Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Indonésie - Djakarta et les rebelles séparatistes doivent signer aujourd’hui en Finlande un accord historique La paix en vue à Aceh après 30 ans de violences

Le gouvernement de Djakarta et les rebelles séparatistes de la province indonésienne d’Aceh doivent signer aujourd’hui en Finlande un accord de paix historique, censé mettre un terme à un conflit armé trentenaire. Si l’espoir est bien là et semble-t-il dans les deux camps, la prudence est forcément de mise : sur place, les violences continuent et plusieurs trêves ces dernières années ont fait long feu. La donne a toutefois changé, à la suite du tsunami qui a fait plus de 165 000 morts ou disparus à Aceh : autrefois fermée aux étrangers, cette région du nord de la grande île de Sumatra est aujourd’hui parcourue par des centaines d’étrangers venus la reconstruire. Jamais la paix n’a semblé aussi nécessaire ni aussi possible. Jamais la volonté politique de Djakarta n’a paru si franche. Jamais les pourparlers de paix ne s’étaient déroulés si directement, en cinq sessions depuis janvier sous l’égide de l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari et de sa fondation, le CMI (Crisis Management Initiative, Initiative pour la gestion des crises). Le protocole d’accord conclu le 17 juillet, qui doit être signé aujourd’hui à Helsinki côté indonésien par le ministre de la Justice Hamid Awaluddin, reste secret dans ses détails, mais il prévoit un règlement pacifique du conflit qui a fait une quinzaine de milliers de morts depuis 1976. Devraient être réglés les questions de la participation politique des rebelles du Mouvement Aceh libre (GAM) aux structures gouvernementales à Aceh, celles liées à leur réintégration à la société et le problème de la sécurité dans la région. De 200 à 300 observateurs de l’Union européenne (UE) et d’Asie du Sud-Est seront déployés dans la foulée de la signature dans la province, pour surveiller l’application de l’accord, notamment le retrait des militaires habituellement basés dans d’autres régions et la remise des armes du GAM. « J’ai l’impression que l’accord est nettement plus détaillé, plus concret, ce qui réduit par conséquent la possibilité que le texte ne soit pas appliqué », analyse l’ancien ministre des Droits de l’homme Hasballah Saad, un Acehnais ardent militant de la paix. Un obstacle majeur a été levé : le GAM a abandonné son exigence d’indépendance. En contrepartie, le gouvernement aurait accepté que des partis politiques puissent se créer sans être nécessairement représentés dans la capitale indonésienne. « Cette fois, le potentiel d’application de cet accord de paix est beaucoup plus fort qu’en 2000 et 2002 », années où deux trêves avaient avorté dans le sang, juge Otto Syamsuddin Ishak, de l’association de défense des droits Imparsial, qui étudie la situation à Aceh. Selon M. Ishak, l’optimisme est répandu dans la province. De surcroît, relève-t-il, à l’opposé de leurs prédécesseurs, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono et le vice-président Yusuf Kalla ont « tous les deux montré qu’ils étaient prêts à lutter pour cette paix et à persuader ceux qui sont contre ». M. Yudhoyono a notamment arraché in extremis le soutien du Parlement, qui avait fait montre de nombreuses réticences ces derniers mois. Selon J. Kristiadi, du Centre d’études stratégiques internationales de Djakarta, « les deux camps sont las et ont compris après trente ans qu’une approche militaire ne pouvait résoudre le problème ». La prudence s’impose toutefois pour deux raisons principales. La première est que nul ne connaît l’influence réelle de la direction politique du GAM, exilée depuis les années 1970 en Scandinavie, sur les rebelles du terrain, traqués dans les montagnes et qui ont perdu environ 2 500 hommes en deux ans. La seconde inconnue sera la capacité et la volonté de la puissante armée indonésienne à se plier à l’accord signé.
Le gouvernement de Djakarta et les rebelles séparatistes de la province indonésienne d’Aceh doivent signer aujourd’hui en Finlande un accord de paix historique, censé mettre un terme à un conflit armé trentenaire.
Si l’espoir est bien là et semble-t-il dans les deux camps, la prudence est forcément de mise : sur place, les violences continuent et plusieurs trêves ces dernières...