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Messe de l’Assomption à Aïn Saadé en présence des corps diplomatique et consulaire de l’ambassade Matar : « Le Liban doit tant à la France depuis mille ans »

L’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier, en la résidence archiépiscopale de Aïn Saadé, la messe de l’Assomption à l’intention de la France, comme chaque année. Mgr Matar était assisté de Mgr Joseph Merhej et de Mgr Mansour Labaki, en présence des évêques Khalil Abinader, Émile Eid et Anis Abi Aad. L’office s’est déroulé en présence des corps diplomatique et consulaire de l’ambassade de France, notamment le chargé d’affaires Joseph Silva, et des députés Fouad el-Saad, Élie Aoun, Henri Hélou, Ghassan Moukheiber, Sélim Salhab, les anciens ministres Michel el-Khoury, Wadih el-Khazen et Ibrahim Daher, le président de la Ligue maronite et ancien ministre de la Culture, Michel Eddé, le président du comité pour le dialogue islamo-chrétien, l’émir Hareth Chéhab, plusieurs personnalités politiques, partisanes, syndicales et plusieurs magistrats et membres de la société civile. L’office a été suivi par un déjeuner en l’honneur de l’ambassade de France. Dans son homélie, Mgr Matar a d’abord évoqué la symbolique de l’Assomption, évoquant « le spectacle désolant de cette culture de la mort qui nous conduit à nous voiler la face de honte ». « Ce déferlement de haine qui emporte dans sa trajectoire les hommes, les maisons et les paysages, nous le ressentons comme une flagellation. Dans tous les pays du monde, des enfants pleurent, des enfants meurent, des enfants sont assassinés. Le monde n’a jamais tant parlé des droits de l’enfant, et il ne les a jamais autant bafoués », a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Le Liban, Dieu merci, est sorti de l’abîme infernal de la guerre. S’il est aujourd’hui sur le chemin de la “récupération”, c’est grâce au courage de son peuple puisé dans les prières constantes à Celle qui a été d’abord la “Mater Dolorosa” avant de devenir le témoin de la victoire de la Lumière sur les Ténèbres (…) », a-t-il ajouté. « Je voudrais, Monsieur le chargé d’affaires, vous assurer, et assurer votre pays que nous prions Marie, Reine de France et Reine du Liban, pour toutes vos intentions. Nous lui demandons à cette messe célébrée pour la France de bénir ce noble pays, lutteur digne et intrépide en faveur des droits de l’homme et de la dignité de tous les peuples. Nous lui demandons de garder cette France, mère des arts et des lois, mais aussi terre d’accueil et source de générosités, afin qu’elle reste un pays modèle qui se met au service des autres pays en quête de soutien. Le Liban vous doit tant depuis mille ans de son histoire, il compte sur votre amitié pour l’avenir. Notre pays essaye de reprendre la route, indépendant et souverain, aux côtés de ses frères et de ses amis, aux côtés de la France, pour faire prévaloir la justice et le droit à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. (…) Le fait que vous acceptez de venir prier avec nous tous les ans, à cette fête de la Vierge, et cela depuis plus de cent cinquante ans, nous montre que si le ciel ratifie cette amitié, les forces du mal ne prévaudront point contre elle », a conclu Mgr Matar. Des relations plus que jamais fraternelles Prenant la parole, le chargé d’affaires français, Joseph Silva, s’est adressé en ces termes à l’archevêque maronite : « Votre accueil, comme les prières que vous avez élevées tout à l’heure à l’intention de mon pays, témoignent de la relation privilégiée qu’entretient la communauté maronite et le Liban avec la France depuis des siècles. Fondée à l’origine sur la mission assurée par la France de protection des “chrétiens d’Orient”, cette relation est à la base des liens très forts qu’entretient la France depuis bien longtemps avec le Liban tout entier. (…) Cette relation si dense et singulière entre la communauté maronite et la France s’exprime par cette messe du 15 août, célébrée à l’intention de la France depuis plus d’un siècle et demi, sans interruption. Elle s’exprime aussi par la messe du lundi de Pâques, célébrée chaque année par Sa Béatitude le patriarche maronite en présence de l’ambassadeur de France. » « Au-delà de ces traditions