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Actualités - OPINION

L’enquête de la commission internationale progresse à grands pas Le sort de l’équipe Siniora tributaire du rapport Mehlis

Tous les regards sont braqués sur l’enquête internationale concernant l’assassinat du président Rafic Hariri. Detlev Mehlis, le procureur allemand qui dirige la commission, relance constamment nombre de responsables ou des particuliers avertis pour éclairer certains détails. Selon les professionnels informés, les experts de diverses nationalités qui épaulent Mehlis ont jusqu’à présent recueilli une quantité énorme d’informations, de données ou d’indices susceptibles de mener à la découverte de l’entière vérité. Et l’enquête progresse donc à grands pas. Mehlis poursuit localement ses auditions de cadres civils ou d’officiers qui étaient en charge en date du 14 février. En attendant de recueillir les dépositions, les témoignages de responsables syriens qui se trouvaient en poste au Liban lorsque les forces syriennes y étaient encore cantonnées. Comme le chef des services de renseignements militaires, le général Rustom Ghazalé, ou son prédécesseur, l’actuel ministre syrien de l’Intérieur, le général Ghazi Kanaan. Les médias locaux ou occidentaux se sont faits l’écho de rumeurs selon lesquelles Damas refuserait de collaborer avec la commission d’enquête internationale. Ou, plus précisément, exigerait que les questions-réponses se fassent par correspondance écrite. Les services onusiens de Beyrouth démentent ces bruits en confirmant que Mehlis tient à envoyer des enquêteurs en Syrie pour recueillir les témoignages nécessaires. Par la suite, il déciderait s’il est ou non utile de procéder à des confrontations entre Libanais et Syriens. Le magistrat devrait en tout cas soumettre à Kofi Annan un premier rapport technique à la fin du mois en cours. À la lumière de ce document, le Conseil de sécurité décidera s’il faut ou non proroger de quelques semaines (comme le souhaite déjà Mehlis, en fait) la mission de la commission d’enquête internationale. Dont les conclusions risquent, comme s’accordent à le souligner des pôles de divers bords, de provoquer un séisme sur la scène politique locale ou même régionale. Avec des retombées dépassant largement le cadre policier, criminel ou judiciaire. Cette perspective amène d’ailleurs plusieurs parties à réserver leurs jugements ou leurs prises de position sur nombre de dossiers importants. Car tout pourrait être remis en cause au lendemain de la publication du rapport Mehlis. Cette réserve s’observe notamment du côté du gouvernement comme de la majorité parlementaire. L’on a d’ailleurs pu entendre Joumblatt indiquer qu’il ne ferait pas de compromis avec la Syrie avant le rapport Mehlis. Il est possible, estiment nombre de professionnels, que l’attentisme s’étende aux nominations, en principe attendues pour cette même semaine. Une possible démission du gouvernement Pour tout dire, et un peu dans l’esprit des déclarations en flèche de Joumblatt, qui rejette l’idée de compromis avec le système, la majorité dans son ensemble et l’enquête de Siniora en particulier ne souhaitent pas transiger avec le régime ou lui faire des concessions. Ni sur les nominations ni sur la loi électorale. Le mot d’ordre serait donc de perdre le temps, en attendant le rapport Mehlis. Ce qui sous-entend que, du côté de la majorité, on espère que ce document serait par trop accablant pour le système que l’on n’a pu évincer totalement. Et qu’il se retrouvera en position de faiblesse au point de laisser le pouvoir basculer tout entier du côté de la majorité parlementaire. Sans pouvoir se consolider en faisant nommer, encore une fois, des gens à lui à des postes administratifs, judiciaires ou sécuritaires de choix. Les proches du président du Conseil indiquent qu’il préfère laisser mûrir tranquillement les choses sans se heurter au chef de l’État. D’autant que, répétons-le, les néoloyalistes espèrent fortement qu’après le rapport Mehlis, la responsabilité de certains étant bien dénoncée, il ne sera plus possible de maintenir certains symboles ou certains mécanismes qui restent encore en place. Il y aurait donc une vraie purge et un début de changement réel. Mais peut-être bien, estiment les mêmes sources, au prix d ’une démission de l’actuel gouvernement. Qui se retrouverait pris dans de forts remous politiques, des réactions négatives au rapport Mehlis, assorties d’un refus des partisans du régime ou du système sortant de prendre en compte les résultats de ce rapport. Le but de la démission serait évidemment d’isoler le régime. Et il ne serait pas exclu alors, prévoient les professionnels, que tous les pôles sunnites refusent de former un gouvernement sous son égide avant que les complices ou les fautifs dans l’affaire de l’assassinat du président Hariri ne soient sanctionnés. Il y a donc en perspective un risque de grave crise politique. Tant le patriarche Sfeir que Walid Joumblatt s’inquiètent d’une éventuelle confessionnalisation des crispations éventuelles et plaident pour la concorde. Afin de couper l’herbe sous les pieds de parties qui tenteraient d’attiser les tensions et de troubler l’ordre public. Pour faire diversion. Car dès à présent, des individus susceptibles d’être soupçonnés tentent de se trouver des protections politiques. Philippe ABI-AKL

Tous les regards sont braqués sur l’enquête internationale concernant l’assassinat du président Rafic Hariri. Detlev Mehlis, le procureur allemand qui dirige la commission, relance constamment nombre de responsables ou des particuliers avertis pour éclairer certains détails. Selon les professionnels informés, les experts de diverses nationalités qui épaulent Mehlis ont jusqu’à...