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La libération de Samir Geagea Voyage au bout de la nuit

Après onze ans et trois mois de détention, Samir Geagea vient d’être libéré. En l’entendant lire son discours, d’une voix calme et ferme à la fois, comment ne pas mesurer toute la force des hommes du Liban-Nord, rompus à toutes les épreuves, solides comme ces rocs que le fils de Bécharré, Gibran, peignait dans ses toiles ? Qu’on l’apprécie ou pas, et abstraction faite de la valeur des décisions judiciaires rendues contre lui, Samir Geagea mérite aujourd’hui le respect. Car parvenir à garder son équilibre et sa dignité au bout d’une si longue période de captivité est un défi que seuls les hommes de caractère sont capables de relever. En l’observant à la télévision, le teint hâve, le visage amaigri, mais la volonté intacte, l’on songe à Monsieur B., ce personnage énigmatique du Joueur d’échecs de Stefan Zweig, incarcéré par les nazis : « N’oubliez pas que j’ai été arraché à mon cadre habituel, que j’étais un captif innocent, tourmenté avec raffinement depuis des mois par la solitude (…), dit-il à son confident. Je vécus quatre mois dans ces conditions indescriptibles. Quatre mois, c’est vite écrit et c’est vite dit. Un quart de seconde suffit à articuler ces trois syllabes : quatre mois… Mais comment peindre, comment exprimer, fût-ce pour soi-même, une vie qui s’écoule hors de l’espace et du temps ? » Si les quatre mois vécus en prison par Monsieur B. furent insoutenables, que dire alors des onze ans et trois mois vécus par Samir Geagea dans une geôle innommable au ministère de la Défense ? Et comment pardonner à ceux qui, sous le régime de la Terreur, l’ont privé de tout, au mépris de la loi et des conventions internationales, en dépit des protestations formulées par son infatigable épouse et par ses avocats, et qui, non contents de lui réserver à peu près le même sort subi par les prisonniers de Khiyam, ont poussé le zèle jusqu’à persécuter – ou éliminer – ses partisans, menant contre son parti dissous une véritable chasse aux sorcières ? L’épreuve endurée par Samir Geagea doit nous servir de leçon. Elle illustre parfaitement les dérapages d’une justice sélective et les abus d’un régime policier inféodé à Damas dont l’acharnement aveugle contre un prisonnier politique et ses partisans était inqualifiable ; elle symbolise la victoire de la Liberté sur « les ténèbres organisées » ; elle nous prouve, enfin, toute la justesse de ce mot d’Ernest Hemingway dans Le Vieil homme et la mer : « L’homme ne doit jamais s’avouer vaincu. Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. » Alexandre NAJJAR
Après onze ans et trois mois de détention, Samir Geagea vient d’être libéré. En l’entendant lire son discours, d’une voix calme et ferme à la fois, comment ne pas mesurer toute la force des hommes du Liban-Nord, rompus à toutes les épreuves, solides comme ces rocs que le fils de Bécharré, Gibran, peignait dans ses toiles ? Qu’on l’apprécie ou pas, et abstraction faite de la...