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Conférence de l’ancien secrétaire général des Nations unies à la LAU à Beyrouth Réforme de l’ONU : Boutros-Ghali, porte-parole des pays du Sud (photo)

« Nous représentons plus de 80 % de l’humanité… notre voix compte ! » Lors d’une intervention sur « La réforme des Nations unies », à la Lebanese Americain University of Beirut (LAU), l’ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, de nationalité égyptienne, s’est clairement posé en porte-parole des pays du Sud. Des pays majoritaires au sein de l’ONU, mais quasi ignorés au niveau de la prise de décision. La nécessité de réformer l’ONU est un sujet particulièrement d’actualité. Depuis des années déjà, des voix s’élèvent, sans succès, pour demander une refonte de l’organisation. Celle-ci, fondée sur les rapports de force établis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ne reflète plus l’équilibre international d’aujourd’hui. Bien plus, l’organisation n’est plus en mesure de faire face aux défis du XXIe siècle. Confronté à cette situation, Kofi Annan, actuel secrétaire général actuel de l’ONU, a décidé de mettre les membres de la communauté internationale devant leurs responsabilités, en leur enjoignant d’adopter, d’ici à septembre, un projet de réforme qu’il a lui-même proposé. Lors de son intervention hier, Boutros Boutros-Ghali a reconnu que l’institution onusienne est en crise. Critiquée pour son inefficacité et son inadaptation. D’où la nécessité absolue de réformes profondes. L’émergence d’une superpuissance et la nouvelle politique de globalisation ont modifié le paysage mondial, a-t-il expliqué, de sorte que « certains pays sont aujourd’hui plus égaux que d’autres ». Cela a eu pour effet de déplacer le centre de décision de l’Assemblée générale de l’ONU, qui regroupe les représentants de tous les pays, au Conseil de sécurité, dominé par cinq pays privilégiés et riches. La controverse qui apparaît aujourd’hui au sujet de la réforme de l’ONU entre le Nord, riche et développé, et le Sud, pauvre ou en développement, a pour principale cause ce déséquilibre et la perte de souveraineté qu’il entraîne. « Pour les pays du Sud, auxquels j’appartiens, la réforme de l’ONU est la dernière chance de préserver le multilatéralisme » sur lequel était fondé le principe même des Nations unies, affirme Boutros-Ghali. Pour les Pays du Nord, l’ONU est au contraire de plus en plus perçue comme une extension de leurs politiques étrangères. Or, tout changement requiert l’acceptation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, qui ne sont pas prêts à adopter des réformes qui diminueraient leur pouvoir de décision. La réforme doit apporter à l’institution la représentativité, la légitimité et l’efficacité qui lui font défaut, à travers notamment l’élargissement du Conseil de sécurité, la réattribution du droit de veto et la redéfinition de la mission des forces de maintien de la paix, estime M. Boutros-Ghali. Les défis nouveaux posés après le 11 septembre 2001 rendent également urgente l’adoption d’une définition précise du terrorisme international, qui permettra d’adopter des mesures antiterroristes sur des bases communes à tous les pays. Mais « ce n’est pas uniquement en ajoutant des sièges ou en renforçant le rôle de l’Assemblée générale que le changement va survenir », avertit l’ancien secrétaire général. Il est aussi essentiel d’associer la « société civile » aux efforts de démocratisation et de développement si chers aux pays du Sud. « La participation des organisations civiles est très importante, leur pouvoir est souvent plus puissant que celui des États », déclare Boutros-Ghali. Le retour au multilatéralisme dans les relations entre les États est également un élément-clé nécessaire à toute réforme. Un point sur lequel M. Boutros-Ghali se veut « optimiste », car, tôt ou tard, les États-Unis vont avoir besoin de la coopération des autres membres. La montée en puissance du Brésil ou de l’Inde pourrait bien être le signe annonciateur d’une redistribution des cartes à l’échelle planétaire. Mariam SEMAAN
« Nous représentons plus de 80 % de l’humanité… notre voix compte ! » Lors d’une intervention sur « La réforme des Nations unies », à la Lebanese Americain University of Beirut (LAU), l’ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, de nationalité égyptienne, s’est clairement posé en porte-parole des pays du Sud. Des pays majoritaires au sein de...