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Après une nuit de liesse, le caza de Bécharré vit au ralenti Pour les parents de Samir Geagea, comme pour les militants FL, « aucune injustice ne dure éternellement »

Tout le long de la journée d’hier, le caza de Bécharré a vécu au ralenti. Jusqu’en début d’après-midi, les routes des villages de la région étaient presque désertes traversées par intermittence par quelques voitures diffusant sans trop de tapage des chants partisans. Quelques magasins étaient fermés, d’autres venaient d’ouvrir leurs portes, les commerçants commençant par nettoyer les vitrines tachées de champagne… C’est que jusqu’aux lueurs de l’aube, les habitants du caza ont fait la fête, de Hasroun à Békaakafra jusqu’à Hadchit, en passant certes par la localité de Bécharré. Dès le vote de la loi amnistiant le chef des FL, Samir Geagea, la liesse a gagné tout le caza et les habitants ont dansé dans les rues, offert des douceurs arabes, égorgé des moutons et… tiré en l’air. « De 13h30 jusqu’à 3 du matin », racontent-ils. Hier on entendait partout le même son de cloche : « Nous étions fous de joie, nous ne savons pas ce que nous allons faire quand Samir Geagea sortira effectivement de prison et rentrera pour la première fois à Bécharré », disent les militants. Dans toutes les localités, les partisans FL, hommes et femmes, tiennent le même discours : ils se sentaient tous en prison et lundi, l’heure de la liberté avait sonné. « Samir Geagea était tous les jours dans nos prières », indique Tony, de Bécharré. Charbel, de Hadchit, explique : « À chaque fois que nous nous rassemblions même pour un café, nous pensions à lui, à sa cellule au sous-sol du ministère de la Défense. » Nohad, de Békaakafra, explique que « depuis onze ans, à chaque hiver, quand il neigeait au village et que l’on était bloqué chez nous, on imaginait Samir Geagea dans sa cellule et l’on se demandait comment il pouvait tenir le coup ». Durant ces onze ans, un grand nombre de militants avaient parfois perdu espoir de voir Geagea libre un jour « surtout au début de la période de sa détention, mais, grâce à sa ténacité, nous avons su qu’aucune injustice ne dure éternellement », relève Fady, de Hasroun. Les habitants du caza parlent des injustices subies, des arrestations arbitraires dont ils étaient la cible. Mais à aucun moment ils n’avaient pour autant pensé que c’était la fin de leur mouvement. Même marginalisés, ils n’ont jamais senti que les Forces libanaises ont été affaiblies. « Une cause juste ne meurt jamais », relève Michel, de Bécharré, pendant que d’autres acquiescent. Bécharré, chef-lieu du caza. C’est une ruelle piétonne, impraticable en voiture et propre aux villages libanais, menant à la modeste maison de la famille de Samir Geagea. Hier à 15 heures, le père et la mère du chef des FL, Farid et Marie, étaient devant leur télévision suivant les informations relatives à leur fils. Ils étaient entourés de fidèles, comme Vicky, une Beyrouthine qui a loué une maison dans la localité pour rester auprès d’eux, et Firas, originaire de Aïnata, accusé d’avoir planifié un attentat contre l’ancien chef des SR au Liban, Ghazi Kanaan, et emprisonné durant six ans, dont une partie au ministère de la Défense. Firas raconte : « Au ministère, c’est Rustom Ghazalé qui m’avait une fois interrogé. » Le père de Samir Geagea parle d’emblée d’injustice et de pardon : « Nous commettons tous des pêchés et il faut pardonner pour que Dieu nous pardonne », dit-il. Armé de sa foi, il indique : « J’ai toujours prié pour les geôliers, car leur sort est plus triste que celui de leurs prisonniers. » Farid Geagea, octogénaire, n’a oublié aucun détail des visites qu’il a rendues, les mardis et les jeudis, dès 1994 à son fils emprisonné. Il évoque les humiliations, les entretiens qui duraient moins de dix minutes ou encore les bonnes surprises, quand la famille pouvait voir le prisonnier durant plus d’une heure dans un salon. Mme Geagea indique pour sa part : « Durant onze ans et trois mois, je n’ai pas eu un jour de repos. Pour me donner courage, je me disais que Dieu est grand, que les injustices ne durent pas éternellement. Je n’ai jamais perdu espoir de voir Samir libre. Mais ces derniers mois m’ont beaucoup fatiguée, car nous vivions dans l’attente. » Marie Geagea dit qu’elle a pardonné les injustices, mais qu’elle ne peut pas les oublier. C’est aussi l’avis de la plupart des militants FL de Bécharré. Patricia KHODER
Tout le long de la journée d’hier, le caza de Bécharré a vécu au ralenti. Jusqu’en début d’après-midi, les routes des villages de la région étaient presque désertes traversées par intermittence par quelques voitures diffusant sans trop de tapage des chants partisans. Quelques magasins étaient fermés, d’autres venaient d’ouvrir leurs portes, les commerçants commençant par...