si précieuses et si fortes de sens, l’action de l’Église maronite en faveur de l’enseignement scolaire et universitaire en français est aussi le prolongement de ce sentiment de fraternité qui nous unit, qui dépasse nos références religieuses communes pour fonder une communauté de culture et de valeurs universelles partagées : la justice, le droit, la liberté, le dialogue, et non pas la violence, pour trouver des solutions aux conflits », a-t-il poursuivi. « À travers la promotion de la langue française et de la francophonie, qui doit tant à votre communauté, avec en particulier l’Université La Sagesse, dont vous êtes le chancelier, et les collèges de La Sagesse, dont vous êtes le président d’honneur, ce sont aussi ces valeurs partagées qui doivent être défendues et diffusées auprès de la jeunesse, qui tiendra une place éminente dans la reconstruction d’un Liban libre », a ajouté M. Silva. « Ces valeurs n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui pour tous les Libanais, alors que votre pays vit une période cruciale de son histoire. Ces six derniers mois ont été marqués par de grandes souffrances : l’assassinat du président Rafic Hariri, de Bassel Fleyhane et de leurs compagnons, les attentats contre Samir Kassir et Georges Haoui, ceux contre Marwan Hamadé et Élias Murr. Mais ces actions de terreur et d’intimidation ne doivent pas compromettre l’immense espoir né du retour de la pleine indépendance et de la pleine souveraineté du Liban, après l’exceptionnelle mobilisation de tout un peuple aspirant à la liberté. Après l’organisation d’élections libres, un nouveau gouvernement a été formé, issu d’un processus politique démocratique et autonome. Il a été investi par un Parlement qui a montré qu’il était capable d’aborder sans tabous les questions fondamentales auxquelles le Liban doit faire face pour se redresser, et pour retrouver sa place politique et économique dans la région et dans le monde », a-t-il noté. « Comme l’a plusieurs fois souligné M. l’ambassadeur, nous ressentons, aujourd’hui plus que jamais, une relation fraternelle entre le Liban et la France, et le sentiment d’un destin partagé. La France s’engage pour la liberté et la souveraineté du Liban, pour que le “printemps du peuple libanais” débouche sur une vraie transition politique, solide et durable, soutenue par des réformes économiques et administratives ambitieuses et volontaristes, en particulier la réforme de la loi électorale, à laquelle vous êtes légitimement si attachés. Les espoirs sont immenses. Les difficultés, les peurs, la tentation du découragement ne doivent pas empêcher le Liban de relever les défis qui sont devant lui. C’est pourquoi la France soutient activement le renforcement et le développement d’un dialogue interlibanais authentique et serein. Avec l’Union européenne et la communauté internationale, notre pays veut être présent à vos côtés et, si vous le souhaitez, vous accompagner dans ces changements, pour que le Liban trouve ses propres solutions à ces défis », a souligné M. Silva. « La voix d’hommes de dialogue et d’ouverture, la parole et l’engagement d’hommes sages mais déterminés, comme vous, Mgr Matar, sont essentiels pour le succès du nouveau Liban en train d’émerger. Votre engagement personnel et celui de l’Église maronite tout entière en faveur de l’œcuménisme, votre engagement, comme celui de l’ensemble des communautés du Liban réunies, en faveur du dialogue islamo-chrétien, de l’insertion de votre pays dans le monde arabe et de son ouverture sur le monde, participent à l’avènement d’un Liban pacifié, redevenu, selon les termes de notre Premier ministre Dominique de Villepin, à l’époque où il dirigeait la diplomatie française, “cet indispensable pont entre Orient et Occident, christianisme et islam, modernité et tradition” », a-t-il conclu. Matar : La France est avec nous Dans le cadre du déjeuner offert en l’honneur de l’ambassade de France, Mgr Matar a prononcé une allocution, souhaitant la bienvenue à M. Silva pour le début de sa mission au Liban. L’archevêque de Beyrouth a ensuite évoqué l’attachement de l’Église et de la communauté maronites à l’amitié franco-libanaise « qui a sans cesse depuis des siècles accompagné notre marche nationale et qui vient de