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La visite de Siniora à Damas devrait permettre de tirer au clair les intentions syriennes

Avec le blocus frontalier, les relations libano-syriennes se posent maintenant comme un dossier international autant que local et régional. Largement commenté par les grandes capitales. C’est donc une visite importante que le président Fouad Siniora va effectuer à Damas. À la lumière des résultats, on devrait être fixé sur les intentions de la Syrie. Et, peut-être, sur les vraies raisons (politiques ou sécuritaires, comme le prétendent certains) d’une crise qui fait pression sur le Liban. Après la démarche de Siniora, on devrait donc mieux comprendre ce que la Syrie, après le retrait de ses troupes, attend du Liban. Qui, pour sa part, a clairement dit ce qu’il veut. À savoir, tout simplement, des relations normales de bon voisinage, ou même fraternelles, entre partenaires égaux dans un cadre mutuel de souveraineté et d’indépendance, avec des accords bilatéraux équilibrés, profitant aux deux pays. Pour le moment, l’attitude négative de la Syrie montre qu’elle a du mal à s’adapter à la situation nouvelle. En fait, comme le relève un pôle politique local, elle peut difficilement envisager de jeter vraiment l’éponge, tant qu’elle bénéficie d’appuis locaux solides. Ainsi, selon cette personnalité, c’est Damas qui a réussi à substituer à la loi électorale 1960 (le caza) la loi électorale 2000 qui était de sa propre fabrication. En exploitant habilement le fait que les Américains et les Français, entre autres, tenaient avant tout à ce que le scrutin ait lieu dans les délais légaux. De la sorte, la Syrie, par alliés interposés, a posé sur la table ce marché : la 2000 dans les délais, ou autre chose bien plus tard. En brandissant, toujours par le truchement de ses alliés, la proportionnelle. Formule synonyme, à cause de sa complexité, d’un débat intérieur de plusieurs longs mois au bout desquels, du moins aux yeux des Occidentaux, l’avantage du mouvement démocratique populaire suscité par l’assassinat du président Hariri se serait estompé. D’où leur acceptation du marché syrien. Mais, poursuit la même source, le tour de magie a montré ses limites. Car, malgré la 2000, la Syrie n’a pas pu empêcher l’ancienne opposition de décrocher la majorité parlementaire. Elle s’est alors focalisée sur le gouvernement en gestation. Provoquant, pour influer sur sa formation, l’affaire de la pêche interdite et, surtout, du blocus des camions, sous prétexte que des armes et des explosifs peuvent être dissimulés dans les poids lourds en transit sur son territoire. Parallèlement, on a essayé de torpiller Siniora pour qu’il se récuse, en faisant exiger les Affaires étrangères par le tandem Amal-Hezbollah, tandis que le Courant patriotique libre réclamait quatre ou cinq portefeuilles et que le président Lahoud demandait que toutes les forces soient représentées d’une manière équilibrée dans un cabinet d’union nationale. Mais Siniora, soutenu par la majorité parlementaire, n’a pas baissé les bras. Les pressions ont alors changé de direction. La Syrie, toujours selon la même personnalité politique, s’est efforcée d’exercer un veto contre des ministrables qui ne lui sont notoirement pas favorables. La Syrie a obtenu partiellement gain de cause. Elle n’en a pas moins maintenu le blocus, malgré les sévères remontrances américaines, françaises, européennes ou même arabes. Le but immédiat était, sans doute, de peser sur la déclaration ministérielle. Pour qu’elle ne soit pas trop axée sur le 14 mars, qui a précipité le retrait syrien et la récupération de la souveraineté libanaise. Une optique que Damas conteste. Dans ce sens qu’il soutient avoir tout à fait volontairement retiré ses troupes en application de Taëf et de la 1559. Ajoutant que la référence au 14 mars présente le Liban comme ayant subi une occupation syrienne, ce qui n’est pas du tout vrai, toujours à en croire Damas. La Syrie a par ailleurs contribué à l’élision de la question du désarmement du Hezbollah et des camps palestiniens, dans la déclaration ministérielle libanaise en affirmant que l’application de cette double clause de la 1559 mettrait en danger la sécurité de la Syrie. Ce qui a encouragé les cadres palestiniens des camps à refuser ouvertement le désarmement, au nom de la cause palestinienne et du rejet de l’implantation. Il faut maintenant voir si la timidité de la déclaration ministérielle libanaise par rapport à la 1559, qu’on a évité de mentionner, va suffire pour satisfaire la Syrie. Et pour dénouer la crise frontalière qui nuit, comme le relèvent les milieux économiques libanais, aux deux pays. Émile KHOURY
Avec le blocus frontalier, les relations libano-syriennes se posent maintenant comme un dossier international autant que local et régional. Largement commenté par les grandes capitales. C’est donc une visite importante que le président Fouad Siniora va effectuer à Damas. À la lumière des résultats, on devrait être fixé sur les intentions de la Syrie. Et, peut-être, sur les vraies...