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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL INTERNATIONAL DU THÉÂTRE UNIVERSITAIRE - À l’Irwin Hall (LAU) « Sous X », ou femmes en crise de nerfs (photos)

Décidément, le théâtre en provenance de Tunisie se porte bien. Une fois de plus donc, sur les planches de l’Irwin Hall et toujours dans le cadre du huitième Festival universitaire du théâtre, voilà une œuvre pleine de cris et de fureur, sans nom d’auteur et de metteur en scène ! Œuvre exploratoire, expérimentale, estudiantine ? Tout cela à la fois, avec une performance de comédiennes qui frise souvent le cabotinage le plus insolent, dans le genre voyez ce que je peux faire sous les feux de la rampe. Mais d’abord pour le titre. Gathyan ou Sous X – ne pensez surtout pas pornographie avec un titre aussi ambigu car la traduction en français, La nausée, donne une autre vision et une autre dimension à l’énoncé – sous « la supervision académique » de Fathi al-Akkari (telle est la précision sur le livret de présentation). Alors ces comédiennes, certes inspirées mais déchaînées sur scène, sont guidées par quel flair, quel Pygmalion, quelle mise en scène ? Tout est justement peut-être dans cette liberté d’agir sans contrainte… Une scène totalement nue, avec deux échafaudages de part et d’autre de l’aire de la lumière, et deux femmes en salopettes rouges. Elles pérorent, jacassent, rêvent, se battent, s’aiment, se souviennent, se déchirent, se racontent, ont des fous rires complices, des humeurs et des états d’âme, des pudeurs et des impudeurs, des confidences et des verdeurs de langage. Mais elles nous donnent surtout l’impression d’être en crise de nerfs… Excellente stimulation pour une « exhibition » scénique où le masque est pris, jeté et repris, sans vergogne. Paroles véhémentes, relation passionnelle, personnalités interchangeables, gymnastique saphique, monde clos, délire. Les deux compères s’appellent « Narjess » et « Nawrass ». Elles sont deux vieilles folles (entendre par là deux douces dingues) isolées du monde depuis plus de vingt-cinq ans. L’une chante, l’autre pas… Et puis il y a ce crime au nom de l’amour… Souvenirs atroces et lumineux se mêlent, rêves déçus et espoirs évanouis se chevauchent, quête d’amour et besoin de communication se confondent. Ajoutez à ces ingrédients déjà si explosifs des bribes d’identités égarées et voilà qu’émerge un flot délirant de vocables. Il envahit la scène comme une tornade de folie. Folie il y a dans cette pièce ultrabavarde, chargée de digressions prenant comme prétexte, sans nul doute, une outrancière performance de comédiennes qui coupent sans crier gare le fil ténu entre la caricature et les subtilités mélodramatiques. Agitation vaine pour tout dire dans un tourbillon de paroles tout au long de 75 minutes de spectacle ininterrompu où la farce devient drame et le drame devient volutes d’ironie. Les actrices (Qissala al-Nafti et Loubna Nohman) se démènent comme deux diablesses et ont des audaces corporelles d’une violence remarquable. Elles passent de l’âge des femmes qui radotent à celui des flash-back de la jeunesse avec une aisance étonnante. Pas toujours convaincantes, mais souvent amusantes dans leur emphase même. On n’écoute parfois presque plus la logique du texte qu’elles vivent, mais leur débordante énergie qui charrie celle même de la vie. De beaux moments de théâtre dans ce fatras peuplé de cris et de vociférations. La haine n’est que le revers de l’amour et cette œuvre, tel un miroir brisé, reflète à l’infini le décor et la vie de ces deux personnages qui vont au-delà du grotesque et du pathétique. Edgar DAVIDIAN

Décidément, le théâtre en provenance de Tunisie se porte bien. Une fois de plus donc, sur les planches de l’Irwin Hall et toujours dans le cadre du huitième Festival universitaire du théâtre, voilà une œuvre pleine de cris et de fureur, sans nom d’auteur et de metteur en scène ! Œuvre exploratoire, expérimentale, estudiantine ? Tout cela à la fois, avec une performance de...