surprenant que nombre de politiciens ou de personnalités en vue qui se sentent menacées (toujours cette histoire de liste noire) se terrent à domicile et multiplient les pressions pour que l’État sorte de sa léthargie sécuritaire. Et qu’il prenne des mesures renforcées de protection générale. Mais les dirigeants se trouvent englués dans de complexes embrouilles politiques. À tort ou à raison, la plupart d’entre eux attendent le rapport Mehlis, qui devrait à leur sens produire une toute nouvelle situation politique, avant de prendre des décisions. On sait ainsi qu’ils ont refilé la patate chaude de la loi électorale à une commission consultative de sages. Et qu’ils ne cessent de se renvoyer la balle des nominations. Or la sécurité, on le voit bien, n’attend pas. Des régions déterminées sont visées. Mais aussi, manifestement, la stabilité interne après le retrait des tuteurs. Et l’économie nationale, les entreprises et la saison de villégiature ou de tourisme confondues. Malgré les mois qui filent, en se trouvant ponctués d’explosions, aucune réponse n’a encore pu être apportée à cette simple question : qui est donc derrière les attentats ? L’une des explications de cette lacune tient sans doute au fait que les services sécuritaires sont déboussolés. Ils sont en pleine mutation. Ils attendent leur restructuration comme leur réhabilitation. Ils ont perdu leurs repères habituels du temps de tutelle, leurs réseaux d’indicateurs sont démantelés. Et leurs directoires, mis sur la touche, n’ont pratiquement pas été remplacés. Pourquoi ? Parce que la direction politique flotte, oscille entre majorité qui ne parvient pas à prendre en main les rênes et minorité de blocage. Il faut dès lors espérer, avance un indépendant, que le chocolat de Zalka provoque un sursaut chez les responsables, leur fasse comprendre la nécessité, l’urgence même, de régler la question de la réactivation, après correction de trajectoire, des services de sécurité. En effectuant dans ce domaine les nominations requises sans tarder. La Chambre étant appelée, ajoute cette source, à faire pression dans ce sens sur le cabinet à travers une motion que publierait la commission parlementaire ad hoc, tandis que des députés poseraient au gouvernement des questions qu’ils transformeraient éventuellement en interpellations débouchant sur un vote de confiance. Car le jeu en vaut la chandelle. Parallèlement, le Conseil supérieur de la défense et de la sécurité devrait établir un plan, une stratégie globale pour parer à toute éventualité, à tout danger, sur le terrain. Il est cependant évident que le défaut de la cuirasse reste le peu de cohésion non seulement au sein du pouvoir, non seulement parmi les acteurs du 14 mars, mais également au niveau de la majorité parlementaire. Les avis divergent sur les nominations et sur la possibilité de les décréter en passant outre aux objections de la minorité que guide le régime. L’alliance électorale groupant le Courant du futur, la Rencontre démocratique, Kornet Chehwane, les Forces libanaises, Amal et le Hezbollah s’est disloquée. Chez les haririens, les gens de Siniora ne semblent pas d’accord avec la ligne dure, proche des positions de Joumblatt, qui réclame la mise en quarantaine du régime. Philippe ABI-AKL
Numéro noir d’une série qui l’est encore plus, le 13. L’attentat au TNT de lundi à Zalka est le 13e sur la liste du terrorisme qui frappe le Liban depuis la tentative contre Marwan Hamadé, le 1er octobre de l’an dernier. Suivi par l’assassinat, le 14 février, du président Rafic Hariri et de Bassel Fleyhane, accompagnés dans la mort par les membres de leur escorte et par nombre de...