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Edition Le mystère des noms arabes en partie dévoilé grâce au syriaque (Photo)

Lors de sa parution, en mai 2004, nous avions présenté le «Dictionnaire étymologique. Les sources étonnantes des noms du monde arabe» de Jana Tamer. L’auteur avait été également l’invitée du Salon du livre de Beyrouth, en novembre dernier, où elle est venue présenter son ouvrage. Aujourd’hui, alors où Tamer s’attelle à une mise à jour de son dictionnaire pour une nouvelle édition, l’AFP lui consacre, à partir de Paris, une interview intéressante que nous publions ci dessous. Beaucoup de prénoms et noms arabes sont mystérieux: ils n’ont aucun sens ou une connotation péjorative pour les intéressés eux-mêmes. Une journaliste libanaise, Jana Tamer, qui vient de publier un Dictionnaire étymologique, a appris le syriaque, l’araméen et le persan pour lever une partie du mystère. Pourquoi le nom du palmier, nakhlé/nakhla, est-il toujours au Moyen-Orient un nom chrétien et jamais musulman? Pourquoi tant de noms arabes ont un sens péjoratif? Pourquoi tant de noms sonnent arabe, mais n’ont aucun sens en arabe? C’est à ces questions que Jana Tamer, qui vit à Paris, a voulu répondre en entreprenant des recherches étymologiques sur les noms arabes qui ont abouti à la publication d’un Dictionnaire étymologique intitulé Les sources étonnantes des noms du monde arabe. «Une partie du mystère a été levée grâce au syriaque», langue liturgique des chrétiens d’Orient, mais aussi grâce au grec et au persan, a expliqué Jana Tamer dont le travail révèle une diversité insoupçonnée des origines des noms arabes. «Le syriaque, une des formes de l’araméen encore parlé aujourd’hui dans certaines régions de Turquie, Irak, Iran et Syrie, a été la langue sémitique la plus répandue avant l’ère chrétienne», explique-t-elle. Elle a découvert que ce qui n’avait pas de sens en arabe, en avait en syriaque ou en grec, ou en persan ou en turc. «Mais dans le monde arabe, il y a eu un déni de l’héritage de la langue syriaque qui est la langue dans laquelle la religion chrétienne s’est répandue entre le Ie et le XIVe siècle parmi les peuples du Levant et de la Mésopotamie», indique-t-elle. Beaucoup de gens au Moyen-Orient ignorent que leur langue est en partie syriaque et qu’elle a fourni à la langue arabe tout son lexique scientifique et philosophique. Beaucoup de noms arabes dont on disait qu’ils n’ont pas de sens ou un sens péjoratif, en syriaque deviennent charmants.» Par exemple Farouk, un nom très répandu, a en arabe le sens assez trivial de celui qui trie, alors qu’en syriaque c’est le sauveur. Il a été utilisé la première fois pour surnommer un calife. Ou Labid, nom du poète arabe de l’époque du prophète, désigne le sac à fourrage en arabe alors qu’en persan, cela veut dire... poète. Le mot nakhlé (palmier), perçu à l’oreille comme un mot arabe par excellence, est, selon Jana Tamer, une transcription phonétique du nom grec Nicolas et donc elle ne s’étonne plus qu’il soit réservé aux chrétiens d’Orient. Le nom de la ville afghane de Kandahar serait aussi une transcription du nom grec d’Alexandre. La journaliste indique que les musulmans sunnites ont beaucoup de noms d’origine turque ou kurde et les chiites des noms d’origine persane, autant de signes des mouvements de population dans la région. Dans son dictionnaire, où plus de deux mille noms sont répertoriés, chacun est donné avec sa version latine, sa prononciation, son histoire et sa signification, ce qui revient à dresser le portrait d’une civilisation arabe beaucoup plus complexe et mélangée que l’image convenue d’un monde à la langue unique et à la religion unique. «Les noms sont une parcelle d’histoire qui sont parfois plus fidèles que nous à l’histoire», conclut celle qui affirme être ni historienne ni linguiste, mais analyste du monde oriental. (Dictionnaire étymologique. Les sources étonnantes des noms du monde arabe. Maisonneuve et Larose, 407 pages, 35 euros).
Lors de sa parution, en mai 2004, nous avions présenté le «Dictionnaire étymologique. Les sources étonnantes des noms du monde arabe» de Jana Tamer. L’auteur avait été également l’invitée du Salon du livre de Beyrouth, en novembre dernier, où elle est venue présenter son ouvrage. Aujourd’hui, alors où Tamer s’attelle à une mise à jour de son dictionnaire pour une nouvelle...