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Actualités - REPORTAGE

Voyance - C’est la première fois depuis 20 ans qu’elle participe à un Festival de la chance Yasmina Saleh prévoit de nouvelles violences au Liban en 2005, mais une reprise économique à partir de janvier 2006 (photos)

On aurait tendance à la surnommer Cassandre. Déjà à l’âge de 6 ans, elle avait vu venir la guerre du Liban. Et au début de l’année en cours, elle avait prédit l’assassinat par voiture piégée d’un homme politique libanais, la détérioration de la situation en Irak, la mort du pape Jean-Paul II, les attaques terroristes dans les métros en Europe… Yasmina Saleh Mathias, médium, continue à être pessimiste, du moins pour les mois à venir, affirmant que 2005 est l’année «des horreurs», non seulement pour le Liban, mais pour le monde entier. C’est avec un sourire aux lèvres qu’elle vous aborde et vous introduit dans l’une des nombreuses pièces de l’hôtel où elle est logée à l’occasion du Festival de la chance, organisé récemment par Mega Events, au centre-ville. «Depuis vingt ans que j’exerce ce métier, c’est la première fois que je participe à un festival, insiste-t-elle. J’ai accepté de venir, parce que le festival se déroule à Beyrouth. J’ai voulu présenter quelque chose à mon pays.» Entourée de ses innombrables jeux de cartes, de sa boule de cristal et de son pendule, Yasmina Saleh explique que la voyance est un don qu’elle a cultivé «en participant à plusieurs séminaires spécialisés et en faisant de la méditation». «J’avais 6 ans lorsque j’ai commencé à avoir des visions de soldats déployés dans plusieurs endroits, raconte-t-elle. Personne ne comprenait ce qui se passait avec moi. Mes parents pensaient que j’hallucinais et m’ont fait faire le tour des médecins. Cinq à six ans plus tard, j’ai su que c’était la guerre du Liban que je voyais.» Mais c’est au milieu des années quatre-vingt que Yasmina Saleh a choisi la voyance pour métier. Elle venait de décrocher un doctorat en philosophie à Londres et commençait à s’intéresser aux tarots. «Au début, je faisais cela pour m’amuser, note-t-elle. Puis j’ai commencé à me faire une clientèle qui n’a cessé de grossir au fil des ans.» Plus de vingt jeux de tarots, une boule de cristal et un pendule sont les outils indispensables à Yasmina Saleh lors d’une consultation. Chaque jeu de tarots l’aide à détecter une chose: situation générale, initiales, noms, vie sentimentale, messages de spiritisme… «J’ai dessiné moi-même un jeu de tarots que je vais lancer bientôt sur le marché, note-t-elle. Sur une des cartes, j’ai même dessiné un cèdre du Liban. Ces cartes m’aident à voir des obstacles, des négociations, des problèmes de santé, etc. La boule de cristal m’aide à capter les énergies. C’est comme un flash. Je l’utilise l’espace de quelques secondes uniquement.» Mais c’est le pendule qui revêt une grande importance chez Yasmina Saleh. «C’est mon outil de travail, indique-t-elle. Je l’utilise pour les énergies. Il m’aide à voir si la personne est négative ou non.» Changer sa destinée Toutes les séances ne sont pas similaires. «Je n’utilise pas tous les jeux de tarots pour une même personne, remarque-t-elle. Parfois, j’arrête la consultation au bout de quelques minutes et je renvoie le client. Cela se passe généralement lorsque les personnes sont renfermées. L’énergie ne passe pas et je me sens bloquée.» Comment se passent les séances? «Je vois des images et parfois des morts me parlent, répond Yasmina Saleh. Mais ce n’est pas moi qui les appelle. Ce sont eux qui se manifestent. Souvent, le père ou la mère d’un client apparaît et me demande de lui transmettre un message. La personne en question est alors émue mais ces messages de l’au-delà lui font du bien. Ils aident à dépasser un deuil.» Au début, Yasmina Saleh avait peur de ces instants. À présent, «les morts sont devenus des amis». Yasmina Saleh cache rarement les mauvaises nouvelles à ses clients. «Je prédis tout, mais j’évite de raconter les choses qui pourraient traumatiser mon interlocuteur, affirme-t-elle. J’essaie toutefois de le prévenir d’un quelconque incident. Il y a cinq ans, j’ai annoncé à une cliente la mort prochaine de son père. Au début, elle a mal pris la chose. Mais cela lui a permis de se rapprocher de son père. Finalement, je l’ai aidée.» Et de poursuivre: «Tout ce que je vois n’est pas inévitable. Nous pouvons changer le cours d’un grand nombre d’événements. Nous assumons une grande part de responsabilité. En fait, à part les grands événements, comme la mort, chacun peut changer sa destinée. Tout n’est pas écrit, sinon ça aurait été trop facile.» Plusieurs personnalités consultent Yasmina Saleh, mais c’est avec les gens ordinaires qu’elle préfère rester. «Au départ, c’étaient les femmes qui venaient chez moi, signale-t-elle. À présent, je compte parmi mes clients un grand nombre d’hommes. Ces derniers n’aiment toutefois pas avouer qu’ils le font. Ils viennent en secret et me consultent surtout pour leurs affaires. Ils demandent rarement des conseils en relation avec leur vie sentimentale.» «Je constate une grande différence entre les gens au Liban et à Londres, ajoute-t-elle. Au Liban, on est stressé à cause de la situation, mais on sent la chaleur humaine. On trouve toujours quelqu’un vers qui se tourner et prêt à aider, tandis qu’en Europe, on vit dans une solitude affreuse. Plusieurs clients viennent me consulter parce qu’ils n’ont personne à qui parler. Le Liban a plusieurs avantages dont on n’est pas conscient. Les gens ne réalisent pas que l’exil est difficile. Cela fait vingt ans que je vis en exil et c’est un très gros prix à payer. Et je suis certaine que je ne vieillirai pas à l’étranger. Je ne peux pas toutefois rentrer dans l’immédiat. Mon mari travaille à Londres et j’ai beaucoup de clients que je ne peux pas abandonner. Mais j’effectue des voyages réguliers au Liban. Le pays me manque.» Et ce sont les mois à venir que Yasmina Saleh redoute le plus. «Jusqu’en décembre, le Liban continuera à traverser des moments difficiles, prédit-elle. Les explosions aux voitures piégées vont se poursuivre et vers les mois de septembre et d’octobre, un homme politique sera assassiné. Cet attentat sera suivi d’un grand chaos dans le pays, mais il n’y aura pas de guerre civile. Je vois aussi des affrontements avec Israël, avec une intervention américaine. L’année 2005 continuera à être affreuse non seulement au Liban, mais dans le monde. Je vois de la violence partout, en Italie, aux Pays-Bas, à Londres, aux États-Unis... Tous ceux qui ont participé à la guerre contre l’Irak vont être affectés à leur tour. C’est en janvier 2006 que la situation commencera à s’améliorer au Liban. Il y aura une reprise économique avec de gros investissements saoudiens…» Nada MERHI

On aurait tendance à la surnommer Cassandre. Déjà à l’âge de 6 ans, elle avait vu venir la guerre du Liban. Et au début de l’année en cours, elle avait prédit l’assassinat par voiture piégée d’un homme politique libanais, la détérioration de la situation en Irak, la mort du pape Jean-Paul II, les attaques terroristes dans les métros en Europe… Yasmina Saleh Mathias,...