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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Lutter contre l’insécurité Naïf celui qui croyait qu’au lendemain du retrait des forces syriennes, en avril dernier, le Liban allait connaître une période de faste et de prospérité après des décennies de souffrance et de marginalisation. Certes, le retrait physique de l’armée syrienne est en quelque sorte une réalisation historique et héroïque du peuple libanais, qui s’est massivement exprimé, comme un seul homme, en se soulevant contre les forces du mal et de la terreur qui l’ont gouverné et l’ont amputé, trente années durant, de son droit sacré à l’autodétermination, cela par le biais de la collaboration de certains Libanais soucieux de préserver leurs intérêts. Toutefois, l’exploit reste en ces temps difficiles très fragile et incomplet tant que la détérioration de l’état de la sécurité apparaît comme le moyen de détruire l’économie du pays. Il est impérativement demandé au nouveau gouvernement de contrer toutes les tentatives revanchardes et déstabilisatrices de la sécurité. Toute réforme économique serait vaine, dans un pays soumis au quotidien à la terreur, une terreur qui risque de faire boule de neige, entraînant le Liban dans le chaos, le désespoir et l’anarchie totale. Walid ABOU SAMAH Un peu de pudeur ! Mais si, il faut que le peuple libanais s’excuse d’avoir pillé les biens de la Syrie pendant trente ans, de l’avoir colonisée, d’avoir enlevé ses enfants, de l’avoir bombardée, d’avoir divisé le peuple syrien pour mieux profiter de ses richesses… Que ne faut-il pas entendre ! Ils bouclent les frontières pour nous mettre à genoux, ils parlent d’humiliation, mais combien de Libanais ont-ils maltraité ? Un peu de pudeur s’il en reste, un peu d’amour-propre. L’avenir doit et sera libanais, et non pas syrien. G. FAISSAL Ambassadeurs du Liban Moi aussi je suis fier d’être libanais, M. Serge Nehmé. Je réponds par la présente à votre courrier publié par L’Orient-Le Jour le mardi 19 juillet 2005. Je vis en France depuis 1990 ; chaque année je rends visite à mes parents et à ma terre. Ainsi, vous voulez que l’on arrête de s’adresser à vous de 15 000 kilomètres? Merci pour la liberté d’expression…Vous dites que nous sommes confortablement installés chez nous ou au bureau. Vous pensez que nous sommes en vacances vivant de nos rentes ? Que savez-vous de la douleur de quitter son pays, de la souffrance de vivre loin des siens? Connaissez-vous la rude expérience de tout recommencer à zéro, d’être perçu comme un étranger ? Pour ceux qui jouissent d’un confort, ils l’ont mérité à force de travail et de sacrifices. Nous sommes les ambassadeurs du Liban ; nous avons reconstruit l’image des Libanais à l’étranger, dans les années 80, nous étions perçus comme des terroristes. Aujourd’hui notre image est plus que positive. Faisons notre mea culpa ; le peuple libanais ne peut éternellement se poser en victime. Les hommes politiques de notre pays ne doivent pas être exemptés de ce mea culpa, car c’est leur irresponsabilité qui nous a exilés du Liban. Samer DAOU Compromis et compromission Ce n’est pas le compromis qui est à l’origine des maux dont souffre le pays, mais bien la compromission. Le diagnostic de M. Walid Joumblatt (voir L’Orient-Le Jour du vendredi 22 juillet) doit être revu. La démocratie a été étouffée dans l’œuf non pas lors des compromis post-électoraux qui ont produit le présent gouvernement, mais plutôt par une multitude de coups assénés à la démocratie. Ces diverses vicissitudes se sont manifestées lors du non-vote de la loi électorale la moins totalitaire (le caza ou la proportionnelle, peu importe) et lors des tractations pour la formation des listes électorales. Puis lors des campagnes électorales et des rallyes prosélytes où les programmes ressemblaient plus à des tables bibliques tombées du ciel. C’est là que je vois les plus dangereuses compromissions. Qui peut lancer la pierre ? Au nom de quelle pureté ? Au nom de quel souci du bien public ? Au nom de quel esprit du 14 mars 2005 ? Au nom de quelle vision républicaine et démocratique ? Pour appréhender les vraies compromissions, supposons une loi électorale différente, et une lecture des résultats des élections puis répartissons