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En Dents De Scie Coming-out

Trente-troisième semaine de 2005 (J+188 : le rapport Mehlis sera-t-il un simple pétard mouillé, ou bien saura-t-il remettre les pendules à l’heure ?) Ce Mehlis… On dirait le Goldorak du IIIe millénaire, le Zorro des bords du Rhin, un Superman en costume-cravate, un introuvable messie que la majorité (celle des Libanais et celle au pouvoir) attend, espère ; que d’autres craignent ou maudissent. Il lui faudra bien pourtant, un jour ou l’autre, sortir du placard, le très musclé enquêteur en chef de l’ONU ; il lui faudra bien regarder les Libanais (et les autres) dans les yeux et leur dire ce qu’ils attendent depuis 188 jours déjà : la vérité. Les yeux dans les yeux, juste pour que ces Libanais sentent s’il y a eu magouille ou pas, s’il y a eu un deal, un quelque chose de dessous la table, s’il y a farce et qui sont les dindons. Il lui faudra bien, à l’increvable Mehlis, lâcher les eaux. Ne serait-ce que pour que Fouad Siniora cesse de se cacher derrière son petit doigt. Ce Siniora… On aurait envie de le prendre dans ses bras et de le dorloter comme on le ferait d’un petit diablotin dont on craindrait avec le sourire les malices et les farces bien plus que la méchanceté et la capacité de nuisance. Est-ce bien raisonnable pourtant ? Il faut reconnaître que ce Premier ministre hors cadre fait de bonnes choses, pourtant, aussi importantes et fondamentales soient-elles, les mesures qu’il prend ne sont encore que balbutiements, quel que soit l’âge du gouvernement qu’il préside et qui est condamné par la force des choses à la plus radicale, la plus ostentatoire des précocités. Il lui faudra bien pourtant, vite, très vite, sortir du placard, le monsieur-qui-sourit-tout-le-temps-pour-pas-énerver-la-chèvre-et-pas-fâcher-le-chou ; il lui faudra bien regarder les Libanais dans les yeux et avouer en public qu’il est effectivement le chef de la majorité au pouvoir. Qu’il peut donc – qu’il doit – faire en sorte que cette majorité se souvienne qu’elle est majoritaire et qu’elle gouverne enfin, qu’elle crève les abcès, qu’elle répare des erreurs trentenaires, aussi consensuels que soient le système, l’usage, l’historique du Liban et aussi nécessaire soit-il de rassurer un Hezbollah qui semble de moins en moins compatible, en l’état, avec le tissu libanais. Fouad Siniora doit cesser de compter, avec un petit sourire en coin, sur le courage, la détermination, la franchise et le caractère intransigeant de certains de ses ministres, qui font le bon mais sale boulot à sa place. Lesquels ministres devraient d’ailleurs cesser de le couver à ce point, de le dorloter, de le chouchouter, et de le laisser ronronner dans cette bulle confortable construite à partir du plus mou des matériaux – même s’il est nécessaire : la souplesse. Fouad Siniora doit cesser, surtout, de jouer aux attachés de communication de luxe d’Émile Lahoud. Ce Lahoud… Le locataire de Baabda est à la politique made in Lebanon ce que Zineddine Zidane est au football européen – l’aura, le talent et le nombre de buts inscrits en moins : un mystique. Zizou se réveille en pleine nuit sur cette mélopée qui lui dit que le football et les Français n’attendent que lui, Émile Lahoud s’aperçoit un 27 avril au matin que les « frères » ne sont plus là et qu’il ne peut plus compter que sur saint Maron. Il lui faudra bien pourtant, un jour ou l’autre, cet homme que Damas a ramené à Baabda, sortir du placard ; il lui faudra bien regarder les Libanais dans les yeux, et leur expliquer, ils ne demandent qu’à comprendre, ce qui a motivé, entraîné, provoqué tous ces changements à 180°, tous ces retournements. Il lui faudra bien leur expliquer ce qui le meut aujourd’hui, ce qu’il compte faire des deux mois ou deux ans qu’il lui reste au palais. Il lui faudra bien, comme n’importe quel dirigeant, rendre des comptes. Il lui faudra bien, aussi, expliquer pourquoi il continue à se faire accompagner, de Bkerké à New York, par un homme que Detlev Mehlis a qualifié, dans Le Figaro, de « suspect » dans l’attentat du 14 février : Moustapha Hamdane. Il lui faudra bien aussi expliquer au nom de quelle logique, au nom de quel pourcentage, au nom de quelle majorité il peut exiger tel ou tel poste pour telle ou telle nomination. Finalement, il y en a un, et un seul, à être sorti du placard, à avoir clairement et pratiquement sans états d’âme annoncé la couleur, le seul à avoir clairement fait comprendre qu’il est là pour défendre les intérêts des représentants d’une seule communauté plutôt que ceux d’une nation. Cet homme qui s’emploie à défendre la Syrie devant un ambassadeur venu lui rappeler gentiment les obligations internationales du Liban et s’inquiéter de l’état de sa frontière méridionale s’appelle Faouzi Salloukh. Il est ministre des Affaires étrangères du Liban. Ziyad MAKHOUL
Trente-troisième semaine de 2005 (J+188 : le rapport Mehlis sera-t-il un simple pétard mouillé, ou bien saura-t-il remettre les pendules à l’heure ?)
Ce Mehlis…
On dirait le Goldorak du IIIe millénaire, le Zorro des bords du Rhin, un Superman en costume-cravate, un introuvable messie que la majorité (celle des Libanais et celle au pouvoir) attend, espère ; que d’autres craignent...