se manifester avec éclat dans les développements dramatiques qui se sont déroulés au Liban au cours de cette année ». Mgr Matar a évoqué trois dates successives de l’histoire récente, s’étalant sur près de cent ans, pour « bien mettre en évidence le souci constant de la France de nous accompagner dans l’édification et dans le développement de notre vie nationale » : la création du Grand Liban en 1920, l’indépendance en 1943, et l’année 2005. « Jusqu’à l’année en cours, nous avions vécu soit une souveraineté limitée ou assistée, soit une souveraineté définie comme une opposition aux autres, à l’Est comme à l’Ouest. Aujourd’hui, et après la sortie de notre peuple sur les places publiques, uni comme jamais, notre souveraineté recouvre son plein sens et s’apprête à établir des relations strictement égalitaires, tant avec les pays frères qu’avec les pays amis », a souligné Mgr Matar. « Dans cette atmosphère nouvelle, le Liban a gagné une nouvelle reconnaissance internationale. Il est apparu comme un point de mire pour les Nations unies soucieuses d’inviter les peuples à se développer au moyen de l’ouverture aux normes et aux pratiques de la démocratie. Les meilleures chances, on dirait, se sont réunies pour que le Liban batte de ses ailes et reprenne à nouveau la maîtrise de son destin. Là aussi, le concours de la France nous est offert avec le souci que le Liban entreprenne sa nouvelle marche vers un avenir aussi brillant que mérité. Toutefois, cette nouvelle phase de notre histoire nationale ne sera pas dénuée de difficultés, comme nous pouvons tous le deviner », a-t-il indiqué. « Tout d’abord sur le plan de la vie quotidienne, à l’intérieur de nos frontières. Nous devons nous habituer à nouveau à la pleine responsabilité de nos actes sociaux et politiques. Il nous faudra régler la question de nos dettes, comme il sera salutaire que le peuple demande enfin des comptes à ses dirigeants. Nous devons surtout apprendre à assainir notre vie démocratique afin qu’elle devienne plus capable d’éclairer et de soutenir les efforts des pays de la région dans l’établissement de leur propre démocratie. Il faut donc vérifier notre système, le rendre plus rationnel et acquérir à son sujet une unanimité réconciliée », a-t-il estimé. « Quant à nos relations avec l’extérieur, elles doivent bien sûr être soumises aux lois de la communauté internationale. Mais, dans ce domaine, il est bon de rappeler que vis-à-vis des Nations unies, dont le Liban est un pays fondateur, nous avons autant de droits à réclamer que d’obligations à tenir. Dans le sud du pays, il ne suffit pas de garder nos frontières calmes. Car là n’est pas la chose la plus grave. Il faudra surtout résoudre des questions de fond, comme celles qui concernent le règlement du problème des réfugiés se trouvant au Liban depuis près de soixante ans. Ceux-là sont chez nous par la responsabilité des Nations unies, et la récupération de leurs droits doit être prioritaire à la responsabilité des Nations unies », a ajouté Mgr Matar. « Face à tous ces défis, de l’intérieur comme de l’extérieur, la France est avec nous. Elle l’a dit et elle le fait encore. Mais au-delà de la restauration d’une situation normale dans notre pays, nous souhaitons reprendre notre place de partenaires à part entière dans l’édification de la paix dans la région et dans le monde, paix basée sur le droit, la justice et la reconnaissance mutuelle entre les peuples. C’est ainsi que nous ravivons en nous les idéaux partagés depuis toujours avec la France, que nous enrichissons l’amitié séculaire qui nous unit. Ensemble, nous avons été de connivence pour l’humain, pour tout ce qui est relatif au progrès de la civilisation. Ensemble, nous continuerons, dans les nouvelles conjonctures du monde, à œuvrer en faveur du dialogue entre les cultures, du recul de la violence et du progrès du droit et de la raison », a-t-il conclu.
L’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier, en la résidence archiépiscopale de Aïn Saadé, la messe de l’Assomption à l’intention de la France, comme chaque année. Mgr Matar était assisté de Mgr Joseph Merhej et de Mgr Mansour Labaki, en présence des évêques Khalil Abinader, Émile Eid et Anis Abi Aad.
L’office s’est déroulé en présence des...