les sièges. Une fois l’exercice accompli, on acceptera mieux que nos élus fassent des compromis sur les sujets vitaux après avoir trouvé les points communs et compris toutes les divergences et les dangers qui nous menacent. Le mal se propage grâce à la perpétuation du dysfonctionnement systémique des partis politiques et autres rassemblements, des regroupements estudiantins, des syndicats ouvriers et autres formations revendicatives de la société civile qui, pour certains, loin d’être les viviers de la démocratie, demeurent des cadres pour la perpétuation du féodalisme atavique et avide, du clientélisme endémique et condamnable, ou bien deviennent otages d’idéologies surannées. Et l’on se demande encore pourquoi la révolution du cèdre a avorté ? À ce propos, il me semblait plus organique et réel de voir, lors de la première manifestation, les divers drapeaux, blasons et slogans partisans. La diversité me rassurait. Elle pouvait, dans l’esprit de cette manifestation, présager d’un sérieux dialogue autour du Liban et d’une libanité tant attendue, discutée ou rêvée. Mais lors des manifestations suivantes, le drapeau libanais a été kidnappé pour valider différents programmes politiques opaques dont on ne perçoit que la crête. Que le destin veuille et puisse nous épargner, épargner les jeunes et épargner le drapeau libanais ! Elizabeth REBEIZ La laïcité n’est pas un travers Je viens de lire dans votre édition du 26 juillet un article de M. Chartouni mentionnant le « laïcisme idéologique » au nombre des « travers » qui ont à ce jour caractérisé l’approche de la situation libanaise. Je trouve proprement scandaleux de présenter la notion de laïcité, rendue péjorative par l’emploi du terme « laïcisme », comme un « travers ». Selon M. Chartouni, il convient également d’arrêter de mettre l’accent sur les conflits communautaires. À le lire, il semblerait que notre beau pays soit un modèle de cohabitation pacifique, au point que seuls des esprits malintentionnés y verraient à redire, désireux sans doute de semer la discorde pour leur propre compte. S’ensuit un éloge lyrique du confessionnalisme politique, ce couronnement du vivre-ensemble, du pluralisme et de la tolérance. Assurément, ceux qui s’en plaignent ne peuvent être que des esprits chagrins, des oiseaux de mauvais augure. Haro sur Cassandre ! Disons plutôt au bon peuple ce qu’il a envie d’entendre. M. Chartouni, sans crainte de se contredire, lance ainsi un appel vibrant en faveur de « l’émergence d’un patriotisme libanais », en même temps qu’une proposition de « loi électorale paritaire sur le plan confessionnel » qui, concède-t-il, pourra être « flexible »... Foin des demi-mesures ! Tant que le seul critère d’éligibilité d’un politique ou des employés d’une administration ne sera pas l’excellence, on en restera au système des coteries, du clientélisme. On ne transformera pas un agrégat de tribus en État avec des formules sibyllines telles que : « Une adhésion de principe à la souveraineté territoriale chez les musulmans et une approche prudente et complexe des réalités régionales chez les chrétiens devraient endiguer la dynamique des emboîtements conflictuels si particulière à cette région du monde. » Ne serait-il pas plus courageux d’accepter l’autocritique, fût-elle sévère, et d’entreprendre ensuite de vraies réformes plutôt que de continuer à émettre de molles et consensuelles pétitions de principe ? Dans cette perspective, la laïcité offre la possibilité d’annuler les particularismes, de rassembler sous une loi commune et non plus communautaire. Il me semble que ce n’est qu’à ce prix que les individus qui composent aujourd’hui le Liban, après s’être dépouillé de leur étroite enveloppe de maronite, de sunnite, de chiite, de druze, pourront enfin revêtir l’habit de citoyen et remplacer la féodalité par la démocratie. Isabelle SAFA Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Lutter contre l’insécurité

Naïf celui qui croyait qu’au lendemain du retrait des forces syriennes, en avril dernier, le Liban allait connaître une période de faste et de prospérité après des décennies de souffrance et de marginalisation.
Certes, le retrait physique de l’armée syrienne est en quelque sorte une réalisation historique et héroïque du peuple libanais, qui...