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Actualités - OPINION

Des députés proposent qu’on passe outre aux nominations pour enclencher divers autres projets importants

Certains députés du Courant du futur et de la Rencontre démocratique souhaitent organiser une sorte d’assemblée générale de la majorité pour débattre de l’évolution enregistrée depuis la formation du gouvernement. Et recueillir les explications du président Siniora sur les blocages, notamment au niveau des nominations. Le but de ces échanges étant de mettre le gouvernement à l’abri des critiques qui émanent autant des loyalistes que des opposants. En fait, comme le relèvent des parlementaires, la majorité se trouve politiquement en porte-à-faux. Parce que le cabinet mis en place est le fruit d’une coalition hybride, contradictoire, entre les hariro-joumblattistes, les lahoudistes, les hezbollahis et les amalistes. Des tendances qui divergent sur à peu près tous les sujets. Ce qui fait qu’il est bien difficile de faire passer des projets en Conseil des ministres. Il faut du temps, à chaque fois, pour parvenir à un compromis. Et c’est manifestement le cas pour les nominations. La Constitution a certes prévu qu’en cas de litige, on procède à un vote. Mais cette voie n’est pratiquement pas empruntable. Car les ministres battus claqueraient la porte et démissionneraient, entraînant le gouvernement dans leur départ. Avec, à la clé, une crise de pouvoir dont le pays ne se remettrait pas, surtout sur le plan socio-économique. Les députés cités estiment dès lors qu’en attendant un accord sur les nominations, qui risque de tarder encore longtemps, il faut que le gouvernement ne reste pas les bras croisés. Et qu’il traite nombre de projets importants antérieurement gelés à cause du conflit opposant le chef de l’État au président martyr Rafic Hariri. Ils ajoutent qu’en se focalisant sur les nominations, les parties au pouvoir paralysent l’État. Ils soulignent à ce propos que les nominations risquent fort de provoquer en définitive une césure, une cassure, entre les présidents Lahoud et Siniora. Pour retomber dans le climat lourdement conflictuel qui régnait du temps du regretté président Hariri, climat qui avait causé tant de tort au pays, sur le plan financier, social et économique. C’est du reste sur ce plan, ajoutent les députés, qu’il faut travailler d’arrache-pied, sans se laisser ligoter par les nominations dont ils contestent au passage l’importance, en regard des problèmes qui préoccupent de façon pressante la population. C’est-à-dire, précisent ces parlementaires, que le pain est vital, alors que l’affectation de tel ou tel à un poste déterminé ne l’est pas. Ils ajoutent que si la majorité gouvernementale reste passive, elle risque encore plus, en fait, de perdre la bataille des nominations. Et, plus gravement encore, de perdre la confiance des Libanais, privés de la réalisation de projets socio-économiques qui leur sont nécessaires. Autre argument avancé par ces députés : c’est par un travail constructif que le gouvernement présent, considéré comme transitoire, doit préparer l’avènement du prochain régime, gage d’une ère de renaissance pour le pays. Un régime qui serait naturellement en parfaite harmonie avec la majorité, ce qui donnerait un pouvoir enfin capable de prendre les décisions que commande l’intérêt national bien compris. Sans se heurter à l’obstruction d’une minorité, comme c’est le cas aujourd’hui. Le fait est, notent des observateurs, que les calculs électoraux, mais aussi gouvernementaux, des leaders de la majorité parlementaire se révèlent peu rentables politiquement. Dans ce sens que le coup de pouce donné au tandem Hezbollah-Amal fait que ces deux formations, au lieu de se ranger aux côtés des haririens et des joumblattistes, ont plutôt tendance à appuyer en Conseil des ministres la ligne minoritaire du président Lahoud. Soutenue occasionnellement par les aounistes et par la Syrie. Il y a là, donc, un bloc assez fort pour tenir tête à la majorité incarnée par les joumblattistes, les haririens, les Forces libanaises, les réformateurs Kataëb et certains piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane. Groupement qui dispose certes de la majorité à la Chambre, comme au sein du Conseil des ministres, mais se voit bloqué par le droit de veto tacite de la minorité. Cela à cause de la configuration composite, confessionnelle et politique, du pays, placé sous le règne de la démocratie du consensus et non du nombre. D’autant que, il faut bien le dire, la minorité bénéficie d’une large assiette populaire. Ainsi, un éventuel refus de participer du tandem Amal-Hezbollah rendrait évidemment contestable toute représentation chiite au sein du pouvoir. Et d’ailleurs, il serait alors bien difficile de mettre sur pied un nouveau gouvernement. Émile KHOURY
Certains députés du Courant du futur et de la Rencontre démocratique souhaitent organiser une sorte d’assemblée générale de la majorité pour débattre de l’évolution enregistrée depuis la formation du gouvernement. Et recueillir les explications du président Siniora sur les blocages, notamment au niveau des nominations. Le but de ces échanges étant de mettre le gouvernement à...