Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - La voiture du fils Iouchtchenko, un test pour la liberté des médias en Ukraine

Il y a six mois encore, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, héros de la révolution orange, était salué par les médias de son pays comme le chantre de la démocratie. Le voilà maintenant accusé de censure et confronté à des critiques sans précédent. Au cœur de cette idylle rompue, la voiture d’Andriy, fils du président, un modèle luxueux de BMW vendu plus de 100 000 euros, qui a attiré l’attention du journal en ligne Ukrainska Pravda, connu pour avoir révélé plusieurs scandales. Ukrainska Pravda s’interrogeait cette semaine sur les revenus permettant à l’étudiant de 19 ans de mener un tel train de vie : une superbe voiture, mais aussi un téléphone portable estimé à 4 000 euros et plusieurs soirées dans les restaurants les plus chics de Kiev. L’article a déclenché la fureur du président Iouchtchenko. « Agissez comme un journaliste bien élevé et non comme un tueur à gages », a-t-il lancé à un journaliste d’Ukrainska Pravda qui l’interrogeait sur ce sujet, accusant l’auteur de l’enquête d’avoir été acheté. Le président ukrainien a ensuite défendu la moralité et la bonne éducation de son fils et a assuré que celui-ci louait en fait la voiture grâce à un boulot à mi-temps. Les commentaires de M. Iouchtchenko contre une publication qui l’avait fortement soutenu lors de « la révolution orange » de fin 2004 ont provoqué une onde de choc chez les journalistes ukrainiens, qui plébiscitaient jusqu’ici largement ce président réformateur et pro-occidental. Plus de 300 d’entre eux ont signé une lettre exigeant du président des excuses publiques pour ses commentaires. « Vous aviez promis (...) de faire respecter la liberté de parole », écrivent-ils. « Aujourd’hui, vous méprisez la liberté de la presse, qui suppose un accès libre à l’information, notamment concernant les personnes publiques. Vous devez réaliser que vous et votre famille faites l’objet de l’attention de tous. La société a pleinement le droit de connaître vos revenus, vos dépenses et le train de vie de votre famille », ajoute la lettre. Face à cette levée de boucliers, M. Iouchtchenko a tenté de désamorcer les tensions. « Il est juste que la famille du président vive sous les projecteurs des médias. Mais ce n’est pas une raison pour nier le droit à une vie privée », a réagi le président dans une lettre à Ukrainska Pravda. Les analystes voient ce conflit comme un test de la capacité de l’équipe Iouchtchenko à appliquer ses thèmes de campagne sur la lutte anticorruption, la transparence du pouvoir et la liberté des médias. « Il ne s’agit pas d’ingérence dans la vie privée du président ou de son fils. C’est une question de principe sur la transparence des relations entre les gouvernants et les oligarques », ces riches hommes d’affaires non avares en cadeaux au régime précédent, analyse ainsi Evguen Bystritskiy, directeur de l’organisation Fondation Renaissance.

Il y a six mois encore, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, héros de la révolution orange, était salué par les médias de son pays comme le chantre de la démocratie. Le voilà maintenant accusé de censure et confronté à des critiques sans précédent. Au cœur de cette idylle rompue, la voiture d’Andriy, fils du président, un modèle luxueux de BMW vendu plus de 100 000...