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Actualités - REPORTAGE

Liban-France - Une physiothérapeute volontaire, envoyée par l’Ordre de Malte à l’hôpital de Bhannès Pauline Gouraud: «J’ai des prédispositions familiales qui m’attachent d’une manière particulière au Liban»(photos)

Le Liban ne figurait pas sur la liste de ses priorités, mais le destin en a voulu autrement. Pauline Gouraud, arrière-petite-nièce du général Henri Gouraud, haut-commissaire de la République française en Syrie, qui a, rappelons-le, proclamé en août 1920 le Grand-Liban, a effectué un séjour de onze mois au pays du Cèdre en tant que physiothérapeute volontaire, à l’hôpital de Bhannès. C’est en septembre 2004 que le périple de Pauline Gouraud, 23 ans, fraîchement diplômée en physiothérapie, commence dans notre pays. «Je n’avais pas pensé à venir au Liban, raconte-t-elle. Mon idée était de pratiquer un an à l’étranger en tant que professionnelle. Mais j’ai rencontré des difficultés, puisque les associations que j’avais contactées imposaient un engagement de deux années, au moment où les organismes professionnels exigeaient plusieurs années d’expérience. Finalement, c’est grâce à l’Ordre de Malte que j’ai pu aboutir à un compromis qui réponde à mes critères: exercer mon métier à l’étranger pendant une année tout en étant entourée par une communauté religieuse. C’est important pour moi, parce que cela répond à un désir personnel d’avoir une expérience dans ce domaine-là.» Et c’est ainsi que Pauline Gouraud a été engagée en tant que volontaire à l’hôpital de Bhannès. «Le matin, je travaille dans un centre de rééducation pour adultes, poursuit-elle. L’après-midi, je traite avec des enfants infirmes moteurs cérébraux (IMC). C’est une expérience intéressante sur le plan professionnel. De plus, les enfants handicapés vous apportent beaucoup et vous poussent à réfléchir. Comme ils sont logés à l’hôpital, ils sont répartis sur des unités qui regroupent chacune près de sept enfants. La religieuse responsable de ces unités a réussi à créer un lieu de vie agréable. Quand on y est, on a envie d’y rester. On sent vraiment que ces enfants sont heureux d’être là et qu’ils s’épanouissent. Travailler avec eux est très attachant.» «J’ignore encore ce que je ferai quand je serai de retour en France, note Pauline Gouraud. Mais une année à l’étranger est une bonne expérience. Au niveau personnel, mon séjour m’a apporté de l’ouverture et une envie de comprendre comment fonctionne ce pays. Bien que cela ne soit pas évident. Mais…» «J’ai appris à être patiente, ajoute-t-elle. Au début, lorsqu’on sortait avec des amis, je restais en voiture et je ne comprenais rien à ce qui se passait, parce que le programme allait changer quatre fois en un quart d’heure. Cela m’a beaucoup marquée. Je me sentais immergée dans un monde auquel je ne comprenais rien. J’ai appris par la suite à être patiente et à ne plus m’énerver. Au Liban, on apprend à mener une vie plus agréable et moins rythmée. On apprend à vivre plus posément et à profiter de chaque instant. Souvent, les étrangers critiquent le pays. C’est vrai, il est facile de trouver des choses qui nous déplaisent au Liban. Mais c’est un pays que j’ai énormément appris à aimer et à découvrir. J’ai beaucoup apprécié les incomparables convivialité et hospitalité libanaises. Nous débarquons en tant qu’étrangers et finalement nous avons l’impression de faire partie de la famille.» Et Pauline Gouraud de remarquer: «Un pays à contrastes. C’est la première idée qui me vient à l’esprit quand j’évoque le Liban. Cela est perceptible au niveau du paysage, des quartiers, des personnes, des villes, des classes sociales, etc. Au Liban, tout est opposé. Il existe de grands fossés dans une région et une autre. Parfois, nous avons l’impression que nous ne sommes pas dans le même pays.» Sur les pas du général Les derniers événements qui se sont succédé dans le pays ont renforcé l’attachement de Pauline Gouraud au Liban. «Le problème c’est qu’étant française, je ne pouvais pas comprendre tout ce qui se passait, indique-t-elle. J’essayais de récolter des informations des différentes parties. Et au moment où je croyais avoir compris un tant soit peu la situation du pays, tout s’écroulait parce que les avis que j’avais eus étaient contradictoires. J’ai même participé aux manifestations qui se sont déroulées au centre-ville. Au début, j’étais poussée par la curiosité. Je voulais voir ce qui se passait. Mais je voulais aussi, en tant que Française, soutenir les Libanais. Malheureusement, je n’ai pas pu participer à la grande manifestation du 14 mars. J’étais en France à ce moment-là, pour des raisons familiales. Lorsque j’ai suivi à la télévision ce qui se passait à Beyrouth, j’avais l’impression de ne pas être au bon endroit et à la bonne heure. Et ma famille ne comprenait pas pourquoi je réagissais aussi fort. Elle ne comprenait pas que je voulais vraiment être présente ce jour-là. Un de mes amis m’a même envoyé un texto me disant: “Il y avait 999999 personnes, il ne manquait plus que toi”. Je me suis surprise, lors des derniers événements, à ressentir les choses d’une manière forte. Je me sentais concernée par tout ce qui se passait.» Être l’arrière-petite-nièce du général Gouraud flattait en quelque sorte Pauline. «J’étais déjà venue au Liban, il y a trois ans, pour un mois, note-t-elle. J’étais déjà flattée de voir une plaque commémorative du général aux Cèdres. Lorsque, finalement, il a été décidé que je vienne travailler au Liban, tout le monde était en admiration. En ce qui me concerne, je dirais que j’avais des prédispositions familiales qui m’attachent d’emblée et d’une façon toute particulière au pays. C’est une chance pour moi d’avoir vécu cette année au Liban. Lorsqu’on me demandait si j’étais une parente au général Gouraud, j’éprouvais un grand plaisir à répondre par l’affirmative. Évidemment, j’ai fait tout le pèlerinage. J’ai été au Musée de cire, à Deir el-Qamar, où est exposée une statue du général Gouraud. J’ai été voir les stèles de Nahr el-Kalb…» A-t-elle suivi les pas du général? «Non, répond-elle. Mais les endroits commémoratifs sont nombreux au Liban. Mon grand-père a écrit, en 1994, un ouvrage sur le général. Quand j’étais en France, j’ai toujours eu du mal à le lire, car il s’agissait de choses un peu abstraites pour moi. Le Liban, la Syrie… tout cela m’était incompréhensible. Quand je suis venue ici et que j’ai commencé à m’intégrer dans le pays, il m’a été plus facile de parcourir et de comprendre l’ouvrage. J’ai même réussi à situer les endroits qui l’illustraient.» 24 juillet 2005. La mission de Pauline Gouraud est terminée. «À la question préférée des Libanais, “Chou? Comment as-tu trouvé le pays?”», elle répond, sans hésiter: «J’ai beaucoup aimé. J’y reviendrai. Akid (sûrement)…» Nada MERHI

Le Liban ne figurait pas sur la liste de ses priorités, mais le destin en a voulu autrement. Pauline Gouraud, arrière-petite-nièce du général Henri Gouraud, haut-commissaire de la République française en Syrie, qui a, rappelons-le, proclamé en août 1920 le Grand-Liban, a effectué un séjour de onze mois au pays du Cèdre en tant que physiothérapeute volontaire, à l’hôpital de...