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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef des FL souligne la nécessité de « ne plus percevoir les autres à travers les préjugés » acquis durant les événements Geagea : La guerre avait sa propre logique qui n’est plus de mise aujourd’hui (photo)

C’est dans le salon d’honneur de l’AIB que M. Samir Geagea a donné lecture d’un discours retransmis en direct par la plupart des radios et des télévisions locales. Pour sa première apparition en public depuis un peu plus de onze ans, M. Geagea a tenu à transcender l’actualité ponctuelle pour n’aborder que dans les grandes lignes la conjoncture locale. Dénonçant, d’entrée de jeu, ceux qui ont tenté d’éliminer l’une des deux composantes du pays, le chef des FL a mis l’accent sur « le déséquilibre » qui continue de marquer la situation locale, soulignant que les FL œuvreront avec leurs alliés afin de rectifier le tir sur ce plan. M. Geagea a clôturé son discours par un message d’espoir, lançant un appel à toutes les parties pour « œuvrer ensemble afin d’édifier un avenir meilleur aux générations montantes », déclarant sur ce plan : « Afin de pouvoir collaborer tous ensemble, nous ne devons pas percevoir les autres en nous basant sur les préjugés que nous avons eus d’eux durant les années de guerre. La guerre avait sa propre logique qui n’est plus valable aujourd’hui. » Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits du discours de M. Geagea : « Vous êtes sortis de la grande prison dans laquelle on vous avait enfermés, et dans la foulée, vous m’avez sorti de la petite prison dans laquelle on m’avait incarcéré. Ces longues, très longues, et sombres années ont failli emporter la patrie. Les épreuves ont commencé avec l’assassinat du président martyr René Moawad et la tentative de torpillage de l’accord de Taëf, jusqu’à l’assassinat du président martyr Rafic Hariri ; et la série continue. » « Dès le début, ils ont compris que le Liban ne saurait renaître de ses cendres sans l’apport de ses deux composantes. Ils n’ont, de ce fait, épargné aucun effort pour saper, voire si possible déraciner, l’une de ces deux composantes. Ils s’en sont pris ainsi aux patriotes, en les forçant à l’exil, en les incarcérant, en les soumettant à l’oppression, la répression, la torture (…). Ils n’ont même pas épargné ceux qui, en dépit de tout, se sont consacrés à la reconstruction et à l’essor du pays. Ils ont eu recours contre eux à l’arme du chantage et ont multiplié les obstacles et les embûches pour entraver leur action. Ils les ont entraînés dans leurs chemins tortueux et dans les méandres de la corruption sans bornes. Il en a résulté que le prix de la reconstruction a été décuplé et les Libanais ont été amenés à supporter une dette dont le volume a atteint une ampleur inégalée dans l’histoire contemporaine du Liban » (…). « Les événements ont prouvé que le droit finit toujours par triompher sur l’injustice. Il a été aussi prouvé que si un peuple affiche sa volonté de vivre, le destin ne peut que lui sourire. Et le destin nous a souri. Mais le destin offre des opportunités et ne saurait faire le travail à notre place. Nous devons donc afficher notre détermination à saisir les opportunités au vol, sans tarder. » « Je ne vous cache pas que le pays pâtit d’une situation de déséquilibre sous l’effet de quinze années d’oppression. Mais nous n’épargnerons aucun effort afin d’aboutir à un surcroît d’entente avec nos alliés en vue de rectifier le tir. » Message d’espoir Et M. Geagea d’ajouter : « J’ai passé un peu plus de onze ans dans une cellule très étroite, sous terre, totalement coupé du monde extérieur, dans l’isolement le plus total à l’intérieur de la prison. Même durant la promenade quotidienne j’étais seul. Mais en réalité, je n’ai jamais été seul car vous étiez, tous, constamment avec moi. » « Les conditions de ma détention étaient