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Actualités - ANALYSE

Des experts arabes et étrangers seraient mis à contribution La restructuration des services passe par une stratégie de la sécurité

Le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, et son collègue intérimaire de la Défense, Yaacoub Sarraf, entament une série de réunions techniques pour la restructuration des services de sécurité, en application d’une décision du Conseil des ministres. Les responsables sont autorisés à solliciter à cette fin les conseils d’experts arabes ou étrangers. Ils ont un mois pour soumettre leurs conclusions au Conseil en vue de moderniser les services, de les rendre plus efficaces en définissant clairement leurs attributions respectives, pour mettre un terme aux empiètements et aux débordements abusifs, à caractère politique ou autre. Bien entendu, dès qu’Élias Murr, qui souffre de brûlures sévères aux bras par suite de l’attentat dont il a été la cible, sera rétabli, Sarraf lui remettra le dossier. En attendant, avec son collègue de l’Intérieur, il doit s’employer sur deux fronts. Car, tout en entamant le traitement des services, le gouvernement doit faire face sur le terrain à des défis, à des menaces, à des tentatives de troubler l’ordre et de déstabiliser ce pays encore fragile. Il y a en effet de fortes présomptions concernant l’action souterraine de parties étrangères qui chercheraient à frapper la sécurité intérieure pour affecter l’image du Liban à l’extérieur et exploiter sa situation, considérée naguère comme la plus sûre, tout compte fait, dans la région. Ce qui valait aux services en charge les compliments de l’étranger, et facilitait l’afflux de capitaux, de villégiateurs et de touristes, dont le nombre global a dépassé l’an dernier 1,3 million. Sabeh et Sarraf, indiquent des sources informées, ne vont pas hésiter à recourir aux conseils d’experts européens ou onusiens. Tant pour réorganiser les services que, plus ponctuellement, pour conforter la stabilité et prévenir la multiplication des secousses sécuritaires enregistrées pendant, comme après, la période de retrait des forces syriennes. Une salle conjointe d’opérations Cette double mission n’est pas facile. Il faut reprendre les réglementations pratiquement à partir de zéro. Parce qu’elles sont si mal fagotées qu’elles initient une forte confusion au niveau des prérogatives respectives des multiples services sécuritaires, souvent confrontés à des conflits de compétence. Il faut y mettre de l’ordre. Mais prévoir nécessairement, en même temps, des mécanismes de bonne coordination-coopération, impliquant une communication renforcée et, le cas échéant, une unification des efforts. Surtout en ce qui concerne la collecte d’informations policières, leur analyse et les enquêtes judiciaires. Dans cet esprit, Sabeh suggère déjà que l’on crée une salle d’opérations conjointe relevant du Conseil de sécurité centrale que dirige le ministre de l’Intérieur. Cette salle serait chapeautée par un directeur de cabinet dépendant directement du ministre, assisté d’officiers et de cadres qualifiés. Elle aurait l’exclusivité du traitement en ce qui concerne l’analyse des données, actuellement traitée séparément par les services. Un cloisonnement qui entrave fréquemment les recoupements d’informations susceptibles de faire avancer les enquêtes. La même instance servirait, du reste, de trait d’union entre les services, en attribuant ou en distribuant au besoin les missions, pour empêcher les empiètements anarchiques, tant observés dans les investigations ou sur les scènes de crimes. En pratique, cela signifie que la salle centrale d’opérations aurait à superviser des corps actifs aussi différents que la Défense civile, les pompiers, les secouristes de la Croix-Rouge, la Sûreté générale, la Sûreté de l’État, les diverses polices ou brigades judiciaires ainsi que les services de renseignements ou encore, éventuellement, les unités de protection des ambassades et de personnalités. Des chasses gardées Bien entendu, comme l’élément politique n’est jamais loin dans un pays composite, la restructuration des services devra impliquer la révision des statuts de certains d’entre eux. Ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour atténuer, sinon pour gommer définitivement, les effets du clientélisme et du copartage à caractère confessionnel, régional ou partisan. On sait en effet que, grosso modo, tel service est réputé être une chasse gardée pour telle communauté ou telle partie politique. On a de la sorte beaucoup glosé sur le fait que, de toute évidence, la Sûreté de l’État a été inventée dans les années quatre-vingt pour donner satisfaction au président Berry. À un moment où, étant ministre, il protestait contre le fait que la Sûreté générale soit (alors) dévolue aux chrétiens. Il la voulait pour les chiites. Comme compromis, Abdel Halim Khaddam avait donc proposé, lors des rencontres de Bickfaya chez Gemayel, que l’on fasse cadeau à Berry d’une nouvelle direction générale de la Sûreté, dite d’État. Par la suite, rappelons-le, les chiites ont d’ailleurs fini par décrocher la Sûreté générale. Aujourd’hui, beaucoup proposent que la Sûreté de l’État soit refondue soit dans les FSI, soit dans la Sûreté générale, du moment qu’elle fait double emploi avec l’un ou l’autre de ces corps. Et qu’elle coûte beaucoup en frais administratifs improductifs. Dans le même esprit, le mécanisme adopté par le gouvernement pour les nominations, à savoir la rotation dans les postes de première catégorie, vient faciliter l’éventuelle suppression de la Sûreté de l’État. Un autre point important que soulèvent plusieurs politiciens : les fonds secrets attribués aux services, et qui donnent lieu à bien des abus. Fonds qu’on devrait supprimer, affirment ces personnalités, qui concèdent toutefois que dans certaines affaires d’État, le pouvoir puisse débloquer des crédits exceptionnels, dont la destination finale pourrait ne pas être révélée. Comme cela se pratique dans les démocraties occidentales. Philippe ABI-AKL

Le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, et son collègue intérimaire de la Défense, Yaacoub Sarraf, entament une série de réunions techniques pour la restructuration des services de sécurité, en application d’une décision du Conseil des ministres. Les responsables sont autorisés à solliciter à cette fin les conseils d’experts arabes ou étrangers. Ils ont un mois pour...