dures, très dures. Cela ne m’a pas empêché de ressentir constamment un surprenant sentiment de quiétude intérieure qui s’explique par le fait que j’étais moi-même, de façon authentique et non artificielle. Je vivais mes propres convictions, même dans une superficie de six mètres carrés, plutôt que de vivre les convictions d’autrui à l’air libre » (…). « Le véritable prisonnier, c’est celui qui a construit, pierre par pierre, son propre Alcatraz, celui qui a renoncé à ses convictions pour ingérer celles des autres, pour les faire siennes ; le véritable prisonnier, c’est celui qui règle ses pas sur ceux des autres, par convoitise, par envie, pour un poste, un profit ; ou pour éviter une oppression ou un embastillement. » « La seule chose que je regrette est cette peur, cette souffrance que j’ai fait subir à mon épouse, à mes parents, à mes proches, à mes amis, en préférant être prisonnier, innocent et libre, sous terre, plutôt que d’être libre, mais loin de mon entourage (…). Je voudrais à cette occasion rendre hommage aux camarades des Forces libanaises où qu’ils soient. Je suis fier de leur foi, de leur résistance, de leur attitude ferme, de leurs sacrifices » (…). Après avoir déploré que l’oppression dont ont été la cible les partisans FL ait été « l’œuvre de Libanais, sous l’impulsion de non-Libanais », M. Geagea a ajouté : « Je tiens à rendre un grand hommage aux Libanais, musulmans et chrétiens, pour leur résistance silencieuse durant toutes ces années, face aux tentatives de vider le Liban de son contenu historique, national, intellectuel, économique et même démographique. » Et de poursuivre : « J’adresse mes remerciements à tous ceux qui ont contribué, de manière directe ou indirecte, à me rendre la liberté. Je ne peux les citer tous, mais qu’il me soit permis de nommer plus particulièrement : le patriarche Nasrallah Sfeir et les évêques maronites qui ont porté inlassablement, dès le début, l’étendard de cette cause ; nos alliés au Parti socialiste progressiste, et à sa tête M. Walid Joumblatt, et le Courant du futur, avec à sa tête cheikh Saad Rafic Hariri, pour les efforts qu’ils ont déployés au cours des derniers mois ; les membres de Kornet Chehwane pour leur lutte et pour leur engagement, plus précisément, envers cette cause ; le Courant patriotique libre, avec à sa tête le général Michel Aoun, pour le combat mené par ses jeunes en vue de changer la situation qui prévalait dans le pays ; le Parlement, sa présidence et ses membres, pour avoir avalisé le projet d’amnistie qui a pavé la voie à l’entente nationale fondée sur une véritable réconciliation nationale. Je voudrais aussi rendre hommage aux centaines de milliers de Libanais qui ont fait du 14 mars une marche initiée par un peuple pour accéder à la liberté, la dignité et la justice. » Après avoir rendu un émouvant hommage à sa mère, son père et son épouse pour avoir supporté toutes les épreuves endurées durant ces dernières années, M. Geagea a déclaré en conclusion : « Si nous désirons édifier un avenir meilleur pour les générations montantes, il nous faut collaborer tous ensemble dans un esprit totalement différent de celui qui a marqué les années de guerre. Afin de pouvoir collaborer tous ensemble, nous ne devons pas percevoir les autres en nous basant sur les préjugés que nous avons eus d’eux durant les années de guerre. La guerre avait sa propre logique qui n’est plus valable et qui n’est plus de mise aujourd’hui. Regardons vers l’avenir, joignons nos efforts, pour redonner espoir à nos jeunes. »

C’est dans le salon d’honneur de l’AIB que M. Samir Geagea a donné lecture d’un discours retransmis en direct par la plupart des radios et des télévisions locales.
Pour sa première apparition en public depuis un peu plus de onze ans, M. Geagea a tenu à transcender l’actualité ponctuelle pour n’aborder que dans les grandes lignes la conjoncture locale. Dénonçant, d’entrée...